Ukraine : les critiques pleuvent en Russie après la frappe meurtrière de Makiïvka
Au 316e jour de l’invasion russe en Ukraine, l’état-major ukrainien a confirmé avoir mené la frappe de Makiïvka. Le département des communications stratégiques de l’armée ukrainienne a revendiqué un bilan bien plus lourd dans les rangs russes, chiffré à 400 morts et 300 blessés. Cette affirmation n’a cependant pas été confirmée par l’état-major.
« Une cible légitime » selon les États-Unis
Les États-Unis ne se sont pas non plus prononcés sur ces chiffres. Mais John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, a déclaré qu’il n’y a « aucune lamentation de la part de l’administration (américaine). C’est la guerre. (Les Ukrainiens) ont été envahis et ils ripostent et se défendent », a-t-il dit mercredi lors d’un entretien avec la presse.
Une attaque géolocalisée
Selon lui, la « cause principale » de la frappe est « l’utilisation massive par le personnel de téléphones portables » malgré l’interdiction de le faire, ce qui a permis aux forces ukrainiennes de géolocaliser cette concentration de soldats russes. Sergueï Sevrioukov a assuré que « les mesures nécessaires sont prises pour éviter de tels évènements tragiques à l’avenir » et que « les responsables seront tenus de rendre des comptes ».
Il s’agit du plus lourd bilan en une seule attaque admis par Moscou depuis le début de l’offensive en février, qui intervient après une série d’embarrassants revers militaires sur le terrain. Selon les médias russes, les victimes étaient des mobilisés, donc des soldats non professionnels.
En Russie, l’annonce du bilan plus lourd n’a pas manqué de susciter de nouvelles critiques envers le commandement militaire, déjà fustigé lundi et mardi pour son « incompétence » par des correspondants et commentateurs. La patronne de la chaîne RT, le fer de lance de la propagande du Kremlin à l’international, Margarita Simonian, a appelé à publier les noms des officiers russes impliqués et à prendre « la mesure de leur responsabilité ».
« Il est temps de comprendre que l’impunité ne conduit pas à l’harmonie sociale. L’impunité conduit à de nouveaux crimes. Et, par conséquent, à la dissidence publique », a-t-elle écrit sur Telegram.
Des soldats russes loués pour leur « héroïsme »
Le responsable séparatiste prorusse Denis Pouchiline a lui tenu à louer « l’héroïsme » des soldats ayant survécu à la frappe ukrainienne, qui ont « risqué leur vie » en allant « secourir leurs camarades » sous les décombres. D’après lui, le commandant adjoint du régiment a été tué.
Dans un message publié sur Telegram tard mercredi, il a annoncé qu’il avait rendu visite aux blessés avec Viktor Goremykine, vice-ministre russe de la Défense, et Dimitri Azarov, gouverneur de la région de Samara d’où sont originaires certaines des victimes. Presque tous les blessés ont été transférés dans d’autres régions de Russie pour y recevoir des soins médicaux, a précisé Denis Pouchiline.
Des négligences dans l’armée russe ?
De nombreux Russes demandaient, eux, sur les réseaux sociaux, une enquête transparente sur les circonstances de la frappe. « Ils vont faire traîner ça et dans le pire des cas, ils mettront ça sur le dos de quelqu’un », craint ainsi Valeri Boutorine sur le réseau VK.
« Ce ne sont pas les téléphones portables et leurs propriétaires qui sont à blâmer, mais la négligence banale des commandants, qui, j’en suis sûr, n’ont même pas essayé de réinstaller le personnel » hors du bâtiment, a fustigé le groupe « Notes d’un vétéran » sur Telegram, qui rassemble 200.000 abonnés.
Selon l’armée russe, cette attaque a été menée à l’aide de systèmes lance-missiles Himars, une arme fournie par les États-Unis à l’Ukraine, qui permet de frapper loin derrière les lignes ennemies.
« Nous fournissons et nous continuerons à fournir (aux Ukrainiens) les équipements et l’aide dont ils ont besoin pour se défendre. Et oui, nous avons fourni des Himars et nous pourrions très bien en fournir d’autres à l’avenir », a averti John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain.
Lors d’un entretien téléphonique, le président français Emmanuel Macron a pour sa part annoncé à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky que la France livrerait à l’Ukraine des « chars de combat légers » de fabrication française, selon l’Elysée. Sur Twitter, Volodymyr Zelensky a remercié la France pour cette nouvelle aide. Le nombre de chars et les délais de livraisons n’ont pas été précisés.