Economie

Secteur bancaire : une deuxième révolution digitale se prépare

La révolution digitale est en marche depuis plusieurs années dans le secteur bancaire. Maintenant, il s’agit de passer de la digitalisation des process à celle du modèle en optimisant les données. Pour la banque 100% en ligne, l’identité numérique développée par la DGSN est fortement saluée.

Passer de la digitalisation des process à la digitalisation du modèle. Tel est l’enjeu du secteur bancaire, selon les intervenants au webinaire de l’Institut marocain des administrateurs (IMA), mercredi dernier, sur le thème «Gouvernance et enjeux de la digitalisation dans le domaine bancaire».
«Un administrateur doit amener le débat quand le management l’oublie. Il faut donc se poser quelques questions. D’abord, quel est l’impact sur ma chaîne de valeur, en termes de sécurité, de régulation, d’impact sur les parties prenantes ? Ensuite, qu’est-ce qu’il faut digitaliser et dans quels objectifs ? Enfin, quels sont les impacts de la digitalisation sur nos clients ? parce qu’il ne faut pas oublier que toute stratégie doit être client centric et apporter une valeur ajoutée à ce dernier», précise Younes Zoubir, DGA finances, services à la clientèle et canaux alternatifs chez CIH Bank.

Réussir sa transformation digitale passe par trois axes stratégiques. Il s’agit de l’investissement dans l’IT, la communication et la formation des ressources humaines. Certaines banques ont été plus rapides que d’autres à prendre ce virage et des pure players du digital ont vu le jour. Opter pour une banque 100% en ligne «était pour nous une décision stratégique pour redorer notre blason», a déclaré Driss Bennouna, DGA services technologiques, organisation et qualité chez CIH Bank.
Le mouvement de digitalisation dans le secteur bancaire ne date pas d’aujourd’hui (il remonte à une bonne dizaine d’années). «Il faut s’attendre à une seconde révolution digitale, qui passera par une digitalisation efficiente et une optimisation de la gestion du risque», déclare, pour sa part, Guillaume Lefebre, directeur général de l’IFCAM, l’Université du groupe Crédit Agricole.

Digital et risque bancaire

Face à cette transition, les administrateurs font face à de nouveaux enjeux notamment ceux liés au digital et risque bancaire. «Le digital est un sacré outil d’identification et de gestion de beaucoup plus de données qu’avant pour traiter du risque bancaire, sous réserve que les bases soient propres», souligne Guillaume Lefebre. Selon lui, il ne faut pas voir le risque du digital comme un risque bancaire. «Il s’agit d’un risque digital, traitant de sujets du digital comme le risque de fraude, le risque de blanchiment, etc.». Le directeur général de l’IFCAM propose également que les Conseils des banques soient formés aux enjeux du digital et non au digital. «Je pense qu’il y a beaucoup de travail de sensibilisation à faire. Nous sommes aujourd’hui dans une matière qui s’est énormément développée et complexifiée depuis 10 ans, avec une puissance de feu énorme».

Les risques liés au digital peuvent, en quelque sorte, être limités notamment à travers des outils comme celui de l’identité numérique développée par la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). Selon Driss Bennouna, «il s’agit d’un service au top de la technologie. Son lancement officiel était attendu, voire conseillé, pour certaines opérations, notamment l’entrée en relation et tout ce qui nécessite une KYC (Know you customer)».
L’outil développé par la DGSN permet au citoyen de gérer son identité numérique et les interactions avec les demandeurs d’identités. «Pour faire simple, aujourd’hui je veux me connecter à ma banque, cette dernière va me solliciter pour dire si c’est bien moi qui suis là. Et donc, je peux, à travers l’application de la DGSN, montrer que c’est bien moi et la banque peut s’assurer qu’il s’agit du bon client», explique Bennouna.