Secoué par les restrictions d’exportation, Nvidia promet de construire des serveurs d’IA aux Etats-Unis
Face à l’administration Trump, Nvidia manque de flancher. Après avoir tenu tête pendant des années en développant des puces « moins performantes » spécifiquement à destination du marché chinois, la firme américaine va finalement devoir lâcher ses H20 – représentant 5,5 milliards de dollars de charges. Sans se démonter, elle prévoit d’investir 500 milliards de dollars sur les quatre prochaines années pour produire des serveurs d’IA sur le sol américain avec TSMC.
Nvidia subit de plein fouet les mesures de restriction d’exportation imposées par les Etats-Unis à l’encontre de la Chine. Entre le 15 janvier et le 16 avril 2025, son action a connu une baisse significative de près de 18%. Ces trois derniers mois reflètent la position délicate dans laquelle se trouve le géant des puces aujourd’hui, tiraillé par cette politique commerciale qui semble ne plus en finir. Toutefois, la firme de Santa Clara ne baisse pas les bras. Elle a fait part cette semaine de son intention de construire, avec l’aide de partenaires comme TSMC, des serveurs d’intelligence artificielle aux Etats-Unis.
Ce projet, estimé à 500 milliards de dollars, s’étendrait sur les quatre prochaines années. Par cette décision, Nvidia devient la dernière entreprise technologique américaine en date à soutenir l’initiative de l’administration Trump en faveur d’un rapatriement de la production sur le sol américain. Cela inclut notamment la production de ses puces Blackwell dans l’usine de TSMC à Phoenix, en Arizona, ainsi que la fabrication de superordinateurs dans des usines au Texas, exploitées par Foxconn et Wistron. Ces dernières devraient monter en puissance dans un délai de 12 à 15 mois.
Faire les yeux doux à l’administration, une stratégie payante ?
Il est important de noter que l’annonce de Nvidia a été faite seulement quelques heures après que les États-Unis ont exempté certains produits électroniques, comme les smartphones et les puces, de leurs droits de douane réciproques sur la Chine, tout en précisant qu’ils annonceraient prochainement les taux de droits de douane applicables aux puces importées. La firme américaine a par ailleurs indiqué qu’elle allait devoir payer 5,5 milliards de dollars de charges pour son premier trimestre fiscal de 2026 en raison des fameuses restrictions de sa puce H20 vers la Chine. Le montant correspond aux puces mais aussi aux engagements d’achat et aux provisions connexes.
Ces puces taillées pour l’intelligence artificielle ont été développées spécifiquement pour le marché chinois avec l’intention claire de contourner les restrictions américaines en cours fin 2023. Manque de bol, les Etats-Unis ont renforcé leurs mesures coercitives afin d’empêcher des acteurs comme Nvidia d’apporter à l’empire du Milieu les dernières technologies du marché. Faisant affaire avec des entreprises telles qu’Alibaba, ByteDance et Tencent pour ne citer qu’elles, le géant américain est donc plongé dans l’incertitude, tout comme ses clients qui pourraient être amenés à se tourner vers des alternatives le plus tôt possible.
AMD également impacté par ces décisions politiques
AMD est également impacté par les nouvelles exigences de licence prochainement appliquées à l’exportation de certaines puces. Sa puce MI308, également taillée pour l’IA, est la première à en pâtir. « Le département du Commerce reste déterminé à mettre en œuvre les directives du Président pour protéger notre sécurité nationale et économique », a déclaré le porte-parole du département qui supervise les contrôles à l’export.
S’il est trop tôt pour juger du réel impact de ces mesures – droits de douane combinés aux restrictions d’exportation – il faut toutefois s’attendre à ce que la capitalisation boursière des entreprises du secteur en prenne un coup.
Source : usine-digitale.fr