Techonologie

Réseaux sociaux : Le Brésil lève la suspension de X après un long bras de fer avec Elon Musk

C’est un grand « ufa » – « ouf », en portugais – : Les Brésiliens vont à nouveau pouvoir utiliser le réseau social X (anciennement Twitter) après la levée, mardi 8 octobre 2024, de la suspension infligée par un juge de la Cour suprême fin août au nom de la lutte contre la désinformation.

« J’ordonne la levée de la suspension et j’autorise la reprise immédiate des activités de X sur le territoire national », peut-on lire dans l’arrêt signé par le juge Alexandre de Moraes, qui autorise la réactivation de la plateforme d’Elon Musk dans le plus grand pays d’Amérique latine, considérant que toutes les exigences judiciaires avaient été remplies.

Amendes et concessions

Parmi celles-ci, le paiement d’amendes d’un montant total de 28,6 millions de réais (environ 4,8 millions d’euros) et la suppression de comptes soupçonnés de « disséminer de fausses informations ». X a également dû nommer un nouveau représentant légal au Brésil.

« X est fier de revenir au Brésil […] Nous continuerons à défendre la liberté d’expression, dans les limites de la loi, partout où nous opérons », a déclaré la plateforme sur son compte dédié aux affaires gouvernementales mondiales.

Un rétablissement imminent

Le juge Alexandre de Moraes a accordé 24 heures à l’agence régulatrice des télécommunications, Anatel, pour rétablir l’accès à la plateforme utilisée par 22 millions de Brésiliens.

« Une fois que nous aurons reçu les instructions » d’Anatel, X « pourra de nouveau être opérationnel dans certains endroits en quelques heures », a indiqué à l’AFP Basilio Rodriguez Perez, de l’Association brésilienne des fournisseurs d’accès Internet (Abrint).

je bloque, tu débloques

Elon Musk avait annoncé la fermeture des bureaux brésiliens de X le 17 août 2024, tout en maintenant la plateforme en service, après que le juge Moraes avait suspendu le réseau, le 30 août, estimant que X avait ignoré des ordres de bloquer des comptes soupçonnés de désinformation (pour la plupart liés à l’extrême droite brésilienne et appartenant à des blogueurs, entrepreneurs, journalistes ou anciens parlementaires).

Depuis le rachat de Twitter par M. Musk – qui l’a renommé X –, la plateforme est mise en cause bien au-delà du Brésil pour son laxisme face à la désinformation. Ses détracteurs l’accusent aussi d’être devenue un porte-voix pour la droite radicale.

« Le Brésil est souverain ! »

« Nous avons montré au monde que les lois doivent être respectées ici, qui que vous soyez. Le Brésil est souverain ! », a déclaré le ministre des Communications, Juscelino Filho, dans un communiqué publié quelques heures après l’ordre de déblocage.

Les usagers brésiliens ont toutefois eu à nouveau accès à la plateforme le 18 septembre 2024, en raison d’une manœuvre technique qui a permis de contourner le blocage.

X a expliqué que ce rétablissement de son service était un effet « involontaire » d’un changement de serveur. Mais le juge Moraes a réfuté cet argument et a infligé de nouvelles amendes, estimant que X s’était « montré récalcitrant, de façon illicite, persistante et avec l’intention de ne pas respecter les ordres judiciaires ».

Le lendemain, la plateforme était redevenue inaccessible au Brésil. Depuis, X s’est montré disposé à remplir les exigences de la Cour suprême, enterrant la hache de guerre après plusieurs mois de bras de fer entre Elon Musk et le juge Moraes.

Un juge comparé à Voldemort

Le milliardaire avait en effet accusé à maintes reprises le magistrat de « censure », le qualifiant le « dictateur » et le comparant à Voldemort, le méchant de la saga Harry Potter. Il faut dire que le juge Moraes s’est longtemps montré inflexible, estimant que X constituait une menace contre la démocratie et favorisait la désinformation.

Le Brésil est un pays ultra-connecté, avec plus d’un smartphone par habitant. Après la suspension, une partie des usagers de X s’était tournée vers les concurrents, Threads ou Bluesky, mais ces plateformes n’étaient pas parvenues à s’imposer totalement comme les remplaçants naturels de l’ancien Twitter.

Source : 20minutes.fr