Techonologie

Meta dévoile Orion, ses lunettes de réalité augmentée ultra innovantes

Ca y est, elles sont là : les premières véritables lunettes de réalité augmentée de Meta, technologiquement beaucoup plus ambitieuses que les Ray-Ban issues de son partenariat avec EssilorLuxottica. Il ne s’agit encore que d’un prototype, mais qui affirme la vision qu’a l’entreprise du futur de l’informatique personnelle.

Après des années d’attente, Meta a enfin dévoilé ce 25 septembre ses premières lunettes de réalité augmentée. Il s’agit du prototype Orion, dont l’existence est connue depuis trois ans et dont les caractéristiques techniques avaient fuité il y a deux ans et demi.

Les informations d’alors sont désormais confirmées : les lunettes sont compactes et ne pèsent que 98 grammes, sont dotées d’un champ de vision de 70°, et sont connectées sans fil à un petit boîtier qui leur fournit leur puissance de calcul. L’interface utilisateur s’appuie sur le suivi des yeux et des mains, mais aussi sur un bracelet connecté qui fournit une interface neuronale en lisant les signaux électriques des muscles de l’avant-bras.

On sait aussi désormais qu’elles ont une résolution de 13 pixels par degré, qu’elle peut en théorie monter jusqu’à 26 PPD, et que Meta a bon espoir d’atteindre 34 PPD sur un prochain modèle (soit la même résolution que l’Apple Vision Pro).

Orion est le fruit de près de dix années de recherches d’après Meta, et la présentation du prototype au public a des airs de revanche pour cette entreprise dont les investissements colossaux dans les technologies immersives depuis une décennie sont fréquemment critiqués. Orion prouve que ces milliards n’ont pas été dépensés en vain, que Meta est bel et bien le leader incontesté du secteur en 2024. Un simple coup d’œil aux dernières Spectacles de Snap suffit pour se rendre compte de l’écart entre les deux entreprises.

Certes, les lunettes de Meta restent très épaisses par rapport à la norme, mais elles arrivent à passer pour des lunettes. Ca n’a pas l’air de grand chose dit comme ça, mais c’est un exploit technologique comparé à un HoloLens 2 ou même aux Magic Leap 2.

A la pointe de la technologie

Cette prouesse de Meta va de pair avec la complexité de ces lunettes, dont la plupart des composants semblent avoir été créés pour l’occasion. Elles sont faites en magnésium pour être plus légères et mieux dissiper la châleur, elles utilisent des projecteurs MicroLED avec des guides d’onde en carbure de silicium pour obtenir ce grand champ de vision ainsi qu’un affichage plus lumineux et plus économe, et elles comportent 7 caméras et plusieurs autres capteurs fabriqués sur-mesure.

Même les batteries, placées dans les branches, ont été conçues avec une forme incurvée pour garantir un confort d’utilisation. Et puis il y a cette petite tricherie qu’est le boîtier externe, mais qui se fait pardonner en étant sans fil (il fonctionne jusqu’à environ 3 mètres de distance). On imagine facilement une future version des lunettes fonctionnant avec un smartphone. L’autonomie des lunettes est d’environ deux heures.

La gestion des capteurs (hand tracking, eye tracking, SLAM et localisation des éléments virtuels dans l’environnement) se fait au niveau des lunettes elles-mêmes, mais les applications et le rendu graphique sont gérés par le boîtier. Il est doté de deux processeurs, dont un conçu en interne par Meta.

Dernière pièce du puzzle : le bracelet bardé de capteurs qui permet des interactions ultra rapides, précises et discrètes en interpretant les infimes signaux électriques qui circulent entre les muscles du bras et le cerveau. Combiné au suivi occulaire (le regard servant de « curseur »), cela permet à l’utilisateur de contrôler les lunettes par des micro-mouvements des mains et des doigts, sans avoir à gesticuler les bras tendus.

Assistant personnel et interface neuronale

Il est par exemple possible de pincer avec son index et son pouce pour sélectionner quelque chose (comme pour l’Apple Vision Pro), pincer avec le majeur et le pouce pour afficher ou cacher le menu, ou lever le pouce (comme pour jouer à pile ou face) pour scroller sur une page. Le bracelet fournit un retour haptique pour indiquer qu’une commande a été prise en compte.

La recette est complétée par l’assistant personnel Meta AI, qui tourne en local sur les lunettes. Il s’appuie sur le même modèle d’IA générative (une variante de Llama) que celui qu’utilisent les Ray-Ban Meta (et qui n’est toujours pas disponible dans l’Union européenne), mais dispose en parallèle de modèles expérimentaux afin de démontrer de futurs cas d’usage.

Lors de démonstrations faites à la presse américaine, les lunettes permettent par exemple d’identifier des ingrédients sur une table et de donner des instructions pour faire un smoothie. Deux personnes portant les lunettes peuvent aussi jouer à une variante immersive de Pong directement avec leurs mains (il faut auparavant qu’elles scannent un QR code pour le positionner). Il est aussi possible de regarder une vidéo YouTube, de passer un appel vidéo classique avec Messenger, ou, beaucoup plus intéressant, de dialoguer avec un avatar photoréaliste.

On le sait depuis des années, Orion ne sera pas commercialisé. Son coût de fabrication tournerait dans les 10 000 dollars d’après certains informateurs, notamment à cause des verres en carbure de silicium. Meta prévoit d’utiliser la majeure partie des unités en interne (les fuites font état d’un millier de paires fabriquées au total), pour développer des applications et expériences qui pourront un jour équiper un modèle grand public. Quelques exemplaires seront distribués à des développeurs tiers triés sur le volet, là encore pour créer un embryon d’écosystème.

Cap vers un modèle grand public

La priorité de Meta, maintenant qu’Orion a été rendu public, est d’améliorer la qualité de l’affichage (notamment sa résolution), d’en diminuer la taille (ils espèrent la réduire de moitié), et de pouvoir fabriquer le prochain modèle à grande échelle pour le rendre plus abordable (il faudra compter le prix d’un ordinateur portable haut de gamme). Le seul élément qui risque de ne pas être amélioré est le champ de vision, car les guides d’onde sur carbure de silicium ne sont pas industrialisables en l’état.

La version grand public de ces lunettes ne verra pas le jour avant plusieurs années. D’ici là, il y a les Ray-Ban Meta, qui connaissent un beau succès malgré le fait qu’elles n’ont pas d’affichage. Des rumeurs rapportent par ailleurs que Meta pour lancer des lunettes connectées équipées de petits écrans et accompagnées du bracelet neuronal dès l’année prochaine.

Source : usine-digitale.fr