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L’armée israélienne mène une opération dans l’hôpital Al-Shifa de Gaza

Le plus grand complexe hospitalier de Gaza est aussi considéré comme un site militaire stratégique du Hamas par Israël et les Etats-Unis.

Les événements se précipitent dans l’hôpital Al-Shifa de Gaza, au cœur depuis plusieurs jours de toutes les attentions dans le conflit entre Israël et le Hamas. L’armée israélienne a annoncé, tôt mercredi 15 novembre, mener « une opération précise et ciblée » contre le mouvement palestinien « dans une zone spécifique » du plus important complexe hospitalier de la bande de Gaza où s’entassent des milliers de personnes. Mais les lieux sont aussi considérés comme un site militaire stratégique du Hamas par Israël et les Etats-Unis. « Nous appelons tous les terroristes du Hamas présents dans l’hôpital à se rendre », a exhorté l’armée israélienne dans son message annonçant l’opération.

« Je suis dans l’hôpital et je vois des dizaines de soldats et de commandos aux urgences et à la réception et il y a des chars qui sont entrés dans le complexe de l’hôpital », a déclaré, à l’Agence France-Presse (AFP), Youssef Abul Reesh, un haut responsable du ministère de la santé du gouvernement du Hamas, appelant les Nations unies et la communauté internationale à intervenir « immédiatement » pour mettre fin à cette opération.

Un porte-parole du ministère de la santé de Gaza a, lui, déclaré à Al-Jazira que les forces israéliennes fouillaient le sous-sol de l’hôpital.

« Les hôpitaux et les patients doivent être protégés », rappelle Washington

Dans un rapport publié lundi, Israël a estimé que le centre hospitalier abritait un des « quartiers généraux » du Hamas. La Maison Blanche a elle aussi accusé, mardi, le mouvement islamiste, sur la base de renseignements américains, d’utiliser des hôpitaux à Gaza pour des opérations militaires, et en particulier celui d’Al-Shifa. Après l’annonce de l’opération israélienne sur place, le Hamas a accusé Joe Biden d’en être, avec Israël, « entièrement responsables ».

« L’adoption par la Maison Blanche et le Pentagone du faux récit de l’occupation selon lequel la résistance utilise le complexe médical Al-Shifa à des fins militaires a donné le feu vert à l’occupation pour commettre davantage de massacres contre les civils », avait déjà affirmé, mardi, le Hamas.

Interrogé sur l’opération en cours, un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche a déclaré à l’AFP que « les hôpitaux et les patients devaient être protégés ». « Comme nous l’avons déjà dit, nous ne soutenons pas des frappes aériennes contre un hôpital et nous ne voulons pas voir d’échanges de tirs dans un hôpital où des personnes innocentes, démunies, malades, cherchant à recevoir des soins, sont prises entre deux feux », a-t-il dit.

L’armée israélienne a dit, de son côté, disposer sur place « d’équipes médicales et de personnes parlant arabe qui ont été entraînées spécifiquement pour cet environnement sensible et complexe et ce dans le but qu’aucun tort ne soit causé aux civils utilisés par le Hamas comme boucliers humains ».

Une opération qui ne viole pas le droit international, selon Israël

Plusieurs milliers de personnes, malades, personnels et civils déplacés par la guerre qui fait rage depuis le 7 octobre, s’entassent sur le site de l’hôpital Al-Shifa, qui était encerclé par l’armée israélienne.

Le directeur de l’hôpital a déclaré qu’au moins « 179 corps » avaient été enterrés mardi dans une fosse commune. « Il y a des corps qui jonchent les allées du complexe hospitalier et les chambres froides des morgues ne sont plus alimentées » en électricité, a raconté à l’AFP Mohammed Abou Salmiya, avant l’opération israélienne.

Dans la nuit de mardi à mercredi, le ministère de la santé dans la bande de Gaza avait dit avoir été notifié par l’armée israélienne de son intention de mener une opération dans l’établissement. « Nous mettons en garde contre un massacre à l’hôpital », avait-il alerté.

Pour Israël, cette opération dans un hôpital ne viole pas le droit international. « Au cours des dernières semaines, nous avons indiqué à plusieurs reprises que l’utilisation continue de l’hôpital Al-Shifa à des fins militaires par le Hamas allait mener à la fin de sa protection en regard du droit international », a déclaré le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, peu avant l’opération. L’armée israélienne a dit avoir « fait savoir aux autorités compétentes de Gaza que toutes les activités militaires au sein de l’hôpital devaient cesser dans les douze heures », mais que cela « n’avait malheureusement pas été le cas ».

Source : lemonde.fr