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Guerre en Ukraine : l’UE propose un embargo progressif sur le pétrole russe

L’armée russe a lancé son ultime assaut contre l’aciérie Azovstal, dernière poche de résistance ukrainienne à Marioupol. L’UE étudie un sixième paquet de sanctions contre Moscou, visant les produits pétroliers et les banques.

Le sang continue de se déverser dans Marioupol, ville assiégée du sud de l’Ukraine. Au 70e jour de son invasion, l’armée russe grignote chaque centimètre de la ville portuaire et se rapproche du dernier bastion de la résistance ukrainienne : l’aciérie d’Azovstal où elle est retranchée. Une offensive avec chars et infanterie a été lancée, mardi, après l’évacuation des civils réfugiés dans l’usine par les Nations unies. Moscou dément tout assaut.

  • Vers un embargo européen sur le pétrole russe

La Commission européenne devrait proposer un sixième paquet de sanctions prévoyant un calendrier d’arrêt graduel des importations de pétrole russe, qui représentent 30% des importations de pétrole de l’Union européenne. « Nous renoncerons progressivement aux livraisons russes de pétrole brut dans les six mois et à celles de produits raffinés d’ici à la fin de l’année », a détaillé Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, devant les eurodéputés à Strasbourg ce mercredi matin. « Il s’agira d’une interdiction complète des importations de tout le pétrole russe, transporté par voie maritime ou par oléoduc, brut et raffiné (…) de façon ordonnée, d’une manière qui nous permettra de mettre en place d’autres voies d’approvisionnement », a-t-elle expliqué.

Une exemption pour la Hongrie et la Slovaquie est à l’étude. Ces deux pays enclavés pourraient poursuivre leurs approvisionnements auprès de la Russie durant l’année 2023, a précisé un responsable européen. « Nous exercerons ainsi une pression maximale sur la Russie, tout en réduisant au minimum les dommages collatéraux pour nous et nos partenaires », a poursuivi von der Leyen, précisant toutefois que « ce ne sera pas facile » pour ces Etats. « Nous ne voyons pas de plan concernant la manière de réussir une transition sur la base des propositions actuelles et de garantir la sécurité énergétique de la Hongrie », a commenté à l’AFP le service de presse du gouvernement hongrois, sans dire si cela signifiait un rejet du projet bruxellois en l’état.

Les nouvelles sanctions concernent aussi le secteur bancaire. En plus des sept banques russes déjà sorties de Swift, ce système interbancaire qui permet de communiquer rapidement et de manière sécurisée sur les transactions, Bruxelles propose d’en exclure trois autres établissements, dont Sberbank, le plus important de Russie (environ un tiers du secteur bancaire). « Nous frappons des banques d’une importance systémique essentielle pour le système financier russe et la capacité de destruction de Poutine. Cela renforcera l’isolement total du secteur financier russe », a souligné Ursula von der Leyen.

  • Moscou dément un assaut contre l’aciérie d’Azovstal

C’est un « puissant assaut », confie le commandant adjoint, Sviatoslav Palamar, du régiment ukrainien qui défend l’usine d’Azovstal. L’armée russe et les forces prorusses ont lancé mardi une attaque impliquant des chars et un débarquement amphibie sur ce qui s’impose comme la dernière poche de la résistance locale. Plusieurs bombardements ont eu lieu dans la nuit, tuant deux femmes et blessant « environ 10 civils », toujours selon le commandant adjoint.

Un porte-parole du ministère russe de la Défense, Vadim Astafiev, avait annoncé plus tôt mardi l’intervention des unités de l’armée russe et de la République populaire de Donetsk, utilisant de l’artillerie et des avions, avec pour objectif de détruire les positions de tir des combattants rivaux. Ce mercredi matin, la position russe n’a pas changé. « L’ordre a été donné (le 21 avril) publiquement par le commandant en chef (Vladimir Poutine) d’annuler tout assaut. Il n’y a pas d’assaut » à l’heure actuelle, indique le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. Il soutient que les forces de Moscou assiégeaient le site et n’intervenaient que pour « enrayer très rapidement les tentatives » de combattants ukrainiens de rejoindre des « positions de tir ».

  • 101 civils évacués de l’usine

Un peu plus tôt dans la journée, l’ONU avait annoncé l’évacuation d’une centaine de civils retranchés de l’aciérie Azovstal, grâce à une opération commencée le week-end dernier. Les réfugiés sont arrivés mardi à Zaporijjia, à 230 kilomètres au nord-ouest de Marioupol, où ils ont été accueillis par les représentants de l’organisation internationale. « Je suis heureuse et soulagée de confirmer que 101 civils ont été évacués avec succès », a indiqué la coordinatrice humanitaire des Nations unies pour l’Ukraine, Osnat Lubrani, citée dans un communiqué.

  • L’UE va « considérablement accroître » son soutien militaire à la Moldavie

« Nous prévoyons cette année de considérablement accroître notre soutien à la Moldavie en livrant des équipements militaires supplémentaires à ses forces armées », a déclaré Charles Michel, le président du Conseil européen. Cette annonce fait suite à des attaques en Transdniestrie, une région séparatiste de Moldavie, frontalière de l’Ukraine, faisant craindre une déstabilisation et un élargissement du conflit.

« Il est de notre devoir européen d’aider et de soutenir votre pays et d’accroître notre soutien à votre stabilité, sécurité et intégrité territoriale », a assuré Charles Michel à Maïa Sandu, la présidente moldave – et pro-occidentale – lors d’une conférence de presse conjointe à Chisinau.

  • Exercice militaire surprise de la Biélorussie

La Biélorussie, pays allié de la Russie et frontalier de l’Ukraine, a lancé ce mercredi un exercice militaire « surprise » pour tester les capacités de réaction de son armée. Les unités militaires vont travailler leur capacité à « se mettre en alerte, se déplacer vers des zones prédéterminées et faire des entraînements de combat », selon un communiqué du ministère de la Défense biélorusse.

  • Boycott de la Russie du conseil de sécurité de l’ONU

C’est un geste rare. La Russie a annoncé vouloir boycotter une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU avec le Comité politique et de sécurité (COPS) de l’Union européenne, illustrant la dégradation des relations entre Moscou et les partenaires aux Nations unies qui se poursuit.

Alors que la Russie a plusieurs fois brandi la menace nucléaire ou d’un affrontement global, le dirigeant russe Vladimir Poutine a réclamé au président français, Emmanuel Macron, d’interrompre la livraison de matériels militaires à l’Ukraine. Preuve de la tension à Moscou : un diplomate occidental a indiqué à l’AFP n’avoir pas souvenir d’un boycott de la Russie d’une réunion du Conseil de sécurité depuis l’invasion de l’Ukraine le 24 février.

  • Le pape François disposé à rencontrer Poutine

Au cours d’un entretien accordé au quotidien italien Corriere della Sera, publié mardi, le pape François assure avoir proposé au président russe Vladimir Poutine de le rencontrer. « Vingt jours après le début de la guerre, j’ai demandé au cardinal Parolin d’envoyer à Poutine le message que j’étais prêt à me rendre à Moscou », affirme le pape auprès du média transalpin avant de poursuivre. « Nous n’avons pas encore eu de réponse et nous continuons à insister, même si je crains que Poutine ne puisse et ne veuille pas participer à cette rencontre pour l’instant », a-t-il ajouté.

  • La passe d’armes entre Israël et Moscou se poursuit

Mardi, le Kremlin a accusé Israël de « soutenir le régime néonazi de Kiev » dans un communiqué. Une déclaration qui fait suite à une escalade des tensions entre les deux diplomaties après que le ministre des Affaires étrangères russes a affirmé qu’Hitler « avait du sang juif », soutenant la comparaison avec Volodymyr Zelensky. La reprise de cette théorie du complot a engendré une vive réaction de son homologue israélien qui parle de propos « scandaleux, impardonnables et une horrible erreur historique ».

L’ambassadeur russe en Israël a été convoqué pour clarifications. Pourtant, Moscou a répété ses accusations Moscou en assurant que le pays dirigé par Naftali Bennett « soutient le régime néonazi de Kiev », enfonçant un clou qui avait déjà bien transpercé le bois.