La Norvège et les Pays-Bas déconseillent à leur tour d’installer TikTok sur les appareils gouvernementaux
L’application est de plus en plus controversée dans de nombreux pays et institutions. En Norvège, la ministre de la Justice Emilie Enger Mehl a déconseillé, mardi, aux fonctionnaires d’installer TikTok sur leurs appareils professionnels. Cette recommandation, qui fait écho à plusieurs consignes, voire interdictions, prononcées dans d’autres pays, est motivée par des craintes d’espionnage et vaut aussi pour le système de messagerie cryptée d’origine russe Telegram.
« Dans leur évaluation des risques (…), les services de renseignement désignent la Russie et la Chine comme les principaux facteurs de risque pour les intérêts de la sécurité norvégienne », a expliqué la ministre, citée dans un communiqué. « Ils pointent aussi les réseaux sociaux comme une arène propice aux acteurs à risque et à d’autres qui souhaitent nous influencer via la désinformation et les infox », a-t-elle ajouté. La recommandation s’applique à tous les appareils professionnels de fonctionnaires reliés aux systèmes numériques de leurs administrations.
La ministre avait elle-même installé l’application
Plus jeune membre du gouvernement, Emilie Enger Mehl, 29 ans, avait elle-même été dans la tempête l’automne dernier. Sous le feu des questions de la presse et de l’opposition, elle avait reconnu, après un long silence, avoir installé TikTok sur son téléphone de fonction, soulignant avoir supprimé l’application un mois plus tard. Elle avait justifié cet usage par la nécessité de s’adresser à un public jeune, chez qui l’application chinoise est extrêmement populaire.
Si leur usage répond à des justifications professionnelles, TikTok et Telegram peuvent toujours être employés par les fonctionnaires, mais sur des appareils qui ne sont pas reliés aux systèmes numériques des administrations, a précisé le ministère.
Les Pays-Bas aussi
Aux Pays-Bas, le gouvernement néerlandais a également déconseillé, mardi, à ses fonctionnaires, l’utilisation de TikTok ou d’autres applications gérées par des pays avec un « cyberprogramme offensif » sur leurs appareils professionnels. L’argumentaire est similaire : selon un avis du service des renseignements néerlandais (AIVD), il existe « un risque accru d’espionnage » via l’utilisation de TikTok ou autres applications gérées par des pays comme la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord.
Le gouvernement néerlandais a donc « immédiatement » déconseillé à ses fonctionnaires d’utiliser de telles applications, et précisé qu’il vise à arriver à une « solution structurelle », selon laquelle il leur sera impossible d’utiliser ces applications sur leurs appareils professionnels. « Le gouvernement central doit pouvoir faire son travail en toute sécurité, également via ses appareils mobiles », a déclaré Alexandra van Huffelen, Secrétaire d’Etat néerlandaise à la Numérisation.
A terme, le gouvernement veut que tous téléphones professionnels des fonctionnaires soient configurés de façon que seuls les logiciels, applications, logiciels ou fonctionnalités autorisés au préalable puissent être installés et utilisés.
TikTok déjà banni de plusieurs institutions
Les Pays-Bas vont donc emboîter le pas au Canada, au Royaume-Uni et aux agences fédérales des Etats-Unis, qui ont déjà banni TikTok des appareils gouvernementaux en raison d’inquiétudes sur la sécurité des données. La Commission européenne a elle aussi ordonné de bannir l’application de partage de vidéos des appareils de ses employés.
TikTok a reconnu en novembre que des salariés de sa maison mère ByteDance en Chine avaient accédé aux informations de comptes d’Américains et d’Européens. Elle a admis que des employés avaient utilisé ces données pour traquer des journalistes. L’actuel président des Etats-Unis Joe Biden a menacé de bannir complètement du territoire l’application, si elle ne se sépare pas de ByteDance.