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Guerre en Ukraine : Poutine décrète une « mobilisation militaire partielle » de 300 000 réservistes

Les forces d’occupations ont annoncé organiser un vote, soutenu par le président russe, pour désigner le futur des régions de Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijia. Poutine renforce son armée en décrétant une mobilisation partielle.

Un bout de carton dans une urne, et tout un monde qui bascule. Ce mardi 20 septembre, les forces d’occupations russes ont annoncé organiser un référendum dans quatre régions ukrainiennes. Après une tournée destinée à se réapprovisionner en armes, Vladimir Poutine, dans une allocution télévisée ce mercredi, a annoncé une mobilisation militaire partielle en Russie. L’Assemblée générale des Nations Unies a, elle, souligné les divisions du monde. Dans un discours, mardi soir, Emmanuel Macron y a dénoncé l' »impérialisme russe », qui « fracture » la planète.

  • Poutine décrète une « mobilisation militaire partielle »

On le disait acculé, contraint par l’avancée ukrainienne qui a récupéré plusieurs milliers de kilomètres carrés occupés. Ce mercredi, Vladimir Poutine a annoncé la mobilisation militaire partielle, pour renforcer son « opération spéciale » en Ukraine. Dès aujourd’hui, « les citoyens qui se trouvent sur les listes des réserves doivent être mobilisés, et surtout tous ceux qui ont une expérience militaire afférente », a-t-il dit. Cela concernerait 300 000 personnes, a précisé le ministre de la défense Sergueï Choïgou. Ce nombre ne représente qu’une partie infime du nombre de personnes mobilisables dans le pays, a-t-il assuré.

Face à « la menace » représentée par « le régime nazi de Kiev », soutenu financièrement et militairement par l’Occident, « nous utiliserons certainement tous les moyens à notre disposition pour protéger la Russie et notre peuple », a averti Vladimir Poutine, faisant allusion aux armes nucléaires. « Ce n’est pas du bluff », a-t-il lancé. »Le but de l’Ouest est d’affaiblir, de diviser et de détruire la Russie. »

  • Des « simulacres » de référendums

Les autorités installées par Moscou dans quatre régions d’Ukraine ont annoncé, mardi, vouloir organiser des référendums. La question posée ? Pour ou contre devenir Russe. Ainsi le régime espère légitimer sa présence et son contrôle à Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijia. Sur le modèle de celui qui a formalisé l’annexion de la péninsule de Crimée (sud) par la Russie en 2014, dénoncée par l’Ukraine et les Occidentaux, ces votes font l’objet de préparatifs depuis plusieurs mois.

Poutine avait une première fois repoussé l’initiative, au moment de la contre-offensive ukrainienne, qui a permis à Kiev de reprendre des milliers de kilomètres carrés dans les territoires en question. Des responsables russes évoquaient jusqu’alors la date du 4 novembre, jour de l’unité nationale russe. Le Kremlin semble avoir accéléré. Ces référendums sont annoncés du 23 au 27 septembre. L’Ukraine a immédiatement prévenu que la menace russe serait « liquidée », le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, dénonçant un « chantage » russe motivé par « la peur de la défaite ».

« Les Etats-Unis ne reconnaîtront jamais les prétentions de la Russie sur des parties prétendument annexées de l’Ukraine », a prévenu le conseiller sécurité nationale de la Maison Blanche Jake Sullivan, lors d’un point presse dénonçant des « simulacres » électoraux. « Ces référendums fictifs ne sont pas acceptables », a jugé le chancelier allemand Olaf Scholz. « Je remercie tous les amis et partenaires de l’Ukraine pour leur condamnation massive et ferme », a exprimé le président Ukrainien Volodymyr Zelensky.

  • La contre-offensive se poursuit

En plus de soumettre à une forte pression l’occupant russe à Kharkiv, l’armée ukrainienne mène également une contre-offensive sur la région de Kherson dans le Sud et une autre en direction de la région de Lougansk, que Moscou avait conquise dans sa totalité au printemps au prix de mois de combats meurtriers. Kiev espère ainsi reprendre le village de Bilogorivka, dont la conquête avait coûté cher à la Russie en mai, ses forces ayant été décimées en voulant y traverser la rivière Siverskiï Donets. Les images des blindés détruits avaient fait le tour du monde. A une vingtaine de kilomètres de là, depuis Siversk, l’artillerie ukrainienne bombarde des positions russes.

  • Poutine cherche des armes

Vladimir Poutine a rencontré mardi des industriels de l’armement et des responsables sécuritaires. L’objectif ? « Accélérer les capacités de production » pour « au plus vite permettre de livrer les armements nécessaires » à son armée, a-t-il réclamé. Recevant les lettres de créances de nouveaux ambassadeurs, il a insisté sur le bien-fondé de sa politique étrangère « souveraine ». Parallèlement, la chambre basse du Parlement russe a voté un texte durcissant considérablement les peines de prison encourues par les soldats qui se rendent à l’ennemi, désertent ou commettent des pillages.

  • Emmanuel Macron contre « l’impérialisme »

Le président français Emmanuel Macron a fustigé devant l’Assemblée générale des Nations unies « un retour à l’âge des impérialismes et des colonies », peu après avoir qualifié les scrutins annoncés par la Russie de « parodie ». Dans un plaidoyer parfois enflammé, tranchant avec le ton général, le chef de l’Etat français a tenté d’effacer l’idée d’une guerre régionale résultat de l’opposition entre Occidentaux et Russes, tout en soulignant l’agression menée par Poutine.

« L’impérialisme contemporain n’est pas européen ou occidental et prend la forme d’une invasion territoriale adossée à une guerre hybride mondialisée qui utilise le prix de l’énergie, la sécurité alimentaire, la sûreté nucléaire, l’accès à l’information et les mouvements de population comme des armes de division et de destruction », a dénoncé Emmanuel Macron. Et d’exhorter à tout faire pour stopper le conflit : « Nous avons tous un rôle pour y mettre un terme car nous en payons tous le prix. »

Ces derniers mois, le président français a régulièrement tancé les pays restés neutres, notamment lors d’une visite en juillet au Cameroun où il avait dénoncé le silence face à la « présence hybride » de la Russie en Afrique, notamment au Mali. A plus long terme, Emmanuel Macron prévient que cette « tentative de partition du monde (…) renforce la tension entre les États-Unis et la Chine », notamment dans la zone indo-pacifique, l’une des priorités stratégiques de la France. Et s’alarme de « la fracture du monde ».

  • Un expert estampillé « droits humains russes » à ONU ?

Les pays membres de l’UE, sauf la Hongrie, ont présenté mardi un projet de résolution demandant à l’ONU de nommer un expert chargé de surveiller la situation des droits humains en Russie. Le texte, dont l’AFP a lu une copie et qui devrait faire l’objet d’un vote au Conseil des droits de l’Homme début octobre, exprime une grave préoccupation « face à la détérioration significative de la situation des droits de l’Homme dans la Fédération de Russie ».

L’expert désigné devra « collecter, examiner et évaluer les informations pertinentes provenant de toutes les parties prenantes » et présenter un rapport écrit au Conseil des droits de l’Homme (basé à Genève) dans un délai d’un an, ainsi qu’un rapport à l’Assemblée Générale à New York. Avant même que ce projet de texte ne soit publié, la mission russe à Genève a envoyé mardi une lettre aux pays européens, les exhortant à « rejeter cette initiative politiquement biaisée et sans fondement ».