Maroc

Feux de forêt : Le scénario du pire est-il encore à venir ?

La semaine dernière a été marquée par deux vagues successives de feux de forêt sévères et concomitants. Récit d’une catastrophe qui n’a pas fini de sévir.

Depuis quelques jours, le Royaume vit au rythme des feux de forêt dont les départs sont souvent concomitants et dont l’intensité est exacerbée par la canicule et les vents. Bien que la lutte contre les incendies ait commencé depuis plusieurs semaines déjà, l’épisode particulièrement infernal que traverse notre pays a débuté à la veille de l’Aïd Al Adha et a d’abord été illustré par les images glaçantes de flammes ardentes qui dévorent le siège local du Centre de Conservation et de Développement des Ressources forestières (CCDRF) à Ikaouen, province d’Al Hoceima.

« Située dans une ligne de crête, cette infrastructure affiliée à l’Agence Nationale des Eaux et Forêts (ANEF) a été complètement ruinée par un incendie de forêt qui s’est déclaré dans la zone le 9 juillet », nous raconte M. Fouad Assali, Chef du Centre National de Gestion des Risques Climatiques Forestiers. La vidéo impressionnante de cet incendie – filmée par un riverain – n’a pas manqué de circuler dans les réseaux sociaux attestant ainsi de la gravité du risque actuel lié aux feux de forêt.

La première vague

L’incendie d’Ikaouen n’était pourtant pas le seul à sévir au niveau national. « Depuis le 9 juillet, nous avons connu des journées exceptionnelles en termes de départs de feux. Nous avons d’abord dû gérer 5 feux concomitants et sévères au niveau d’Al Hoceima, de Tanger, de Chefchaouen et de Taounate. L’obligation d’intervenir dans diverses localisations en même temps a nécessité un énorme effort de mobilisation et de coordination des interventions terrestres et aériennes », poursuit M. Assali.

Mardi dernier, après la maîtrise de cette première vague d’incendie, les forestiers faisaient le bilan des dégâts : à Chraka (Tanger), les feux ont ravagé 70 hectares, à Bab Berred (Chefchaouen), 35 hectares de pins et de chênes sont partis en fumée, à Al Hoceima, 85 hectares de superficie brûlée alors que les dégâts à Sidi Mekhfi (Taounate) ont été estimés à près de 27 hectares de forêt calcinée. La mobilisation des équipes d’intervention a été largement saluée sur les réseaux sociaux, d’autant plus que les soldats du feu ont passé le jour de l’Aïd sur le front. Le pire restait pourtant à venir.

Le pire en perspective

« Les feux ont été enregistrés dans des sites où il y a le Chergui, et cela, pendant une semaine durant laquelle il y avait une alerte au niveau national concernant la hausse des températures qui, par région, pouvaient atteindre les 46°. Avoir plusieurs feux en même temps est le pire scénario puisque cela implique que les 5 Canadairs doivent se relayer durant toute la journée dans les diverses régions touchées », souligne Fouad Assali.

À partir de mercredi 13 juillet, ce scénario n’a pourtant pas manqué de se reproduire, d’une manière encore plus sévère cette fois. Toujours dans le Nord du Royaume, des départs de grands feux ont été enregistrés dans diverses zones forestières des régions de Larache, Tétouan, Chefchaouen, Ouazzane et Taza. Les flammes ont imposé aux autorités de couper temporairement certaines voies de circulation et d’évacuer des villages entiers. Samedi 16 juillet, un mort a été enregistré parmi les riverains de la forêt de Béni Ysef Al-Srif dans la province de Larache, alors que les autorités locales ont dû déplacer à titre préventif près de 1.156 familles réparties sur 17 douars de cette seule et même zone.

Des dégâts importants

Dans la région de Tétouan, au niveau de la forêt de Béni Ydder, les autorités locales ont évacué près de 225 personnes issues de 3 douars de la zone. Un communiqué du ministère de l’Intérieur précise que ce feu a ravagé 70 habitations occasionnant au passage la perte de plus de 90 têtes de bétail.

Dans la région de Taza, au niveau de la forêt de Bab Zahar, 420 personnes issues de 8 douars ont également été évacuées. « Samedi 16 juillet à 19 h, les feux ont été contrôlés à divers degrés. Certains ont été circonscrits, mais les équipes d’intervention continuent à travailler afin d’éteindre les autres », nous confie Fouad Assali, précisant que « pour ces seuls derniers 4 jours, le bilan total des superficies forestières qui ont été touchées par le feu a atteint les 5.990 hectares ».

Le chef du Centre National de Gestion des Risques Climatiques Forestiers assure cependant que tous les corps et autorités sont à pied de guerre pour venir à bout des feux. Saluons leurs efforts et prions pour qu’ils puissent rapidement réussir leur mission.