Droits de douane de Donald Trump sur la Chine : Bientôt des iPhone à moitié prix en France ?

Donald Trump maintient des droits de douane sur les produits importés aux États-Unis depuis la Chine. L’impact potentiel pour les consommateurs français n’est pas évident

Demi-tour. L’annonce des droits de douane de Donald Trump avait laissé entrevoir une augmentation des prix, notamment de l’iPhone. Le smartphone, omniprésent dans le quotidien des utilisateurs et symboles de la mondialisation, pourrait pâtir du fait qu’un certain nombre de ses composants proviennent de Chine. L’actualité avait conduit de nombreuses personnes à s’interroger sur une possible hausse du prix de l’appareil. Mais le président américain a annoncé suspendre tous les droits de douane, mercredi soir. Sauf pour la Chine, dont les produits doivent toujours être taxés à 145 % lors de leur importation aux Etats-Unis.

Mais les iPhone ne vont pas disparaître de la surface de la Terre pour autant. Avant que ces nouveaux droits de douanes entrent en vigueur, Apple a par exemple chargés des avions d’iPhone depuis l’Inde. Une marchandise qu’il faudra bien écouler, hausse de prix ou non. Si les Américains ne peuvent plus en acheter, les Européens seraient les prochains bons clients, avec le pouvoir d’achat nécessaire pour s’offrir ce type de smartphone. Pourquoi pas, alors, leur faire une ristourne pour écouler les stocks ?

Non, selon Sébastien Jean, professeur au Cnam et expert en commerce international

« Les taxes douanières de Trump n’affectent pas directement les prix en France, elles concernent les prix aux Etats-Unis, qui devraient augmenter », assure Sébastien Jean, professeur au Conservatoire national des arts et métiers et spécialiste du commerce international. De manière indirecte, il pourrait quand même y avoir des répercussions. « Principalement, parce que la protection américaine prive des exportateurs de débouchés, Apple sera tenté de baisser leur prix pour vendre ailleurs, notamment en Europe », imagine l’économiste.

Mais n’espérez pas changer votre vieil iPhone 12 trop vite. « Dans le cas d’Apple, leur positionnement [de marque] rend peu probable, à mon avis, une baisse significative des prix, tempère Sébastien Jean. Mais on ne peut pas exclure qu’ils multiplient les actions commerciales en Europe. »

Et si on imagine un scénario alambiqué où, pour éviter les taxes américaines, Apple ou la Chine relocalisait une partie de ses activités en Europe ? « Impossible à court terme, et beaucoup trop difficile et coûteux à moyen ou long terme », balaye le professeur au Cnam. Déception, les iPhone à 50 euros continueront à exister seulement dans les arnaques sur Internet.

Oui, selon Karine Balmes, directrice d’un cabinet de conseil aux entreprises spécialiste des douanes

Cette vision ne semble pas si absurde pour Karine Balmes. Elle préside KB Expertise douanes, un cabinet de conseil spécialisé sur la question. « L’idée qu’ont certaines entreprises, c’est de revenir à une réindustralisaton en Europe, détaille-t-elle. D’avoir des hubs de fabrication ou d’assemblage pour les marchés locaux, plutôt que d’importer le produit fini. Il faut redessiner le modèle industriel du « tout-externalisé ». » Elle reconnaît qu’une telle transformation de l’approvisionnement et de la distribution peut prendre beaucoup de temps, mais qu’il s’agit d’une problématique importante pour le futur des entreprises. « Donald Trump est là pour au moins trois ans, avec sa méthode de négociation très particulière, souffle-t-elle. Il faut trouver des stratégies et des marchés plus stables. »

Reste un paramètre à prendre en compte : la politique douanière de l’Union européenne. Si la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé ce jeudi suspendre ses mesures de représailles contre les Etats-Unis, la situation a encore vite fait d’évoluer. Et, dans une guerre commerciale, la facture finit souvent pour celui qui est en bout de chaîne : le consommateur.

Source : 20minutes.fr