Cessez-le-feu à Gaza : les Palestiniens déplacés retournent dans leurs villes en ruines
Le retrait de l’armée israélienne des zones peuplées de Gaza a permis à des milliers de Palestiniens de rentrer chez eux dimanche. Mais beaucoup n’ont trouvé que des ruines.
Les célébrations qui ont éclaté à Gaza dimanche matin après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas ont rapidement cédé la place à la consternation pour des milliers de Palestiniens qui ont découvert leur ville en ruines.
L’accord en trois phases – conclu après une année de médiation intensive par les États-Unis, l’Égypte et le Qatar – est entré en vigueur dimanche après un court délai.
La première phase implique le retrait des forces de l’armée israélienne des zones densément peuplées et permet à des milliers de Palestiniens déplacés de rentrer chez eux. Mais beaucoup ne retrouvent que des ruines.
La ville de Khan Younès presque complètement rasée
15 mois de combats les plus intenses jamais vus entre l’armée israélienne et le Hamas ont réduit de vastes pans de Gaza à l’état de ruines, et c’est le spectacle qui a accueilli les personnes rentrant dimanche dans la ville de Khan Younès.
Les bombardements israéliens et les opérations terrestres ont transformé des quartiers entiers de la ville en un terrain vague jonché de décombres, des bâtiments noircis et des monticules de débris s’étendant dans toutes les directions.
Les routes principales sont impraticables et les infrastructures essentielles de distribution d’eau et d’électricité sont en ruine.
Les experts internationaux affirment que Khan Younès est la ville qui a subi les destructions les plus importantes de toute la bande de Gaza.
Les forces israéliennes se sont retirées de la ville dimanche, après une bataille de quatre mois contre le Hamas, la plus longue opération terrestre de la guerre à Gaza.
Dévastation à Jabaliya
Le constat est similaire dans le nord de la bande de Gaza.
La ville de Jabaliya abrite le plus grand camp de réfugiés du territoire et la plupart des structures y ont été rasées.
Le camp a été le théâtre d’une vaste opération militaire qui a débuté en octobre de l’année dernière, l’armée israélienne affirmant avoir réinvesti la zone pour démanteler ce qu’elle a qualifié de « centre de commandement et de contrôle » du Hamas.
Cette opération a laissé au moins 70 % de la zone en ruines, selon des responsables palestiniens.
Le système de santé de Rafah « complètement hors service »
Dans le même temps, les habitants qui retournent à Rafah découvrent des scènes de destruction massive dans la ville qui était autrefois une plaque tournante pour les familles déplacées fuyant les bombardements israéliens.
Certains disent avoir trouvé des restes humains dans les décombres des bâtiments.
Marwan al-Hams, directeur de l’hôpital Abu Youssef Al-Najjar, aujourd’hui détruit, déclare que le système de santé de la ville est « complètement hors service ».
« Nous avons besoin d’au moins trois hôpitaux à Rafah et d’au moins cinq dans la ville de Gaza. De même, dans le nord de la bande de Gaza, nous avons besoin de trois hôpitaux de campagne, afin que le système de santé puisse commencer à se rétablir », déclare-t-il.
« La plupart des hôpitaux de la bande de Gaza ont été complètement détruits et doivent être reconstruits à nouveau », ajoute Marwan al-Hams.
Une reconstruction chiffrée à près de 18 milliards d’euros
La population de Gaza a payé un lourd tribut en 15 mois de guerre.
Plus de 46 000 Palestiniens ont été tués, selon le ministère de la santé de Gaza, et des centaines de soldats israéliens sont morts. L’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas contre le sud d’Israël, qui a déclenché la guerre, a tué plus de 1 200 personnes.
Environ 90 % de la population de Gaza a été déplacée, souvent à plusieurs reprises. Selon les Nations unies, le système de santé, le réseau routier et d’autres infrastructures vitales ont été gravement endommagés.