Techonologie

«X est une plateforme toxique» : le journal britannique The Guardian cesse de publier sur le réseau social d’Elon Musk

Il s’agit du premier grand média à quitter l’ex-Twitter. Une position loin d’être partagée par le reste de l’industrie.

«La campagne électorale présidentielle américaine n’a fait que confirmer ce que nous pensons depuis longtemps : X est une plateforme médiatique toxique et son propriétaire Elon Musk a pu l’utiliser pour façonner le discours politique.» C’est par ces mots que le journal britannique The Guardian a annoncé ce mercredi à ses lecteurs qu’il cessait de partager ses articles via ses comptes sur le réseau social X, autrefois connu sous le nom de Twitter.

Ses journalistes pourront continuer à utiliser cette plateforme, acquise par Elon Musk il y a maintenant deux ans. «Ils [The Guardian] sont inutiles», a répondu le serial entrepreneur, avant d’ajouter que ce média était «une méprisable machine de propagande ».

«Nous pensons que les avantages à être présents sur X sont désormais dépassés par les inconvénients, et que nos ressources pour promouvoir notre journalisme pourront être mieux utilisées ailleurs», indique le média à la ligne éditoriale plutôt de gauche. The Guardian se justifie en citant la présence de «contenus dérangeants promus ou présents sur ce réseau social», dont «des théories du complot d’extrême-droite» ou des «contenus racistes». «Nous pouvons nous permettre cette décision car notre modèle économique ne s’appuie pas sur du contenu viral pensé pour répondre aux caprices des algorithmes des géants des réseaux sociaux», poursuit le média, dont le modèle économique s’appuie en partie sur les dons de ses lecteurs.

Les autres médias restent sur X

Le Guardian est le premier grand journal à quitter ce réseau social. La question s’est néanmoins posée chez de nombreux médias après une série de prises de décisions hostiles à cette industrie, qui ont conduit à singulièrement réduire l’exposition de la presse en ligne sur le réseau social. Un paradoxe, alors que Twitter était historiquement une plateforme prisée des journalistes et de leurs employeurs, et où le partage de liens vers des sites d’information était pratique courante.

À quoi bon alors continuer à publier sur une plateforme qui rapporte pour certains médias, comme Le Figaro, moins de 1% de leur audience ? « On ne peut pas déserter ce réseau social sans prendre le risque de faire le jeu du complotisme. Cela reviendrait aujourd’hui à laisser proliférer les fake news et les théories conspirationnistes. En restant, nous pouvons continuer à faire entendre notre voix et lutter contre la désinformation », expliquait en 2023 France Télévisions au Figaro. «Nous restons car il n’y a eu en France aucun exode des politiques, des institutions et des entreprises. Notre marque doit rester visible auprès de ces publics, notre compte est une vitrine», ajoutait le Huffington Post. Le public de X reste important. En France, le réseau social est utilisé entre 18 et 20 millions d’internautes chaque mois, ce qui est supérieur à ses audiences avant le rachat par Elon Musk.

Source : lefigaro.fr