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Ukraine : la Commission européenne recommande d’accorder le statut de candidat à l’UE

La Commission européenne recommande d’accorder à l’Ukraine le statut de candidat à l’Union européenne. Il en est de même pour la Moldavie. Les dirigeants français, allemand et italien ont tenu pareille position, hier à Kiev.

La Commission européenne a rendu son avis sur le statut de candidat à l’UE de l’Ukraine : elle y est favorable. Bruxelles recommande également d’accorder ce statut à la Moldavie, a annoncé, ce vendredi midi, la présidente de l’exécutif européen Ursula von der Leyen. « La Commission recommande au Conseil, premièrement, de donner à l’Ukraine une perspective européenne et, deuxièmement, de lui accorder le statut de candidat. Ceci, bien entendu, à condition que le pays procède à un certain nombre de réformes importantes », a-t-elle déclaré. Et d’ajouter : « Nous savons tous que les Ukrainiens sont prêts à mourir pour défendre leurs aspirations européennes. Nous voulons qu’ils vivent avec nous, pour le rêve européen. » Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’en est félicité sur Twitter : « Reconnaissant envers Ursula von der Leyen et envers chaque membre de la Commission européenne pour une décision historique », a-t-il écrit.

Concernant la Moldavie, « à condition que les dirigeants du pays gardent le cap » des réformes économiques et de la lutte anticorruption, « nous pensons que le pays a le potentiel pour être à la hauteur des exigences » d’une candidature, a poursuivi Ursula von der Leyen. Jamais de tels avis n’auront été rendus si rapidement. Ils seront discutés lors du sommet européen des 23 et 24 juin. Les dirigeants des 27 pays de l’UE devront donner leur feu vert à l’unanimité pour les officialiser.

Jeudi, lors d’une visite dans le pays au côté de ses homologues français et italien, le chancelier allemand Olaf Scholz s’est voulu rassurant, affirmant que « l’Ukraine fait partie de la famille européenne ». Les trois dirigeants, ainsi que leur homologue roumain se sont dits prêts à accorder « immédiatement » au pays le statut de candidat à l’adhésion à l’Union européenne. Celui-ci, « pour l’Ukraine, peut renforcer la liberté en Europe et devenir l’une des décisions européennes clefs du premier tiers du XXIe siècle », a plaidé dans la foulée le président Volodymyr Zelensky.

La France ne reçoit plus aucun gaz russe par gazoduc

Le gestionnaire du réseau français de transport de gaz GRTgaz a annoncé, ce vendredi, ne plus recevoir de gaz russe par gazoduc depuis le 15 juin, avec « l’interruption du flux physique entre la France et l’Allemagne ». Ces derniers jours, le géant russe Gazprom a considérablement réduit ses livraisons vers les pays européens, notamment vers l’Allemagne via le gazoduc Nord Stream 1, ce qui pourrait avoir causé l’interruption de l’approvisionnement vers la France. Mais le gestionnaire tricolore a rassuré quant au remplissage des stocks sur le territoire : il s’élève à 56, contre 50% habituellement à la même date.

La France continue d’importer du gaz depuis d’autres pays, dont l’Espagne, qui a récemment augmenté ses livraisons. Surtout, le pays a augmenté ses achats de gaz naturel liquéfié (GNL), qui arrive par navire méthanier dans des terminaux proches de leur maximum technique, selon GRTgaz. A tel point que la France est devenue le plus gros acheteur de GNL russe dans le monde, selon Lauri Myllyvirta, analyste du Centre for research on energy and clean Air (CREA), qui a publié un rapport sur les ventes de pétrole et gaz russes cette semaine.

L’usine de Severodonetsk impossible à évacuer sans « cessez-le-feu complet »

La grande usine chimique Azot de Severodonetsk, où environ 500 civils ont trouvé refuge ces derniers jours, « n’est possible qu’avec un cessez-le-feu complet », a déclaré ce vendredi sur Telegram Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk. Alors que les forces russes tentent de prendre le contrôle de cette ville-clé du Donbass depuis des semaines, il a jugé « impossible et dangereux » de tenter de quitter le site « en raison des bombardements et combats constants ».

Une situation humanitaire « extrêmement alarmante » dans le Donbass

Après près de quatre mois d’invasion russe, « la situation humanitaire dans toute l’Ukraine, en particulier dans l’est du Donbass, est extrêmement alarmante et continue de se détériorer rapidement », a indiqué Ocha, l’agence humanitaire de l’ONU, ce vendredi dans un communiqué. Elle est « particulièrement préoccupante » à Severodonetsk et dans ses environs, dernière poche de résistance ukrainienne dans la région de Lougansk, quasiment entièrement sous contrôle russe. « L’accès à l’eau potable, à la nourriture, […] et à l’électricité » y est « réduit », souligne l’agence. Les « combats qui continuent de s’intensifier […] font payer un lourd tribut à la population civile ».

« Dans tout le pays, les zones résidentielles et les infrastructures civiles continuent d’être touchées, ce qui fait que davantage de civils sont tués et blessés », s’est alarmé Ocha. Malgré « d’énormes difficultés d’accès », l’ONU et ses partenaires humanitaires « ont atteint plus de 8,8 millions de personnes à travers l’Ukraine depuis le début de la guerre », s’est toutefois félicitée l’organisation. Selon l’ONU, 4 452 civils ont été tués et 5 531 blessés depuis le début de l’invasion, selon le dernier bilan fourni le 15 juin. L’ONU souligne régulièrement que « le chiffre est probablement beaucoup plus élevé ».

Céréales ukrainiennes : Macron propose de passer par la Roumanie

Lors de sa visite à Kiev jeudi, le président français a expliqué que la France aidait la Roumanie pour faire transiter les grandes quantités de céréales bloquées en Ukraine en l’absence d’un « cadre » permettant de les faire sortir par la mer Noire à cause du blocus russe. « Nous continuerons l’épreuve de force diplomatique à l’égard de la Russie, avec le secrétaire général des Nations unies », pour utiliser le port d’Odessa comme porte de sortie maritime pour les graines (maïs, blé…) « qui sont bloquées », a-t-il souligné hier soir sur TF1.

Mais « parce que la Russie refuse », « nous sommes en train de travailler à une autre voie, qui est de passer par la Roumanie », Odessa n’étant qu' »à quelques dizaines de kilomètres » de la frontière ukraino-roumaine. Car cela permettrait « de pouvoir accéder en particulier au Danube et aux chemins de fer » afin d’acheminer ces céréales vers les marchés internationaux. Sans parvenir à un accord jusqu’à présent, l’ONU négocie depuis plusieurs semaines avec Moscou, Kiev et Ankara, la caution militaire d’une utilisation de la mer Noire pour des navires civils afin de sortir des céréales d’Ukraine en toute sécurité et de réintroduire des engrais produits par la Russie sur le marché international. Si un accord était trouvé, il ferait baisser les prix des denrées et atténuerait la crise alimentaire dans le monde, qui s’aggrave du fait de l’invasion russe.

La Russie « ne prendra jamais le contrôle » de l’Ukraine

Selon le chef d’état-major des armées britannique, la Russie a « déjà perdu sur le plan stratégique » sa guerre en Ukraine et « ne prendra jamais le contrôle » du pays. « Le président Poutine a utilisé 25% de la puissance de son armée pour engranger des gains territoriaux minuscules », a expliqué ce vendredi l’amiral Tony Radakin à l’agence britannique PA. Et ce même si « la Russie va peut-être avoir des succès tactiques dans les prochaines semaines », a-t-il admis, alors que les forces ukrainiennes sont en difficulté dans la région du Donbass à l’est du pays.

Près de quatre mois après le début de l’invasion russe, l’armée de Vladimir Poutine « est bientôt à court d’hommes et bientôt à court de missiles sophistiqués », affirme Tony Radakin. Londres a par ailleurs indiqué mercredi livrer de façon « imminente » des systèmes de lance-roquettes multiples guidés dits GMLRS à l’Ukraine, qui réclame ce type d’armement dont la portée et la précision dépassent celles de l’artillerie russe.