Souveraineté numérique : La Commission européenne pourrait troquer Microsoft pour OVHcloud
La Commission européenne serait en négociations avancées avec OVHcloud pour remplacer Microsoft Azure. Ce projet de migration vers un cloud souverain est, en partie, motivé par la coupure des services de l’entreprise américaine pour le procureur général de la Cour pénale internationale.
Bruxelles et Microsoft, c’est fini ? C’est ce qu’affirment trois sources, citées par le média Euractiv, selon lesquelles la Commission européenne serait en négociations avancées avec OVHcloud pour se détourner de Microsoft Azure.
Vers un cloud souverain
« Des discussions sont effectivement en cours, à la fois avec la Commission et avec d’autres institutions et organisations publiques et privées qui évaluent des projets de migration vers un cloud souverain », a déclaré l’entreprise roubaisienne, sollicitée par le média. La Commission « scrute constamment le marché » et a déjà « un contrat avec OVHcloud », a déclaré un porte-parole de la Commission. En revanche, il n’a pas confirmé si la Commission allait effectivement abandonner Microsoft Azure.
Le changement envisagé par la Commission européenne trouve son origine dans un incident diplomatique. Début 2024, à la suite d’un décret exécutif américain visant le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, les services Microsoft utilisés par ce dernier ont été désactivés. Cette coupure brutale a envoyé un signal d’alerte aux institutions européennes.
L’événement a illustré de façon tangible la vulnérabilité des infrastructures numériques européennes face à l’extraterritorialité du droit américain, notamment à travers le CLOUD Act. Cette loi américaine oblige les fournisseurs de services cloud basés aux Etats-Unis à fournir aux autorités américaines, sur demande judiciaire, l’accès à des données, même si celles-ci sont stockées à l’étranger.
Bruxelles pourrait enfin montrer l’exemple
Ce projet s’inscrit également dans une dynamique plus large : l’initiative EuroStack, qui vise à promouvoir une pile technologique entièrement européenne, des puces aux services cloud. L’exécutif bruxellois a longtemps été critiqué pour ne pas appliquer à lui-même les principes de souveraineté qu’il recommande aux États membres. Ce revirement stratégique pourrait ainsi servir d’exemple structurant : une fois sa propre transition opérée, la Commission pourrait inciter les administrations nationales à suivre le mouvement en réorientant les achats publics vers les fournisseurs européens.
La coordination de la politique numérique européenne est aujourd’hui facilitée par une gouvernance interne renforcée à la Commission. Pour la première fois, les directions générales CNECT (régulation numérique) et DIGIT (services IT) sont placées sous l’autorité d’un même commissaire, Henna Virkkunen. Cette convergence entre leviers politiques et techniques pourrait expliquer l’accélération des discussions, et donne plus de cohérence à la stratégie globale de la Commission.
La Commission déjà condamnée
Le recours au géant américain pour héberger certaines données via Microsoft Azure a conduit le Contrôleur européen de la protection des données (CEPD), en 2024, à conclure que la Commission européenne enfreignait les règles de protection applicables aux institutions de l’UE, en raison de garanties insuffisantes sur la localisation et l’accès aux données.
Source : usine-digitale.fr