Microsoft voit le Digital Markets Act comme un appui pour son projet d’app store Xbox
Microsoft compte sur le Digital Markets Act pour pousser son projet de création d’une boutique de jeux mobiles Xbox, qui pourrait constituer une alternative aux App Store et Play Store se partageant pour l’heure le marché.
Microsoft se prépare à créer sa propre boutique d’applications Xbox spécialisée dans les jeux mobiles, pour concurrencer Apple et Google qui exercent un duopole sur ce marché. Pour y parvenir, l’entreprise mise sur l’évolution de la réglementation, notamment sur le Digital Markets Act (DMA) européen, ainsi que sur son acquisition d’Activision Blizzard, pour le moment bloquée par plusieurs régulateurs.
Le Digital Markets Act, une opportunité
Si le géant de la tech avait déjà annoncé le projet fin 2022, une interview au Financial Times publiée le 25 février 2023 est venue le confirmer. Phil Spencer, responsable des jeux chez Microsoft, a déclaré au média britannique que la loi européenne sur le marché numérique (DMA), qui doit entrer en vigueur en mars 2024, jouait en sa faveur.
Celle-ci veut offrir aux utilisateurs davantage de choix lorsqu’il s’agit de télécharger des applications, en dehors de l’App Store d’Apple et du Play Store de Google. L’UE souhaite ainsi que n’importe quelle entreprise puisse charger une boutique d’applications sur les iPhone et les téléphones Android. C’est déjà une possibilité sur ces derniers (même si aucune boutique alternative n’a réussi à concurrencer de manière significative le Play Store), mais pour la marque à la pomme, il s’agirait d’un grand changement.
Microsoft s’est d’ailleurs plaint des règles d’Apple qui limitent sa capacité à proposer des jeux par le biais d’une application unique fonctionnant en mode natif sur l’iPhone, obligeant les utilisateurs à accéder au service par le biais d’un navigateur web, d’où des performances moindres.
Miser sur les jeux à succès d’Activision…
« Nous voulons être en mesure de proposer Xbox et le contenu de nos partenaires tiers pour n’importe quel écran sur lequel quelqu’un voudrait jouer », a déclaré Phil Spencer au Financial Times. « Aujourd’hui, nous ne pouvons pas le faire sur les appareils mobiles, mais nous voulons construire un monde qui s’ouvrira à ces appareils », a-t-il poursuivi.
Conscient que les consommateurs sont habitués de longue date aux stores d’Apple et Google, Microsoft mise sur le contenu pour les attirer sur la future boutique Xbox. Il compte notamment sur les 250 millions de joueurs mensuels de Candy Crush Saga, mais aussi sur Call of Duty Mobile ou Diablo Immortal. Des jeux à succès qui lui appartiendront si son projet d’acquisition d’Activision Blizzard (pour 75 milliards de dollars), lancé il y a plus d’un an, se réalise.
Pour cela, il lui faut obtenir l’aval des autorités de régulation antitrust des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union européenne, qui craignent que cette fusion entraîne une diminution de la concurrence dans le secteur des consoles de jeux, affaiblissant l’importante rivalité entre Xbox et PlayStation.
…A condition que l’acquisition aboutisse
Même chose sur le segment du cloud gaming où Microsoft représenterait déjà 60 à 70% du marché mondial. Les régulateurs estiment que le rachat d’Activision pourrait renforcer cette position dominante et ainsi nuire à la concurrence, faire monter les prix mais aussi réduire les choix et les innovations.
Pour les rassurer, Microsoft a communiqué le 21 février 2023 sur la signature d’un contrat garantissant la sortie des jeux Call of Duty sur les consoles Nintendo pendant dix ans, et s’est engagé à ce que ses jeux restent disponibles sur Steam, la plateforme de jeux dématérialisés de Valve, ainsi que sur l’Epic Games Store. L’entreprise a également annoncé des accords avec Nvidia, Boosteroid ou encore Ubitus.
Cela suffira-t-il à faire accepter le rachat par les régulateurs ? Affaire à suivre, car l’autorité britannique a reporté l’annonce de sa décision au 26 avril, tout comme la Commission Européenne, qui a décidé de se laisser jusqu’au 22 mai prochain pour rendre son verdict.