Meta se résout à s’endetter, et lance un emprunt obligataire de 10 milliards de dollars
Meta va lancer un emprunt obligataire afin de lever 10 milliards de dollars. Pour le groupe propriétaire de Facebook et Instagram, l’objectif est de financer ses projets d’évolution d’Instagram et de métavers, et de racheter ses actions.
Meta à court de cash ? L’entreprise notamment connue pour ses réseaux sociaux Facebook et Instagram cherche de l’argent frais. Pour cela, Meta va émettre des obligations, d’après un document déposé jeudi 4 août 2022 auprès de la SEC, le gendarme boursier américain. Meta cherche à lever 10 milliards de dollars à l’occasion de sa toute première émission d’obligations, précise Bloomberg qui a rapporté dans un premier temps cette information. D’autres géants de la tech comme Apple et Intel ont également émis des obligations cette semaine, levant respectivement 5,5 milliards de dollars et 6 milliards de dollars.
DES RACHATS D’ACTIONS ET DES INVESTISSEMENTS
L’émission obligataire de Meta se fait en quatre tranches, dont le terme le plus long est à 40 ans. Il semble que Meta cherche à financer des rachats d’actions et des investissements pour réorganiser ses activités.
Si Meta est l’une des rares sociétés du S&P 500 à ne pas avoir de dette dans son bilan, l’entreprise a présenté un chiffre d’affaires en recul de 1% sur le deuxième trimestre de l’année. Une première depuis son introduction en bourse en 2007. Le réseau social a mis en avant une baisse du marché de la publicité en ligne : au global ce secteur continue de progresser mais à un rythme moindre que sur l’année 2021. Surtout, Meta perd des parts de marché publicitaire sur les réseaux sociaux, au profit de TikTok. Des tendances qui se reflètent dans le prix moyen des publicités diffusées par Meta, qui a reculé de 14% ce trimestre.
LA CONCURRENCE DE TIKTOK
En toile de fond, TikTok semble surtout s’imposer comme un rival durable pour Meta qui craint que les jeunes désertent Facebook et Instagram au profit de l’application de partage de vidéo. Derrière une perte éventuelle d’utilisateurs quotidiens, se cachent des pertes de part de marché publicitaire au profit de son rival.
Aux Etats-Unis les dépenses en marketing d’influence devraient augmenter de plus de 12% cette année et dépasser la barre des 4 milliards de dollars, rapporte Insider Intelligence. D’ici fin 2023, les dépenses consacrées aux partenariats marque-influenceur auront presque doublé par rapport à 2019. Près de 91% des marques américaines qui utilisent le marketing d’influence investiront davantage dans la vidéo cette année, preuve que ce format prend de l’ampleur. Cependant, si Instagram reste la première plateforme d’influence dans l’ensemble cette année, TikTok devrait dépasser les Reels d’Instagram en 2022.
Les Reels sont un format de vidéo de courte durée calqué sur celui de TikTok. Meta pousse pour que ce format soit largement utilisé. En parallèle, l’entreprise pousse des contenus publiés par des comptes non suivis par l’utilisateur. L’objectif est de multiplier par plus de deux le pourcentage de contenus de ce type dans les fils en 2023. A l’heure actuelle, environ 15% des contenus figurant dans le fil des utilisateurs de Facebook, et un peu plus sur Instagram, sont poussés par son algorithme de recommandation. Algorithme qui nécessité des investissements.
LE COÛTEUX MÉTAVERS
Enfin, Meta a affiché de grandes ambitions dans le métavers. Ce grand projet, dévoilé par Mark Zuckerberg en octobre dernier, nécessite beaucoup d’investissement avant de voir éventuellement le jour. Cela fait plusieurs années que Meta est bien implanté dans l’univers de la réalité virtuelle avec ses casques Oculus. Mais lors de la présentation de son projet de métavers, Mark Zuckerberg a semblé vouloir aller beaucoup plus loin afin de créer un monde immersif où il serait possible de communiquer, travailler et faire des courses. Le fondateur de Facebook perçoit la réalité virtuelle comme étant la prochaine révolution de l’informatique après le smartphone.
Avant de parvenir à un tel résultat, Meta dépense des sommes conséquentes. Or, en raison de la baisse de ses revenus publicitaires, le groupe risque de devoir limiter ses dépenses liées à la réalité virtuelle et augmentée, qui étaient de 3 milliards de dollars au premier trimestre 2022. Cet emprunt de 10 milliards de dollars s’inscrit dans cette trajectoire. Cela donnerait plus de marges financière à Meta pour développer ses initiatives coûteuses alors que sa trésorerie s’épuise.