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Les États-Unis et l’Ukraine ont élaboré une « nouvelle version » du plan de paix

Les Européens tentent de négocier sur les effectifs de l’armée ukrainienne et sur les concessions territoriales. Une rencontre Trump-Zelensky pourrait avoir lieu cette semaine.

L‘Europe n’a pas dit son dernier mot. Les pays du Vieux Continent ont soumis une version amendée du plan de paix pour l’Ukraine présenté en 28 points par les États-Unis le 20 novembre dernier. La proposition européenne vise à accroître le quota des effectifs de l’armée ukrainienne et à modifier les concessions territoriales auxquelles Kiev devra adhérer, selon un document consulté par Reuters ce dimanche 23 novembre.

Dans la foulée, Washington et Kiev ont annoncé avoir élaboré une « nouvelle version, améliorée, du plan de paix », et le secrétaire d’État Marco Rubio s’est dit « très optimiste ». Les responsables américains et ukrainiens ont discuté de la possibilité d’une rencontre Trump-Zelensky cette semaine à Washington pour finaliser les détails critiques.

L’Union européenne tente de continuer à jouer un rôle « central », comme l’a fait comprendre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Une mise à l’écart de l’UE n’est ainsi pas envisageable, a martelé le président de la République, Emmanuel Macron, qui souhaite une consultation plus large des 27.

Le document, préparé dans le cadre des négociations en cours à Genève (Suisse), propose que les forces armées ukrainiennes soient limitées à 800 000 hommes « en temps de paix » au lieu du plafond de 600 000 hommes proposé dans le plan américain. Il précise également que « les négociations sur les échanges territoriaux commenceront à partir de la ligne de contact » au lieu de fixer à l’avance que certaines zones devront être reconnues comme « de facto russes », tel que le suggère le plan américain.

« Ce plan n’a pas été négocié avec les Européens »

La contre-proposition a été rédigée par le groupe dit E3, comprenant la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, selon une source ayant eu accès au document. Ce dernier s’appuie sur la proposition américaine, mais reprend chaque point en suggérant des suppressions ou des modifications. Il suggère notamment que l’Ukraine reçoive des États-Unis une garantie de sécurité similaire à l’article 5 de l’Otan et s’oppose à la proposition américaine d’utiliser les avoirs russes gelés en Occident, principalement dans l’Union européenne. Un point sur lequel le président français a insisté : « Ce plan, d’abord, n’a pas été négocié avec les Européens. Or, il stipule pour les Européens beaucoup de choses : les actifs gelés sont détenus par les Européens, l’intégration européenne de l’Ukraine, c’est dans la main des Européens. »

« L’Ukraine sera entièrement reconstruite et indemnisée financièrement, notamment par le biais d’avoirs souverains russes qui resteront gelés jusqu’à ce que la Russie ait indemnisé l’Ukraine pour les dommages subis », peut-on lire dans le document. Le plan américain propose d’investir 100 milliards de dollars de fonds russes gelés dans un « effort mené par les États-Unis pour reconstruire et investir en Ukraine » et que les États-Unis reçoivent 50 % des bénéfices de cette entreprise. Washington a également proposé que le solde soit investi dans un « véhicule d’investissement américano-russe distinct ».

« L’Ukraine est reconnaissante envers les États-Unis »

Le secrétaire d’État américain Marco Rubio s’est quant à lui montré plus que satisfait des progrès réalisés à l’occasion des discussions avec une délégation ukrainienne à Genève. « La meilleure réunion et la meilleure journée que nous ayons eues jusqu’à présent dans tout ce processus, depuis notre entrée en fonction en janvier », a-t-il ainsi commenté.

Accusé de faire preuve d’ingratitude par Donald Trump, Volodymyr Zelensky a, lui, tenté d’arrondir les angles, déclarant : « L’Ukraine est reconnaissante envers les États-Unis, envers chaque Américain et en particulier envers le président Trump pour l’aide qui, à commencer par les missiles Javelin, sauve des vies ukrainiennes. »
Source : lepoint.fr