Le rapprochement entre le Maroc et l’Ethiopie suscite des inquiétudes en Egypte
L’Egypte a émis des craintes suite au rapprochement diplomatique entre le Maroc et l’Éthiopie, deux pays clés de l’Afrique, si bien qu’une réunion entre les ministres des Affaires étrangères marocain et égyptien a eu lieu en marge d’une une session du conseil exécutif de la Ligue arabe en Egypte.
Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et son homologue égyptien, Badr Abdel Ati, ont tenu des entretiens « approfondis », où plusieurs sujets ont été abordés.
Il s’agissait de discuter des différentes questions d’intérêt commun sur les scènes arabe, continentale et internationale, mais surtout de moyens de renforcer les relations bilatérales, conformément aux orientations du Roi Mohammed VI et du président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi.
Les deux ministres ont convenu de renforcer la coordination et les consultations entre les ministères des Affaires étrangères des deux pays, à travers la tenue dans les meilleurs délais de la quatrième session du Mécanisme de dialogue, de coordination et de consultation politique et stratégique, ainsi que l’intensification des échanges de visites entre les responsables des deux pays, dans l’objectif d’insuffler une nouvelle dynamique aux relations de coopération entre le Maroc et l’Égypte.
De son côté, le porte-parole de la diplomatie égyptienne a donné plus de détails sur les questions abordées entre les deux ministres. Ils ont, a-t-il indiqué, échangé leurs points de vue sur un nombre de sujets, «comme la crise libyenne, les développements actuels au Soudan, ainsi que la question des eaux du Nil, la situation dans la Corne de l’Afrique, et le maintien de la sécurité et de la stabilité sur le continent africain en général et dans la région du Sahel et du Sahara en particulier».
Cette rencontre entre les diplomates marocain et égyptien intervient dans un contexte où Le Caire redoute un rapprochement entre Rabat et Addis Abeba qui se ferait contre ses intérêts ou ferait pencher la position du Maroc vers l’Ethiopie au lieu de l’Egypte.
En trame de fond, la question centrale du Nil est celle qui divise les deux pays africains, et les appréhensions de l’Egypte font suite à la visite effectuée au Maroc par le chef d’état-major des armées de l’Ethiopie, le maréchal Birhanu Jula Gelalcha, il y a deux semaines.
Des analystes égyptiens n’ont pas manqué de souligner les préoccupations du Caire, estimant que le Maroc et l’Ethiopie n’auraient pas d’intérêts communs et qu’il serait préférable que Rabat explique sa position au Caire pour dissiper les doutes.
Les inquiétudes égyptiennes trouvent leur source dans des implications géopolitiques notamment en termes d’influence au sein du continent, mais touchent également à des enjeux vitaux tels que l’accès aux ressources en eau et l’équilibre des pouvoirs en Afrique du Nord et de l’Est.
Alors que le Maroc et l’Éthiopie cherchent à affirmer leur influence et à diversifier leurs partenariats, l’Égypte redoute que ce rapprochement ne complique davantage ses intérêts stratégiques, notamment en ce qui concerne la problématique de l’eau.
Les relations entre le Maroc et l’Ethiopie, quant à elles, sont motivées par d’autres dynamiques. Le Maroc a une priorité dans sa diplomatie: le Sahara, et l’Ethiopie est un pays qui reconnait toujours la fantomatique autoproclamée république sahraouie (rasd).
Les deux pays ont débuté un rapprochement diplomatie courant 2024 notamment avec une 1ère session des consultations politiques coprésidée par le directeur général au ministère marocain des Affaires étrangères, l’ambassadeur Fouad Yazough, et le ministre d’Etat éthiopien aux Affaires étrangères, Mesganu Arga, le 20 mai, puis en juin dernier, un déplacement d’une délégation des Forces armées royales (FAR) à Addis-Abeba. Aucune de ces rencontres n’avait suscité de réactions en Egypte.
Source : fr.hespress.com