L’Amazigh de Senhaja, connu sous le nom de « Chelha », est une langue porteuse d’un patrimoine riche et d’une culture profondément ancrée dans une partie importante de la province d’Al Hoceima.
La langue amazighe de Sanhaja, profondément enracinée dans plusieurs localités de la province d’Al Hoceima, constitue un héritage historique ancestral omniprésent dans la vie quotidienne de la population du milieu du Rif marocain, même si certains chercheurs la considèrent comme une langue en voie de disparition, soulignant la nécessité de lui accorder un intérêt particulier, eu égard à son importance dans la préservation du patrimoine culturel riche d’une partie de la région du Nord.
Le président de l’association « Amazighs de Senhaja du Rif, Sharif Dardak », Charif Aderdak, a souligné que le « Chelha » est parlé par les habitants du Sud-ouest de la province d’Al Hoceima, tandis que les habitants du Nord-ouest de la province parlent un dialecte hybride de Chelha et de l’arabe, notant que de nombreuses tribus de la province parlent l’amazigh de Senhaja, en l’occurrence Beni Sdath, Beni Bounasser, Zerkat, Taghzout, Ait Ahmed, Ait Khanous, Beni Bouchibet et Ketama, ainsi que certains douars de Beni Jamil.
Aderdak a fait savoir que la province d’Al Hoceima en particulier, et la région du Rif en général, se distingue par une diversité linguistique unique en son genre, précisant que la province d’Al Hoceima est divisée en trois variantes linguistiques, à savoir l’Amazigh de Zenata, l’Amazigh de Senhaja, et un dialecte hybride de l’amazigh et de l’arabe.
Il a noté que l’amazigh de Senahaja est « une langue en voie de disparition », en raison de la diminution du nombre de ses locuteurs à cause de plusieurs facteurs sociaux.
Pour sa part, Jamal Abarnous, chercheur en études amazighes à la Faculté des lettres et des sciences humaines d’Oujda, a prévenu du risque de la disparition de cette langue et de la perte d’un important patrimoine culturel maroco-amazigh, soulignant qu’une partie importante de l’histoire de la région est conservée dans ses différentes expressions idiomatiques.
Le chercheur a estimé que l’adoption d’un projet scientifique clair permettra de protéger cette langue, d’encourager les expressions artistiques dans cette langue, de soutenir les différents créateurs de Sehaja et de créer un centre d’étude et de documentation chargé de conserver ce patrimoine culturel riche et varié.
Il a relevé l’existence d’un seul écrit en langue amazighe de Senhaja, à savoir le recueil de poèmes « Chakib Ahtit » d’Ahmed Al Khudairi, qui constitue une référence et une source de motivation pour les écrivains pour publier des articles et des livres en cette langue, afin de contribuer à conserver la mémoire collective de la région.
La préservation de ce patrimoine linguistique et culturel authentique requiert également la fédération des efforts des différents intervenants, le renforcement des initiatives scientifiques et la promotion de la contribution de la société civile et des membres de la société à ce projet prometteur.
Source : Hespress