Guerre en Ukraine : Poutine pose ses conditions pour l’exportation des céréales
Alors que le président russe cherche de nouveaux alliés pour faire face aux sanctions occidentales, il s’est dit prêt à assurer l’exportation des céréales ukrainiennes, à condition que celles venant de Russie puissent également l’être.
En marge de sa visite à Téhéran (Iran), pour un sommet tripartite avec ses homologues iranien et turc, Vladimir Poutine a évoqué publiquement la guerre en Ukraine. Il a affirmé, mardi, que la médiation de la Turquie avait permis d’avancer sur la question de l’exportation des céréales de l’Ukraine vers le reste du monde. Mais il réclame, pour ouvrir les ports, la levée des sanctions concernant la livraison des céréales russes.
- Selon Washington, la Russie travaille à l’annexion des territoires occupés
La Russie « travaille à l’annexion des territoires ukrainiens » passés sous son contrôle ces derniers mois, en utilisant le même « mode d’emploi » que pour la Crimée en 2014, a accusé mardi la Maison Blanche. « Le gouvernement russe dispose de plans détaillés pour annexer un certain nombre de régions en Ukraine dont Kherson, Zaporijia et l’ensemble des Oblasts de Donetsk et Louhansk », a déclaré John Kirby, qui coordonne la communication du président Joe Biden sur les questions stratégiques.
Les représentants « illégitimes » que Moscou a imposés dans ces zones « vont organiser des référendums fantoches sur la réunification avec la Russie, peut-être en septembre lors des élections régionales russes », a-t-il ajouté. En parallèle, la Russie cherche à y installer des banques russes pour généraliser l’usage du rouble. Aussi, elle « force les résidents à demander la citoyenneté russe », « impose ses fidèles dans les services de sécurité », tout en « sabotant l’internet civil », selon les termes de la Maison-Blanche.
Concernant la visite de Vladimir Poutine en Iran, les Etats-Unis y voient un « aveu de faiblesse », John Kirby estimant que « cela montre à quel point Poutine et la Russie sont de plus en plus isolés puisqu’ils doivent maintenant se tourner vers l’Iran pour obtenir de l’aide ».
- Poutine s’exprime sur les exportations de céréales et les livraisons de gaz
Depuis la capitale iranienne, Vladimir Poutine a fait part aux journalistes présents que la Russie « faciliterait l’exportation des céréales ukrainiennes » dans le cas où « toutes les restrictions liées aux livraisons des céréales russes soient levées ». Autrement dit, il demande la levée d’une partie des sanctions, chose impensable pour les Occidentaux.
l s’est également exprimé au sujet des exportations de gaz, assurant que le géant Gazprom était disposé à répondre à ses obligations contractuelles en matière de livraison. Il a ajouté que la diminution des flux de gaz n’était pas de la responsabilité de la Russie, mais due à des problèmes de maintenance. Plus tôt dans la journée, l’agence Reuters a indiqué que les livraisons de gaz russe depuis le gazoduc Nord Stream 1 devraient reprendre jeudi.
- Kramatorsk touché, Bakhmout résiste
Sur le terrain, un missile est tombé, mardi, en plein centre-ville de Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine. Le bilan provisoire fait état d’un mort et de six blessés. Encore dirigée par les autorités ukrainiennes, cette ville de 150 000 habitants est devenue une cible stratégique dans la conquête russe du Donbass et est régulièrement touchée par des tirs.
Cette attaque intervient alors que la Russie a annoncé, samedi dernier, mettre fin à sa « pause opérationnelle » et reprendre sa marche en avant. Des frappes russes ont également atteint des bâtiments résidentiels à Soledar, Avdiika et Bakhmon. Dans la région d’Odessa, les forces russes ont tiré sept missiles, blessant au moins six personnes dont un enfant, selon la présidence ukrainienne. Cette dernière affirme également que son armée a « repoussé avec succès » plusieurs « tentatives d’assaut » près de Bakhmout, à l’est.
- Zelensky vise les « collaborateurs » et réclame une nouvelle aide militaire
Le Parlement ukrainien a validé mardi les limogeages du chef des services de sécurité Ivan Bakanov et de la procureure générale Iryna Venediktova, proposés ce dimanche par Volodymyr Zelensky, qui leur reproche des efforts insuffisants quant à la lutte contre les collaborateurs de Moscou. Le président a aussi annoncé une « révision des cadres » au sein des services de sécurité, alors qu’au moins trois hauts responsables sont soupçonnés de haute trahison.
Par ailleurs, le chef du cabinet de la présidence ukrainienne, Andriï Iermak, a souligné la nécessité pour son pays de renverser la situation militaire avant l’hiver, afin que la Russie ne puisse pas s’installer durablement. « Il est très important pour nous de ne pas entrer dans l’hiver. Après l’hiver, quand les Russes auront plus de temps pour prendre pied, ce sera certainement plus difficile. Ils nous y entraînent. Il est très important pour nous de ne pas leur donner cette possibilité », a-t-il déclaré. Pour ce faire, Kiev réclame aux Occidentaux plus de systèmes d’artillerie de précision et à longue portée, comme les lance-roquettes multiples Himars fournis par les Etats-Unis. Dans ce contexte, la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, a indiqué mardi que six nouveaux canons automoteurs Cesar, en plus des 12 déjà livrés, étaient « en route » pour l’Ukraine.