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A Roland-Garros, Iga Swiatek étend son règne

La numéro 1 mondiale s’est adjugé, samedi, son deuxième trophée au tournoi du Grand Chelem parisien face à Cori Gauff. Favorite du tournoi, la Polonaise a survolé la quinzaine.

D’ordinaire, lorsqu’un monarque est sacré, des coups de canon viennent ponctuer la célébration. A Paris, quelques coups de tonnerre en ont fait office pour le couronnement d’Iga Swiatek, samedi 4 juin. Vainqueure de la jeune Américaine Cori Gauff en finale (6-1, 6-3) en à peine plus d’une heure de jeu, la numéro 1 mondiale remporte le tournoi du Grand Chelem parisien pour la deuxième fois.

Débarquée Porte d’Auteuil avec la pancarte de favorite, Iga Swiatek en a assumé le poids. Elle qui avait remporté l’édition automnale 2020 – pandémie oblige – à la surprise générale n’a pas avancé dans l’ombre cette fois. « J’ai énormément travaillé pour parvenir à gagner à nouveau ici. C’était difficile, la pression était énorme », a reconnu la Polonaise après avoir soulevé la coupe Suzanne-Lenglen.

« En 2020, j’ai ressenti de la confusion, car je ne pensais pas vraiment être capable de remporter un Grand Chelem, a expliqué Iga Swiatek en conférence de presse. Mais là, c’était différent : c’est du pur travail. Toutes les pièces du puzzle se sont mises en place. »

Pour ne pas être l’une des – très nombreuses – reines sans lendemain du tennis féminin, la Polonaise a retroussé ses manches après son premier sacre. Elle en récolte les fruits deux ans plus tard.

« De la dynamite sur le terrain »

« Je ne pense pas avoir affronté quelqu’un jouant un meilleur tennis qu’Iga aujourd’hui, a salué Cori Gauff après sa défaite. Elle était simplement trop forte. Elle fait tout très bien sur le court. »

Depuis le 22 février, la native de Varsovie n’a pas perdu le moindre match. Samedi, elle a enchaîné un trente-cinquième succès de rang, égalant le record de l’Américaine Venus Williams – mais encore loin du record absolu, détenu par l’Américaine Martina Navratilova et ses soixante-quatorze victoires d’affilée entre 1983 et 1984.

« Ce dont je suis la plus fière, c’est d’avoir fait quelque chose de mieux que Serena [Williams] », a souri la joueuse. L’Américaine aux vingt-trois titres du Grand Chelem n’a pas dépassé les trente-quatre victoires à la suite. « Au tennis, battre des records après Serena, c’est quelque chose de quasi impossible. »

Samedi, la Polonaise n’a guère laissé d’espoir à sa jeune adversaire. Iga Swiatek a parfois évoqué un pendant au féminin de Rafael Nadal – qu’elle continue d’aduler. Ses rudes coups droits liftés ont laissé Cori Gauff impuissante ; la Polonaise s’est muée en rouleau compresseur, asphyxiant son adversaire. « Même quand j’arrivais à enchaîner les coups, elle ne laissait rien passer. Il y a une raison pour laquelle elle enchaîne cette série de victoires », a reconnu Gauff.

Si l’orage a grondé, au loin, juste avant la fin de la partie, le tonnerre est sorti de la raquette d’Iga Swiatek. « [Iga], c’est de la dynamite sur le terrain. Quand vous avez de la dynamite, vous ne pouvez pas jouer défensif », a imagé son entraîneur Tomasz Wiktorowski, interrogé par l’Agence France-Presse après la rencontre. Pour celui qui dirige la numéro 1 mondiale depuis l’intersaison et a choisi de la focaliser sur ses points forts, « ce n’est que le début de cette aventure ».

« Prête à ce qui va arriver ensuite »

En 2021, Iga Swiatek a croisé Rafael Nadal au petit déjeuner à l’hôtel, au lendemain de la défaite du Majorquin en demi-finales contre Novak Djokovic. « Je lui ai dit que j’avais pleuré toute la soirée, a relaté la joueuse. Mais il m’a répondu : “Ce n’est qu’un match de tennis, tu sais, on gagne, on perd, c’est la vie.” » La Polonaise espère s’inspirer de « ce détachement qu’ont les grands champions comme lui ». Au vu de sa manière de négocier ses finales, elle en a saisi l’essence.

Car depuis 2020, il est une vérité générale au tennis : Iga Swiatek ne perd pas une fois parvenue en finale. Samedi, la Polonaise a remporté sa neuvième finale en autant de tournois – sans perdre le moindre set. « J’essaie de les aborder comme n’importe quel match, a exposé la joueuse, reconnaissant que ce n’est pas simple. J’ai aussi conscience que mes adversaires vont être stressées et j’essaie de l’être un peu moins qu’elles. »

La joueuse l’a reconnu, elle se sent « prête à ce qui va arriver ensuite ». Les sollicitations, la pression, elle s’y est préparée et habite désormais son costume de numéro 1 mondiale. A la fin de son discours, coupe en main, la jeune femme a tenu à « dire quelques mots pour l’Ukraine », déclenchant une standing ovation. Celle qui dispute toutes ses rencontres avec un petit drapeau ukrainien épinglé à la casquette explique qu’en prenant la tête du classement WTA (qui régente le circuit féminin) elle « a ressenti une sorte d’injonction à prendre la parole », aussi essaie-t-elle de porter « des sujets qui [lui] tiennent vraiment à cœur ».

Pendant le tournoi, Iga Swiatek a attaqué la lecture des Trois Mousquetaires. A l’inverse de sa célérité sur le court, cette grande lectrice – qui raconte au fil du circuit l’avancée de ses lectures, transformant certaines conférences de presse en clubs de lecture improvisés – a reconnu « avancer lentement » dans l’ouvrage d’Alexandre Dumas.

La joueuse, dont les chaussures arborent la mention « team Swiatek », et qui s’est précipitée en tribune – comme en 2020 – sitôt la balle de match jouée pour enlacer ses proches, continue d’envisager le tennis comme un sport d’équipe. Nouvelle reine de sa discipline, Iga Swiatek n’a guère besoin d’une garde rapprochée de mousquetaires pour la défendre. Mais en ce moment, « tous pour une » pourrait devenir sa devise.