Le 70e Congrès mondial du tourisme consacre le Maroc comme carrefour du journalisme touristique
Pendant une semaine, la ville de Fès a accueilli le 70e Congrès mondial de la Fédération internationale des journalistes et écrivains de tourisme, rassemblant plus de 250 professionnels venus de soixante-dix pays. Placé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ce rendez-vous a mis en lumière la relation essentielle entre médias et tourisme, à l’heure où le secteur connaît de profondes mutations. Pendant plusieurs jours, réunions, débats et excursions ont offert aux participants l’occasion de s’immerger dans la richesse patrimoniale, culturelle et naturelle de la région de Fès-Meknès, tout en réfléchissant aux enjeux contemporains du tourisme et au rôle central du journalisme comme acteur de promotion, de responsabilité et de durabilité.
Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la ville de Fès a abrité, du 19 au 24 novembre courant, le 70e Congrès mondial de la Fédération internationale des journalistes et écrivains du tourisme (FIJET). Pour la troisième fois, après les éditions de 2004 et 2018, le Maroc a été choisi à l’unanimité parmi plusieurs pays candidats, confirmant ainsi sa position de destination phare du tourisme durable et du dialogue interculturel.
Plus de 250 journalistes et professionnels des médias, venus de soixante-dix pays, ont pris part à cet événement exceptionnel, organisé par l’Association marocaine des journalistes et écrivains du tourisme (AMJET-FIJET Maroc), en partenariat avec la région de Fès-Meknès, le ministère du Tourisme, l’Office national marocain du tourisme et l’Université euro-méditerranéenne de Fès (UEMF), qui a abrité la cérémonie d’ouverture et le Forum international.
Fès, symbole de l’union entre patrimoine et modernité
Ville millénaire, capitale spirituelle et intellectuelle du Royaume, Fès n’a pas été choisie par hasard. Dans son allocution d’ouverture, Najib Zerouali Ouariti, président honorifique de l’AMJET, a rappelé la portée symbolique de cette cité «où bat le cœur historique et culturel du Maroc». Il a évoqué la richesse d’un territoire «où patrimoine tangible et immatériel se mêlent à la modernité», et où les médias jouent un rôle déterminant pour «bâtir des ponts entre les civilisations et promouvoir un tourisme porteur de valeurs humaines, de durabilité et de paix».
Cette vision a trouvé un écho dans les mots du wali de la région de Fès-Meknès, Khalid Aït Taleb, qui a salué «un congrès majeur plaçant la région au cœur du journalisme touristique mondial». Il a souligné que cette édition s’inscrivait dans la dynamique nationale impulsée par la vision royale éclairée, qui fait du tourisme un levier de développement, d’ouverture et de rayonnement international.
Le président de la région de Fès-Meknès, Abdelouahad El Ansari, a indiqué pour sa part que les journalistes et écrivains de voyage sont désormais des «passeurs de sens», capables de «rendre vie aux lieux, de raconter les cultures et de créer le désir de découvrir autrement».
Il a également rappelé les efforts du Conseil régional pour valoriser les atouts uniques du territoire : le tourisme thermal à Moulay Yacoub, les paysages naturels d’Ifrane, la réhabilitation des médinas de Fès et Meknès, ou encore la préservation des traditions vivantes de Taounate et Taza. «Notre ambition est de faire de Fès-Meknès une destination où authenticité, innovation et durabilité s’entrelacent», a-t-il affirmé.
Une reconnaissance internationale pour le Maroc
La portée mondiale de cet événement a été rappelée par Salah Attia, vice-président de la FIJET, qui a exprimé sa gratitude envers Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour Son Haut Patronage, et salué le travail de l’AMJET et de ses dirigeants.
Il a souligné que ce 70e Congrès marquait «le retour de la fédération au Maroc, dix ans après une première édition, dans un pays magnifique, entre l’océan Atlantique et la Méditerranée». L’occasion, selon lui, de redonner vie au journalisme touristique et de renforcer les liens entre nations par le prisme des médias.
Un hommage à l’hospitalité marocaine
La dimension humaine du congrès a été saluée par Abdeslam Bakkali, maire de la ville de Fès, qui a souhaité la bienvenue aux congressistes dans «une ville vieille de douze siècles, empreinte d’histoire et de spiritualité».
De son côté, Ludmila Novacka, membre du comité exécutif de la FIJET, a exprimé la reconnaissance de la fédération envers «le Maroc, ses institutions et ses citoyens» pour l’accueil chaleureux réservé aux participants venus d’Europe, d’Amérique, d’Afrique et d’Asie.
L’UEMF, vitrine du Maroc moderne et innovant
En accueillant les travaux du congrès, l’Université euro-méditerranéenne de Fès a illustré la vitalité du modèle éducatif marocain. Son président, Mostapha Bousmina, a présenté cette institution comme «une initiative royale au service du dialogue interculturel et de l’innovation».
L’UEMF abrite plus de 52 nationalités, une «AI Engineering School» unique en Afrique, et la plus grande plateforme de l’impression 3D du Royaume. Pour le Pr Bousmina, cette université symbolise le Maroc moderne, stable, créatif et tourné vers l’avenir, un pays où l’innovation et la durabilité se conjuguent à la tradition et à l’ouverture.
Une semaine d’échanges et de découvertes
Au-delà des travaux et des débats, le programme a inclus des visites culturelles et professionnelles à Meknès, Ifrane, Tanger, Tétouan, Casablanca et Chefchaouen. Ces escales ont permis aux participants de découvrir la diversité du patrimoine marocain, ses paysages, ses traditions et sa modernité.
En accueillant ce 70ᵉ Congrès, le Maroc réaffirme son rôle de carrefour du dialogue entre les peuples, où les médias et le tourisme se rencontrent pour promouvoir un monde plus ouvert, durable et solidaire.
Médias et tourisme : quelle relation, quel avenir ?
Le deuxième jour du congrès a été marqué par un débat de fond sur le thème «Tourisme et médias : quelle relation, quel avenir ?», interrogeant le rôle et les responsabilités des médias dans un secteur confronté à des mutations rapides : transition numérique, changement climatique, attentes nouvelles des voyageurs… À ce sujet, Patrick Simon, président de l’Association marocaine de développement du géoparc du Jbel Bani (AMDGJB), a livré une réflexion forte sur l’avenir de la profession, l’invitant à repenser en profondeur sa mission. Pour lui, le temps est venu de «passer de la vitrine à la vigie». Autrement dit, de dépasser le journalisme promotionnel pour endosser un rôle critique, analytique et prospectif.
Il explique que le journalisme touristique ne peut plus se contenter de vanter les beautés d’une destination, mais doit aussi interroger, alerter et accompagner le changement. Cette approche, qu’il qualifie de journalisme de responsabilité, doit selon lui contribuer à la construction d’un tourisme plus durable, plus éthique et plus ancré dans les réalités locales.
Six défis pour une nouvelle ère du tourisme
Patrick Simon a identifié six vagues de transformation majeures auxquelles le journalisme touristique doit désormais faire face : l’essor prescriptif de l’intelligence artificielle, la montée d’un tourisme d’expérience axé sur la nature et la culture, les exigences de sens des jeunes générations, la problématique des mobilités et du sur-tourisme, la géopolitique du tourisme et, enfin, l’urgence climatique avec la question du stress hydrique.
Face à ces bouleversements, il plaide pour une réinvention du récit touristique, capable d’articuler innovation, durabilité et humanité.
Vers un nouveau pacte entre médias et territoires
Patrick Simon a appelé à une alliance renouvelée, un nouveau pacte de responsabilité entre médias, institutions et acteurs du tourisme, fondé sur la transparence, la critique constructive et la co-construction de solutions. Les médias, selon lui, doivent endosser trois rôles : questionneurs pour comprendre les enjeux environnementaux et sociétaux du tourisme, curateurs d’innovation pour mettre en lumière les initiatives locales et durables, et traducteurs de complexité, capables d’expliquer les liens entre technologie, économie et culture.
L’avenir du tourisme, insiste-t-il, ne se jouera plus seulement sur les plages ou dans les hôtels et les écolodges, mais dans notre capacité collective à raconter des histoires vraies, des histoires de résilience, d’authenticité et d’innovation.
Source : lematin.ma
