Etats-Unis : Gros camouflet judiciaire pour Google dont les pratiques sont jugées « anticoncurrentielles »
Un juge a reconnu coupable le géant du numérique de « pratiques anticoncurrentielles » concernant son moteur de recherche, notamment via des contrats l’imposant comme logiciel par défaut sur des appareils
Dur début de semaine pour le géant américain du numérique Google qu’un juge de Washington a, ce lundi 5 août 2024, reconnu coupable de « pratiques anticoncurrentielles » concernant son moteur de recherche, notamment via des contrats l’imposant comme logiciel par défaut sur des appareils. Une décision dont l’entreprise va faire appel.
Selon les documents que l’AFP a pu consulter, « après avoir étudié attentivement les témoignages et les preuves, la cour est arrivée à cette conclusion que Google est un monopole et qu’il a agi de manière à maintenir ce monopole ». Une nouvelle audience devra déterminer le montant de l’amende infligée à l’entreprise.
Des accords de distribution coupables
Le groupe de Mountain View, en Californie, était accusé d’avoir versé des dizaines de milliards de dollars (jusque 26 milliards de dollars rien que l’année dernière !) pour s’assurer que son moteur de recherche soit celui « par défaut » sur un certain nombre de smartphones et de navigateurs Internet, l’essentiel de cette somme étant versée à Apple.
« Les accords de distribution signés par Google préemptent une part importante du marché des moteurs de recherche et empêchent ses rivaux d’opportunités pour venir le concurrencer », a notamment indiqué le juge dans sa décision.
« Victoire historique pour le peuple américain »
Conséquence directe : déjà malmené par la chute des marchés financiers au niveau mondial, le titre d’Alphabet, la maison-mère de Google, a « renforcé » ses pertes et terminé en recul de 4,61 % à la clôture de Wall Street, à 160,64 dollars.
Dans un communiqué, le ministre américain de la Justice, Merrick Garland, a qualifié la décision de « victoire historique pour le peuple américain ». « Aucune entreprise n’est au-dessus des lois, a-t-il ajouté, et le département de la Justice continuera à faire appliquer nos lois contre les pratiques anticoncurrentielles ».
Dans une déclaration de son président des affaires mondiales Kent Walker, la filiale d’Alphabet a, de son côté, estimé que la décision reconnaissait « que Google propose le meilleur moteur de recherche mais conclut que nous ne devrions pas être autorisés à le rendre facilement disponible ».
Une porte d’entrée pour les services Google
Selon le site Statcounter, le moteur de recherche de Google représentait, début juillet 2024, plus de 90 % du marché mondial et plus de 95 % des recherches réalisées sur smartphone.
Le moteur de recherche est un élément essentiel du modèle commercial du groupe puisqu’il représentait, en 2023, plus de 175 milliards de dollars de revenus publicitaires, sur un chiffre d’affaires global de 307 milliards de dollars.
Mais il sert également de porte d’entrée pour les services associés de Google et met en valeur les vidéos de sa plateforme YouTube, qui viennent ajouter 62 milliards de dollars de revenus publicitaires.
Le début de la fin des monopoles ?
« Cette « défaite » de Google est énorme. S’il y avait une obligation de désinvestissement, cela viendrait couper Google de sa principale source de revenus. Interdire ces accords de distribution pourrait être préjudiciable pour Google », estime l’analyste Evelyn Mitchell-Wolf.
C’est la première fois que les autorités américaines de la concurrence affrontent une grande entreprise technologique devant un tribunal depuis que Microsoft a été pris pour cible, il y a plus de vingt ans.
Ce procès contre Microsoft et la domination du système d’exploitation Windows avait contribué à définir juridiquement comment une plateforme technologique abuse illégalement de son monopole.
Il s’agit donc d’une victoire majeure pour le département de la Justice au moment où ce dernier a lancé une série de procédures contre d’autres géants du numérique, à commencer par Amazon, Meta (Facebook, Instagram) ou Microsoft, là encore pour dénoncer des pratiques anticoncurrentielles.
Source : 20minutes.fr