Techonologie

WhatsApp va ouvrir son service de messagerie instantanée à d’autres applications

Contraint par le Digital Markets Act, WhatsApp a mis au point un système permettant l’interopérabilité de sa messagerie aux deux milliards d’utilisateurs avec d’autres applications. Une fonctionnalité qui devrait être facultative, afin d’éviter les spams et escroqueries, et qui suscite quelques inquiétudes en matière de sécurité et de protection de la vie privée.

Conformément au Digital Markets Act (DMA), qui doit entrer en vigueur le 7 mars prochain, les grands services de messagerie, à savoir WhatsApp, Facebook Messenger ou iMessage “devront s’ouvrir et interopérer avec les petites plateformes de messagerie, si elles en font la demande”. Dans le cas contraire, Meta ou Apple seront sanctionnées par la justice européenne.

Une utilisation pour les discussions individuelles

À un mois de la date butoir, Dick Brouwer, directeur de l’ingénierie chez WhatsApp, a détaillé pour le média Wired les conditions de cette interopérabilité. La fonctionnalité devrait se présenter en priorité sur des discussions individuelles, où les utilisateurs pourront envoyer du texte, des messages audio ou vidéo et des fichiers à différentes applications. Ces discussions seront séparées de la boîte de réception principale, présentées dans une nouvelle rubrique intitulée “conversations tierces”. L’accès aux appels et discussions de groupe pourrait en revanche prendre plusieurs années.

La nouvelle fonctionnalité sera évidemment facultative pour les utilisateurs : “Je peux choisir de participer, ou non, à l’ouverture aux échanges de message avec des tiers, » a déclaré Dick Brouwer. « C’est important, car cela pourrait constituer une source importante de spam et d’escroqueries”. Un pop-up confirmant ou infirmant le choix apparaîtra au moment du lancement de l’option.

Inquiétudes sur la sécurité et le respect de la vie privée

Bien que plusieurs services soient rassemblés en une seule application, les messageries tierces ne seront pas logées à la même enseigne que le système natif. Selon Dick Brouwer, le nouveau système “ne permet pas d’offrir le même niveau de sécurité et de protection de la vie privée” que le protocole de communication existant de WhatsApp. Il s’agit du Signal Protocol, développé par Open Whisper Systems.

Les entreprises qui souhaitent être interopérables avec Meta devront signer un accord dont les conditions n’ont pas été rendues publiques. Pour l’heure, aucune entreprise n’a officiellement annoncé qu’elle fonctionnerait avec WhatsApp. Pour les entreprises qui ont fait du chiffrement des données de bout en bout leur credo, l’interopérabilité risque de demander un travail d’ingénierie important.

Dick Brouwer doute par ailleurs que les applications tierces pourront proposer la même qualité de service que le WhatsApp natif : “Je ne pense pas que les chats interopérables pourront évoluer à la même vitesse. Il est plus difficile de faire évoluer un réseau ouvert”, explique-t-il, précisant également que chaque changement apporté pourrait “créer une cascade inattendue de problèmes concernant la vie privée et la sécurité des données”.

Source : usine-digitale.fr