Vladimir Poutine met en scène sa menace nucléaire
Le président russe était dans une salle de contrôle pour superviser l’entraînement de ses forces de dissuasion stratégique, en lançant notamment des missiles.
Le président russe Vladimir Poutine a supervisé mercredi l’entraînement de ses forces de dissuasion nucléaire au moment où Moscou a répété à l’Inde et à la Chine ses allégations sur la préparation par l’Ukraine d’une « bombe sale ». Kiev, qui dément toute velléité d’utiliser une telle arme, et ses alliés occidentaux redoutent que de telles accusations ne servent de prétexte à Moscou pour une escalade du conflit, ou pour l’usage d’armes nucléaires par la Russie, dont les responsables ont menacé à plusieurs reprises en cas de menace importante.
Mercredi soir, le gouvernement slovène a assuré que Moscou avait utilisé une photo provenant de Slovénie et datant de 2010 pour étayer sur Twitter ses allégations sur la « bombe sale » que préparerait Kiev. L’usage « a été fait à mauvais escient et à l’insu des autorités slovènes », a déclaré Dragan Barbutovski, conseiller du Premier ministre Robert Golob. Le gouvernement slovène a publié une série de tweets en anglais pour dénoncer le fait que « la photo utilisée par le ministère russe des Affaires étrangères sur Twitter » soit « une photo de l’Agence slovène des déchets radioactifs [Arao] ».
Vladimir Poutine a assisté mercredi depuis une salle de contrôle à l’entraînement des forces russes de dissuasion stratégique, soit des troupes chargées notamment de répondre à la menace en cas de guerre nucléaire. Si ce type d’exercice est mené périodiquement, celui-ci intervient en pleine offensive russe en Ukraine. « Sous la direction du commandant suprême des forces armées, Vladimir Poutine, les forces de dissuasion stratégique terrestres, maritimes et aériennes ont mené un entraînement et des lancements pratiques de missiles balistiques et de croisière ont été effectués », a indiqué le Kremlin.
La télévision russe a montré l’équipage d’un sous-marin préparer le lancement d’un missile depuis la mer de Barents dans l’Arctique. L’exercice a aussi impliqué des avions à long rayon d’action Tu-95. « Les tâches fixées lors de l’exercice d’entraînement à la dissuasion stratégique ont été accomplies dans leur intégralité, tous les missiles ayant atteint leur cible », a poursuivi le Kremlin.
Moscou parle de bombe sale à qui veut bien l’entendre
Peu avant ces manœuvres, la Russie a réitéré auprès de la Chine et de l’Inde ses accusations selon lesquelles l’Ukraine se préparerait à utiliser une « bombe sale », une arme constituée d’explosifs conventionnels entourés de matériaux radioactifs destinés à être disséminés lors de l’explosion. Lors d’une conversation avec le ministre chinois de la Défense Wei Fenghe, son homologue russe Sergueï Choïgou a fait part de ses « préoccupations liées à d’éventuelles provocations de la part de l’Ukraine avec recours à une bombe sale ».
La Russie avait avancé pour la première fois ces accusations dimanche lors de conversations téléphoniques entre Sergueï Choïgou et ses homologues américain, français, britannique et turc. Le ministre russe a soulevé les mêmes « inquiétudes » lors d’un appel avec son homologue indien Rajnath Singh.
L’Ukraine et les Occidentaux ont dénoncé des allégations « absurdes » et « dangereuses » et suggéré que la Russie se préparait elle-même à une escalade sur le champ de bataille, où ses troupes ont connu une série de défaites depuis septembre. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré mercredi que la Russie disposait d’informations sur une « menace existante » de l’utilisation par l’Ukraine d’une « bombe sale ». Les responsables russes ont menacé à plusieurs reprises d’utiliser l’arme nucléaire pour défendre les territoires dont Moscou a revendiqué l’annexion en Ukraine, y compris à Kherson, dans le sud, où est attendue la prochaine bataille.