Une étude du MIT avance que l’usage de chatbots rédurait les capacités de réflexion critique
Des chercheurs ont mené une expérience sur une cinquantaine de sujets originaires de la région de Boston. Avec ou sans l’aide du robot conversationnel ChatGPT, ces derniers devaient rédiger des essais, tout en voyant leur activité cérébrale mesurée.
ChatGPT et l’intelligence artificielle (IA) générative rendent-il nos cerveaux feignants ? C’est la question à laquelle la chercheuse Nataliya Kosmyna, du MIT Media Lab, et ses collègues, ont tenté de répondre dans une étude pré-publiée récemment et chroniquée dans le magazine américaine Time, mardi 17 juin. Et ses résultats sont plutôt inquiétants, estime l’universitaire.
Mené sur 54 sujets, âgés de 18 à 39 ans et originaires de la région de Boston, aux Etats-Unis, ce travail de recherche a constitué à faire écrire plusieurs essais d’ordre scolaire à trois groupes distincts de personnes. Le premier pouvait utiliser ChatGPT, le robot conversationnel développé par OpenAI, le second pouvait effectuer des requêtes via le moteur de recherche Google, tandis que le dernier ne devait s’aider que de son cerveau.
Des résultats « sans âme » pour ChatGPT
Leurs activités cérébrales respectives étaient mesurées à l’aide d’un électroencéphalogramme, le temps de la rédaction. Ce qui a donné des résultats peu encourageants pour les utilisateurs de ChatGPT : d’après l’étude, les sujets ayant eu recours au chatbot ont montré un engagement cérébral faible et « ont constamment sous-performé aux niveaux neuronal, linguistique et comportemental ». Des professeurs chargés de corriger les productions ont qualifié les leurs de « sans âme ».
Les membres des deux autres groupes ont quant à eux rendu des travaux de bien meilleure qualité. Sans surprise, ceux qui ne disposaient d’aucun outil technique ont affiché la connectivité neuronale la plus élevée, en particulier dans les zones du cerveau associées à l’idéation créative, à la mémoire et au traitement sémantique.
Une nouvelle étude à venir
Pour l’heure, l’article scientifique présentant les résultats de cette expérience n’a pas encore été « revu par des pairs », une étape essentielle dans la recherche visant à corroborer la bonne démarche scientifique des chercheurs. L’expérience a par ailleurs été menée sur un échantillon assez restreint de sujets.
Mais, comme elle l’explique au magazine Time, la chercheuse Nataliya Kosmyna souhaite alerter dès aujourd’hui sur la nécessité d’une « éducation à l’utilisation de ces outils », notamment auprès des enfants, et sur « le fait que le cerveau a besoin de se développer de manière plus analogique ». Elle prépare actuellement une nouvelle étude sur l’impact de l’IA générative sur l’activité cérébrale, cette fois dans le domaine de l’ingénierie logicielle et de la programmation.
Source : usine-digitale.fr