Premières Assises de l’IA au Maroc : vers une souveraineté technologique affirmée
Le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a inauguré ce mardi un rendez-vous inédit, marqué par l’ambition de positionner le Royaume en acteur clé de l’intelligence artificielle et du numérique : les assises nationales de l’IA.
L’atmosphère était particulière ce mardi matin à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Rabat. Dans les couloirs de cette institution qui incarne déjà l’excellence académique marocaine, chercheurs, entrepreneurs et décideurs politiques se côtoyaient, unis par une même conviction : l’intelligence artificielle représente bien plus qu’une simple révolution technologique pour le Maroc.
Aziz Akhannouch, le chef du gouvernement, en donnant officiellement le coup d’envoi aux premières Assises nationales de l’intelligence artificielle, n’a pas caché son enthousiasme face à ce qu’il considère comme « un moment charnière » pour le pays. « Nous ne sommes pas là pour suivre une mode technologique, mais pour construire l’avenir du Maroc », a-t-il déclaré.
Pour le chef de l’Exécutif, l’équation est simple mais cruciale : dans un monde où l’IA redessine les rapports de force économiques et géopolitiques, le Maroc ne peut se permettre d’être spectateur. « Chaque jour qui passe sans une stratégie claire, c’est un jour de retard sur nos concurrents », explique-t-il.
Cette urgence n’est pas que rhétorique. Derrière les chiffres impressionnants – 103% de taux de pénétration Internet, 38 millions d’abonnements mobiles – se cache une réalité : le Maroc dispose déjà d’un terreau fertile pour cette révolution numérique.
Akhannouch n’a pas perdu de vue l’humain derrière la technologie, il a évoqué les 240.000 opportunités d’emploi prévues d’ici 2030 et la formation de 100.000 talents digitaux. « L’IA ne doit pas remplacer l’intelligence humaine, elle doit la magnifier », a-t-il insisté, conscient des inquiétudes légitimes que suscite cette technologie.
Car si l’intelligence artificielle peut révolutionner la médecine en permettant des diagnostics plus précoces, optimiser l’agriculture dans un pays où l’eau est précieuse, ou encore réduire le décrochage scolaire grâce à des outils pédagogiques innovants, elle peut aussi, mal maîtrisée, creuser les inégalités ou menacer certains emplois.
Ce qui rend ces Assises particulièrement intéressantes, c’est qu’elles dépassent les clivages habituels. Akhannouch l’a bien compris : réussir la transition vers l’IA nécessite une mobilisation qui transcende les chapelles politiques, économiques ou académiques.
« Nous avons besoin de tout le monde autour de la table », reconnaît-il. État, entreprises privées, universités, société civile : chacun a un rôle à jouer dans cette partition complexe. Et chacun y trouvera son intérêt, à condition de jouer le jeu collectif.
Peut-être l’aspect le plus remarquable de cette approche marocaine réside-t-il dans cette insistance sur l’éthique et les valeurs. Dans un monde où les géants technologiques sont régulièrement épinglés pour leurs dérives, le Maroc semble vouloir tracer sa propre voie. « Nous ne copierons pas les modèles existants », affirme Akhannouch.
« Nous construirons un modèle marocain de l’IA, ancré dans nos valeurs d’inclusion et de progrès partagé », a-t-il ajouté.
Cette ambition n’est pas qu’un slogan. Elle se traduit par des priorités concrètes : transparence des algorithmes, protection des données personnelles, lutte contre la désinformation. Des enjeux qui, au-delà de leur dimension technique, touchent au cœur de ce que signifie vivre ensemble à l’ère numérique.
Ces Assises, qui se déroulent sur deux jours, ne prétendent évidemment pas résoudre tous les défis en si peu de temps, mais elles marquent symboliquement l’entrée du Maroc dans une nouvelle ère. Une ère où le pays entend bien jouer dans la cour des grands, tout en restant fidèle à lui-même.
Pour Aziz Akhannouch, le message est clair : « L’avenir ne se subit pas, il se construit. Et nous avons décidé de le construire avec détermination, intelligence et humanité ».
Le rendez-vous est pris pour voir si cette belle ambition saura se traduire en réalisations concrètes. Mais d’ores et déjà, le signal envoyé est fort : le Maroc de demain se dessine aujourd’hui, et l’intelligence artificielle en sera l’un des piliers.
Source : fr.hespress.com