Patrimoine immatériel : un nouveau cadre juridique pour défendre l’identité culturelle du Maroc
Mohammed Mehdi Bensaid, ministre de la jeunesse, de la culture et de la communication, a affirmé que le projet de loi relatif à la protection du patrimoine vise à combler un vide juridique ayant perduré pendant des décennies, en dotant le ministère de nouveaux leviers d’action pour préserver le patrimoine national, en particulier dans sa dimension immatérielle. Il a souligné que le Maroc a aujourd’hui un impérieux besoin de ce cadre législatif afin de défendre son héritage culturel face aux velléités d’appropriation ou de dénaturation dans les instances internationales.
Intervenant ce lundi devant la Commission de l’enseignement et des affaires culturelles de la Chambre des conseillers, à l’occasion de l’examen du projet de loi n°33.22 relatif à la protection du patrimoine, Bensaid a rappelé qu’« aucune bataille diplomatique ou culturelle ne peut être menée sans socle juridique solide ». Il a regretté que ce texte structurant soit resté en suspens depuis 2003, prisonnier d’un imbroglio de compétences administratives, retardant ainsi la mise en place d’une véritable politique nationale de sauvegarde patrimoniale.
Le ministre a précisé que ce projet de loi ne concerne pas uniquement son département, mais engage l’ensemble des citoyens, dans la mesure où il touche à l’identité, à l’histoire et à la mémoire collective des Marocains. Il a justifié le portage institutionnel par le ministère de la Culture, en tant qu’interlocuteur officiel du Royaume auprès des organisations internationales œuvrant dans le champ du patrimoine matériel et immatériel. « Nous sommes les porte-voix du Maroc pour la défense de son patrimoine, mais notre action se construit en synergie avec les collectivités territoriales, les départements ministériels et le tissu associatif », a-t-il déclaré.
Concernant la procédure de classement des éléments patrimoniaux, matériels ou immatériels, le ministre a insisté sur le rôle incontournable des collectivités locales et de la société civile. Selon lui, les démarches d’inscription émanent souvent d’initiatives citoyennes, d’associations ou de coordinations locales. Il a cependant averti que ce processus ne saurait être conduit de manière unilatérale par une collectivité, sous peine d’affaiblir la portée juridique et symbolique du classement.
« Nous sommes engagés dans un véritable bras de fer culturel à l’échelle internationale. Notre arsenal juridique doit impérativement s’aligner sur les normes et les concepts consacrés par les conventions que le Maroc a ratifiées», a-t-il soutenu.
Abordant la question des kasbahs historiques, le ministre a relevé que nombre d’entre elles relèvent du domaine privé, ce qui complique les interventions publiques en matière de restauration, en l’absence d’accord avec les héritiers ou sans recourir à la procédure d’expropriation. Il a encouragé les propriétaires à investir dans la réhabilitation de ces édifices en les transformant en projets à forte valeur ajoutée touristique et économique, tout en signalant l’existence de subventions pouvant couvrir jusqu’à 30 % des coûts.
Par ailleurs, Bensaid a annoncé la signature d’un partenariat avec le ministère du Tourisme portant sur la réhabilitation de vingt sites historiques. Ces sites bénéficieront d’une mise à niveau complète, incluant l’intégration de dispositifs de réalité virtuelle pour restituer leur aspect originel et enrichir l’expérience des visiteurs, dans le but de stimuler les investissements dans les secteurs culturel et touristique.
De même, le ministre a affirmé que ce projet de loi ne se limite pas à combler des lacunes juridiques, mais constitue une véritable refondation de la politique patrimoniale nationale. Il a également annoncé la création prochaine d’un Centre national dédié au patrimoine immatériel, afin d’offrir aux institutions compétentes les outils nécessaires pour assurer la sauvegarde et la valorisation de ce pan essentiel de l’identité marocaine.
Source : fr.hespress.com