Orange tire les fruits de son plan stratégique
Le géant français bénéficie de sa stratégie de montée des prix en Europe et de la croissance de la Afrique/Moyen-Orient pour faire remonter sa rentabilité.
Les voyants sont aux verts pour Orange et Christel Heydemann. Un an après la présentation aux marchés de son plan stratégique «Lead the future» visant à recentrer l’opérateur vers ses métiers traditionnels, le groupe d’Issy-les-Moulineaux publie ce jeudi des résultats conformes en tout point à ses attentes. Que ce soit pour le chiffre d’affaires, qui ressort à 44,122 milliards d’euros (1,8%), mais également son excédent brut d’exploitation après loyers (Ebitdaal), qui s’élève à 13 milliards d’euros (+1,3%), ainsi que son résultat net, qui progresse de 13% pour atteindre 2,5 milliards d’euros.
Dans le détail, Orange bénéficie notamment de sa stratégie «valeur» visant à augmenter ses prix ainsi que de la croissance de sa zone Afrique Moyen Orient dont les revenus ont augmenté de 11,4% l’an passé. Le revenu moyen par abonné sur les offres convergentes (fixe+mobile) a ainsi progressé de 3,3 euros pour atteindre, 75,2 euros. Côté fixe et mobile seul, les hausses ont été respectivement à 1,3 euro et 80 centimes.
Cette stratégie a pu ronger la part de marché de l’opérateur notamment sur le marché français, mais elle a été compensée par la hausse du revenu par abonné chez Orange. En France, premier marché d’Orange, les revenus s’affichent quand même en recul de 1,4% sur l’ensemble de l’année, avec une grosse baisse des services aux opérateurs (-8,5%) que ne compensent pas les activités de détail ou la vente d’équipements.
La fusion avec MasMovil en vue
Du côté des bonnes nouvelles également, l’Espagne, marché très compliqué ces dernières années avec la forte concurrence sur place, confirme son redressement, avec des revenus en hausse de 1,1%. Orange compte évidemment sur la fusion avec MasMovil pour consolider sa position de deuxième opérateur sur place. Bruxelles doit donner le 21 février prochain sa décision sur ce projet, qui devrait selon toute vraisemblance être avalisé mais sous conditions. Le groupe de Christel Heydemann s’attend à finaliser la transaction à la fin du premier trimestre.
Orange continue d’ailleurs à se positionner comme consolidateur à l’échelle européenne, citant les opérations de fusion avec Voo en Belgique ou encore des opérations en Roumanie. Reste à savoir si Bruxelles lui permettra d’aller plus loin encore dans les fusions permettant de réduire le nombre d’opérateurs sur un même marché.
Pour le reste, le groupe confirme ses objectifs financiers pour 2024, avec une nouvelle légère croissance de sa rentabilité, la discipline sur ses investissements et une hausse des dividendes. En Bourse, le groupe progressait de 1,12% à l’ouverture des marchés, preuve de la confiance des marchés.
Des syndicats inquiets
Les syndicats eux, sont bien plus inquiets. « Deux ans après l’arrivée de la nouvelle Direction Générale, les résultats sont sans appels : Orange est en panne. Atteindre des objectifs sans ambition ne peut être considéré comme un succès», indique ce jeudi matin Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC, premier syndicat de l’opérateur.
Selon lui, la faible croissance combinée aux parts de marché en recul en France fait d’Orange une proie pour des acteurs comme Xavier Niel et Iliad, qui ont pris le parti d’une stratégie commerciale de blocage des prix. Celui qui dénonçait l’année dernière déjà au moment de la parution du plan «Lead the Future» une logique financière prévalant sur celle, industrielle, peste une nouvelle fois contre la direction du groupe, « incapable d’annoncer autre chose que des réductions de coûts et de Capex qui préfigurent pour demain une absence de croissance».
De son côté, le syndicat Orange ensemble dénonçait ce jeudi aussi les faibles augmentations prévues au titre des négociations annuelles, ainsi que l’érosion lente des effectifs au sein du groupe.