OpenAI noue un partenariat inédit avec Axel Springer
Cet accord va permettre à ChatGPT de puiser dans les médias du groupe de presse allemand pour mieux informer ses utilisateurs.
Le groupe de presse allemand Axel Springer a signé un accord de collaboration avec OpenAI le 13 décembre. Son principal objectif : améliorer la qualité des réponses données par ChatGPT grâce aux articles de presse de l’éditeur berlinois, qui détient notamment le tabloïd Bild, le quotidien Die Welt, et les sites Business Insider et Politico.
Des informations sourcées
Le partenariat est présenté comme gagnant-gagnant. D’un côté, OpenAI offre à ses utilisateurs une information fiable et transparente, avec liens insérés vers les sources, sur toutes les thématiques que couvre le plus grand groupe de presse d’Allemagne. De l’autre, Axel Springer obtient une nouvelle source de revenus et élargit son audience grâce à la redirection des utilisateurs de ChatGPT vers ses articles.
Un business model auquel croit dur comme fer Brad Lightcap, directeur des opérations d’OpenAI : « Nous sommes profondément déterminés à travailler avec les éditeurs et créateurs du monde entier, afin qu’ils tirent profit d’une technologie IA avancée et d’un nouveau modèle de revenus », souligne-t-il dans le communiqué des deux entreprises. Le partenariat permettra par ailleurs à OpenAI d’utiliser les contenus du groupe de presse pour entraîner ses grands modèles de langage.
Utiliser l’IA générative pour le journalisme
Cet accord stratégique comporte un second pan, moins mis en avant : l’utilisation par Axel Springer des outils d’OpenAI dans le cadre de l’activité journalistique. Des expérimentations sont en cours à ce sujet. « Nous voulons explorer les possibilités offertes par le journalisme assisté par intelligence artificielle, afin de faire passer la qualité, la pertinence sociétale et le modèle économique du journalisme au niveau supérieur », a commenté Mathias Döpfner, directeur général du groupe de presse, dans le même communiqué.
En février, ce dernier avait déjà évoqué une révolution à venir avec l’automatisation de plus en plus de tâches (mise en page, correction, production, administration…) comme justificatif pour des suppressions de postes. Il avait alors affiché un objectif de 100 millions d’euros de bénéfices supplémentaires sur trois ans.
Des discussions en cours avec d’autres groupes de presse
Bien que ce partenariat soit inédit, OpenAI n’en est pas à son coup d’essai. En juillet déjà, l’agence de presse américaine de référence Associated Press (AP) annonçait avoir conclu un accord avec la start-up, lui conférant une licence d’utilisation pour une partie de ses archives de presse. Mais il ne portait pas sur la publication de contenus à proprement parler.
Cela n’a pas empêché l’AP, le mois suivant, de cosigner une lettre ouverte avec d’autres groupes de presse, comme l’AFP ou USA Today, pour exiger une réglementation plus poussée sur l’IA générative. « Même en l’absence de mauvaises intentions, de nombreuses applications d’IA générative ou modèles de langage génèrent des erreurs factuelles et des informations fictives, en plus de propager des stéréotypes de longue date », écrivaient-ils alors.
Droits d’auteur : vers un consentement systématique ?
Ils réclament également une meilleure transparence et un consentement systématique pour leurs droits de propriété intellectuelle. Depuis cet été, de nombreuses entreprises se sont protégées. The New York Times a mis à jour ses mentions légales pour que ses contenus ne soient pas utilisés dans l’entraînement des modèles d’intelligence artificielle. CNN, Reuters ou encore Radio France lui ont emboîté le pas.
Dans ces conditions, et en attendant de connaître les effets des premières réglementations – européenne, notamment – sur l’IA, les accords de ce type sont-ils amenés à se développer ? En septembre, Robert Thompson, directeur général de News Corp (Sunday Times, Wall Street Journal), déclarait être entré dans « différentes négociations » avec des fournisseurs de solutions d’IA pour leur vendre les droits d’utilisation des contenus de son groupe de presse.
Source : usine-digitale.fr