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Midterms aux États-Unis : «Il n’y a pas de déferlante républicaine pour l’instant»

Chez les supporteurs démocrates comme chez leurs adversaires, la nuit est longue. Si les républicains sont donnés en avance à la Chambre des représentants, la bataille s’annonce très serrée au Sénat.

Les Américains auront vécu une longue nuit de suspense lors du dépouillement des élections de mi-mandat. Mercredi à une heure et demie du matin heure de New York, on ne savait pas toujours pas si la Chambre des représentants ou le Sénat avaient basculé dans le camp républicain.

Au Metropolitan Républican Club de New York, dans le quartier huppé de l’Upper East Side, la confiance était de mise alors que tombaient les premiers résultats. « Le pays en a assez des démocrates, confiait Barbara, la propriétaire d’une agence de voyages. Ce ne sera peut-être pas la grosse vague qu’on espérait, mais le Congrès va pouvoir enfin bloquer l’agenda radical de Biden ». La petite centaine de républicains un peu guindés qui se pressent dans le club sont de bonne humeur en ce début de soirée. Ils ont déboursé 20 dollars pour entrer et prendre un verre, manger des pizzas et regarder Fox News sur un immense écran… Assise à côté de son petit ami qui ne veut pas parler à la presse, Stéphanie explique en souriant pourquoi elle est venue : « On est une minorité à New York, alors, dans ces soirées électorales, on aime bien se retrouver ici et se serrer les coudes. Et comme en plus ces élections s’annoncent bien cette année, l’ambiance est bonne »…

Course serrée au Sénat

Elle était bonne aussi de l’autre côté de Manhattan, au bar Vers, un nouvel établissement de la neuvième avenue qui accueillait les démocrates du quartier de Hells Kitchen. « Notre gouverneure résiste bien contre Zeldin, se réjouissait Nick, assis au zinc devant son cheeseburger, je le voyais progresser dans les sondages, ça m’inquiétait parce que c’est un Trumpiste dangereux ». Sur le grand écran dressé au fond de la salle, c’est la chaîne MSNBC, une chaîne de gauche, que les convives regardent. Pour Elizabeth, une institutrice à la retraite, la bonne nouvelle de la soirée, c’est qu’ « il n’y a pas de déferlante républicaine comme on le craignait ». « Pas encore en tout cas », ajoute-t-elle en croisant les doigts. Paul, un des responsables locaux du parti démocrate dans le quartier, stigmatise l’attitude négative des républicains. « Ils présentent New York comme une ville en perdition, alors que la ville, qui était l’épicentre de la pandémie Covid, a étonnamment bien résisté et revient fort. »

La Chambre des représentants semble se diriger vers une très courte majorité républicaine : « Il est clair que nous allons reprendre la Chambre des représentants », a affirmé le ténor républicain Kevin McCarthy au milieu de la soirée électorale.

Pour remporter le Sénat, il suffit aux républicains, qui comptaient 50 des 100 Sénateurs avant mardi, de remporter un siège de plus et mercredi matin très tôt, ils n’y étaient toujours pas arrivés. C’est dans quatre Etats que leurs chances étaient les meilleures : New Hampshire, Pennsylvanie, Géorgie et Arizona… La course était trop serrée pour ces deux derniers États mais en Pennsylvanie, le démocrate John Fetterman l’a emporté de justesse et au New Hampshire, la sénatrice sortante Maggie Hassan, une démocrate, avait repoussé l’assaut du républicain Don Bolduc, un ancien général qui affirmait envers et contre tout que Trump avait gagné les dernières présidentielles.

Bilan mitigé pour Trump

Trump a vu triompher au Sénat au moins deux des candidats qu’il soutenait avec vigueur mais son bilan restait mitigé, sinon décevant. La défaite de son candidat Mehmet Oz contre Fetterman est un camouflet pour l’ancien président Celle de JR Majewski aussi. Ce vétéran de l’US Navy, qui se trouvait au Capitole lors de l’insurrection du 6 janvier et avait peint un gigantesque portrait de Trump sur sa pelouse, a été facilement battu par la doyenne de la Chambre des Représentants, Mari Kaptur. En Arizona, la candidate au gouvernorat de l’Arizona Kari Lake, une supportrice inconditionnelle de l’ex-président, semblait largement distancée mercredi matin et remettait déjà en question le dépouillement à cause de quelques problèmes techniques survenus dans la matinée. Et c’est sûrement avec consternation que le milliardaire a appris la victoire sans appel du gouverneur de Floride Ron DeSantis, son probable rival pour l’investiture républicaine à la présidentielle de 2024 s’il décide de se représenter…

A noter également la victoire de Maura Healey, la première gouverneure lesbienne du pays, dans l’État du Massachusetts, et l’élection du premier représentant de la Génération Z au Congrès, Maxwell Frost, un démocrate de Floride âgé de… 25 ans.