L’Equateur en état d’urgence à la suite de l’évasion de l’ennemi public numéro un
Le narcotrafiquant Adolfo Macias, alias « Fito », chef du plus grand gang criminel, est introuvable depuis dimanche. Avec l’état d’urgence, l’armée est autorisée à gérer le maintien de l’ordre dans les rues et les prisons du pays pendant soixante jours.
L’Equateur traverse une nouvelle crise pénitentiaire majeure. Le président récemment élu, Daniel Noboa, a décrété, lundi 8 janvier, l’état d’urgence dans l’ensemble du pays, y compris dans les prisons, en raison de l’évasion d’Adolfo Macias, alias « Fito », chef du plus grand gang criminel, considéré comme l’ennemi public numéro un.
« Je viens de signer le décret sur l’état d’urgence pour que les forces armées aient tout le soutien politique et juridique dans leurs actions », a dit M. Noboa dans une vidéo diffusée par la présidence, alors que des soulèvements agitent les prisons du pays.
Les forces de sécurité « sont à pied d’œuvre pour retrouver cet individu extrêmement dangereux » qui aurait fui dimanche « quelques heures » avant une opération de contrôle menée dans la prison de Guayaquil (Sud), a déclaré le secrétaire à la communication du gouvernement, Roberto Izurieta, évoquant des « infiltrations ».
Enquête contre deux fonctionnaires pénitentiaires
Le parquet a annoncé, lundi, sur le réseau social X, avoir ouvert une enquête contre deux fonctionnaires pénitentiaires « qui auraient participé à l’évasion » de « Fito », 44 ans, qui purgeait, depuis 2011, une peine de trente-quatre ans de prison pour crime organisé, trafic de drogue et meurtre.
« Nous ne négocierons pas avec les terroristes et on ne s’arrêtera pas tant que nous n’aurons pas rendu la paix à tous les Equatoriens », a insisté M. Noboa.
Des gardiens de prison séquestrés
Dans la foulée de l’instauration de l’état d’urgence, la police a rapporté des violences dans la province d’Esmeraldas (Nord-Ouest), contrôlée par des gangs. Des individus ont lancé un engin explosif près d’un commissariat, a-t-elle précisé, et deux véhicules ont été incendiés, sans faire de victimes.
Des policiers et des militaires ont pénétré lourdement armés dans plusieurs prisons du pays, notamment celles où des gardiens ont été séquestrés. Des images publiées sur les réseaux sociaux, qui n’ont pu être vérifiées, ont montré des gardiens retenus sous la menace de couteaux par des hommes encagoulés, suppliant le gouvernement d’« agir avec prudence » et de « ne pas envoyer de troupes dans les prisons ».
Par ailleurs, dans la ville côtière de Machala (Sud-Ouest), « trois fonctionnaires de la police qui étaient en service » ont été enlevés, a annoncé durant la nuit de lundi à mardi la police sur X. Un quatrième policier a été kidnappé à Quito, la capitale, par trois individus à bord d’« un véhicule aux vitres teintées et sans plaques ».
Des vidéos diffusées par les forces armées montrent plus tard des détenus allongés dans la cour de prisons, les mains sur la tête. L’administration pénitentiaire (SNAI) a fait savoir que personne n’avait été blessé à la suite de ces « incidents ».
« Nous avons pris des mesures qui nous permettront de reprendre le contrôle » des prisons, a souligné le président Noboa.
Les homicides ont augmenté de 800 %
Le nom de « Fito » a fait la « une » de la presse ces derniers mois après l’assassinat, au début d’août, de l’un des principaux candidats à l’élection présidentielle. Fernando Villavicencio, ancien journaliste et parlementaire, avait fait état peu avant son exécution de menaces de mort de la part du chef des Choneros
Arborant une large barbe, « Fito », réputé très charismatique, a suivi des études de droit en prison jusqu’à obtenir son diplôme d’avocat. Une chanson à sa gloire par un groupe mexicain, avec clip vidéo et images filmées dans sa cellule, a récemment été diffusée sur les réseaux sociaux.
Les prisons sont le théâtre de massacres récurrents entre bandes rivales. Depuis février 2021, il y en a eu au moins une douzaine, qui ont fait plus de 460 morts parmi les détenus. Les autorités se sont révélées jusqu’à présent incapables d’en reprendre fermement le contrôle. M. Noboa a été élu à l’automne 2023 sur la promesse de juguler l’insécurité dans le pays et de reprendre le contrôle des prisons.
Source : lemonde.fr
