La BAD débloque près de 200 millions € pour renforcer la filière céréalière
Le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé mercredi dernier, a approuvé, à Abidjan, un prêt de 199 millions d’euros au Maroc. Ce crédit vient pour financer le Programme d’appui au développement compétitif et résilient de la céréaliculture (PADCRC), est-il dit dans un communiqué de l’Institution financière.
La BAD pour ce faire a pris en considération l’effet combiné de la sécheresse exceptionnelle qu’a connue le Royaume cette année, l’augmentation des cours internationaux des produits alimentaires et les conséquences du conflit entre l’Ukraine et la Russie qui ont impacté négativement les chaînes d’approvisionnement à l’international. L’objectif du Programme est de contribuer à l’amélioration de la productivité et de la résilience de la céréaliculture nationale afin de garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le court terme et réduire la dépendance vis à vis des importations des céréales à moyen et long terme.
Le Maroc a importé en blé pour 25,2 milliards DH (2,47 milliards d’euros) à fin juillet 2022, contre seulement 13,4 milliards DH (1,3 milliard d’euros) un an auparavant. Cela est dû à l’augmentation simultanée des prix du blé sur les marchés mondiaux (4 320 DH, soit 411 euros/tonne à fin juillet 2022 contre 2 781 DH, soit 259 euros/tonne à fin juillet 2021) et des quantités importées de +33% par rapport à l’exercice passé. Le ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, avait indiqué que la chute de la production céréalière nationale due à la sécheresse sera de 67% (à 34 millions de quintaux) en comparaison avec l’année dernière. Ceci correspond à une perte de 1,6 million d’hectares sur 3,5 millions d’hectares semés en céréales.
Martin Fregene, directeur du Département de l’agriculture et de l’agro-industrie à la BAD a déclaré à propos « Avec ce nouveau programme, nous partageons une forte ambition, celle de renforcer la performance de la filière céréalière et de consolider sa résilience climatique grâce à une gouvernance renouvelée ». Il a ajouté « Notre appui consolide les précédentes réalisations qui, sur plus d’une décennie, ont permis de faire passer le secteur agricole d’une logique de production à une dynamique de transformation, qui crée beaucoup plus d’emplois en milieu rural ». Pour sa part, Achraf Hassan Tarsim, le responsable-pays de la BAD pour le Maroc a souligné, qu’« En termes d’objectifs, nous voulons atteindre un palier supérieur avec le Royaume. Cet appui va contribuer à accroître la productivité céréalière de 50 %, à réduire les importations de céréales de 20 % à l’horizon 2030 et à augmenter les revenus des agriculteurs. En somme, le projet va créer plus de valeur ajoutée et plus d’emplois pour les jeunes et les femmes en milieu rural ».
Dans la droite ligne des grandes priorités stratégiques de la BAD, dites « High 5 », ce programme soutient la nouvelle stratégie agricole du Maroc, « Génération Green 2020-2030 ». Depuis plus d’un demi-siècle, l’engagement de l’Institution financière multinationale de développement, établie en 1964 dans le but de contribuer au développement et au progrès social des Etats africains, la BAD au Maroc est sans équivoque. Il s’élève à plus de 12 milliards d’euros. Les financements couvrent plusieurs secteurs : santé, énergie, eau, transports, développement humain, agriculture et secteur financier. Le PADCRC s’inscrit dans le cadre de la Facilité aficaine de production alimentaire d’urgence (FAPAU) pour soutenir les pays africains à affronter la crise alimentaire en les accompagnant dans leurs réformes du secteur agricole.
Nul doute que l’Afrique avec le conflit en Ukraine, vit une perturbation de ses approvisionnements alimentaires et se trouve désormais confrontée à une pénurie d’au moins 30 millions de tonnes de denrées alimentaires, en particulier de blé, de maïs et de soja importés naguère des deux pays en guerre. L’urgence des agriculteurs africains est dans le besoin de semences et d’intrants de haute qualité. La FAPAU avec 1,5 milliard de dollars de la BAD est une initiative globale sans précédent, visant à aider les petits exploitants agricoles à combler le déficit alimentaire. Elle fournira en semences certifiées 20 millions de petits exploitants agricoles africains. Elle élargira l’accès aux engrais et leur permettra de produire rapidement 38 millions de tonnes de denrées alimentaires. Cela représente une augmentation de 12 milliards de dollars de la production alimentaire en seulement deux ans.