Haïti : plus de 250 membres de gangs tués par des justiciers autoproclamés depuis avril
264 personnes soupçonnées d’appartenir à des gangs auraient été assassinées par des habitants de l’île ayant décidé de faire justice eux-mêmes.
Au moins 264 personnes soupçonnées d’appartenir à des gangs ont perdu la vie à Haïti depuis le mois d’avril, tuées par des justiciers autoproclamés. La représentante de l’ONU sur place a commenté ces chiffres, s’inquiétant du phénomène dans un pays frappé par les crises sociales et économiques.
« L’apparition de groupes de justiciers autoproclamés ajoute un nouveau niveau de complexité. Depuis avril, le Binuh [Bureau intégré des Nations unies en Haïti, NDLR] a comptabilisé au moins 264 supposés membres de gangs tués par des groupes de justiciers autoproclamés », a déclaré Maria Isabel Salvador devant le conseil de sécurité.
« Une situation humanitaire effroyable »
Face à l’incapacité de la police à faire face à la violence sans précédent des gangs qui contrôlent une majorité du territoire de la capitale Port-au-Prince, des habitants ont décidé de faire justice eux-mêmes, tandis que la communauté internationale n’a toujours pas trouvé de pays pour mener une force d’intervention réclamée par l’ONU et le gouvernement haïtien.
« La population haïtienne est piégée dans un cauchemar éveillé », a commenté plus tôt dans la journée le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. « La situation humanitaire est plus qu’effroyable. Les gangs cruels ont le contrôle de la population d’Haïti », a-t-il ajouté.
Et « il ne peut pas y avoir de solution politique durable et inclusive sans une amélioration radicale de la situation sécuritaire », a insisté le secrétaire général, répétant son appel à envoyer une force internationale pour épauler la police et « démanteler » les gangs.
Cet appel, lancé pour la première fois en octobre 2022, est resté lettre morte. Si quelques pays ont indiqué être prêts à participer, aucun ne s’est porté volontaire pour prendre la tête d’une telle opération dans un pays échaudé par de multiples interventions étrangères.