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Guerre en Ukraine : des démocrates américains demandent à Biden de revoir sa stratégie

Le président américain fait face à des critiques dans son propre camp. Dans le même temps, l’Otan et les Occidentaux tentent de prévenir une « escalade » face aux accusations russes de « bombe sale ».

Après que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté dimanche 23 octobre les accusations de Moscou selon lesquelles Kiev comptait utiliser une « bombe sale », le général Igor Kirillov, en charge au sein de l’armée russe des substances radioactives, des produits chimiques et biologiques, a réitéré ses accusations lundi, affirmant que la fabrication d’une telle bombe par les Ukrainiens, qui accuseraient ensuite la Russie de l’avoir utilisée, était « entrée dans sa phase finale ». L’Otan et les Occidentaux tentent de prévenir une nouvelle escalade.

« Les Alliés de l’Otan rejettent cette allégation. La Russie ne doit pas utiliser cela comme un prétexte à une escalade » du conflit en Ukraine, a tweeté lundi soir le patron de l’Otan, Jens Stoltenberg, après s’être entretenu avec le chef du Pentagone Lloyd Austin et le ministre britannique de la Défense Ben Wallace. Paris, Londres et Washington avaient auparavant fustigé ensemble lundi des déclarations « fausses » de Moscou. Aux Etats-Unis, la pression se fait de plus en plus forte sur Biden, appelé à ajuster sa stratégie en Ukraine.

  • Des élus démocrates appellent Biden à ajuster sa stratégie sur l’Ukraine

Des élus de l’aile gauche du parti démocrate américain ont demandé lundi au président Joe Biden, qui a débloqué des milliards de dollars en aide militaire à l’Ukraine face à l’invasion russe, de démultiplier les efforts diplomatiques et d’engager des pourparlers directs avec Moscou dans un but : une fin rapide à la guerre. C’est la première fois qu’un tel appel émane du propre parti du président.

« Nous vous appelons à accompagner le soutien économique et militaire que les Etats-Unis ont fourni à l’Ukraine d’une impulsion diplomatique proactive, et à redoubler d’efforts pour chercher un cadre réaliste pour un cessez-le-feu », ont dit les élus dans leur lettre, en disant clairement être contre l’invasion « illégale et scandaleuse » de l’Ukraine et que toute solution devrait être approuvée par Kiev. « Mais en tant que législateurs responsables de la manière dont sont dépensés des dizaines de milliards de dollars du contribuable américain en assistance militaire dans le conflit, nous pensons qu’une telle implication dans cette guerre crée également la responsabilité pour les Etats-Unis de sérieusement explorer toutes les voies possibles », ont-ils ajouté. Parmi eux figurent Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan Omar et Pramila Jayapal, figures de l’aile progressiste du parti.

Depuis le début de l’invasion, le gouvernement Biden a déboursé plusieurs dizaines de milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine, avec l’accord des deux partis au Congrès, bien qu’une partie de l’aide droite des républicains ait protesté. Un influent élu républicain a récemment prévenu que son parti ne signerait pas de « chèque en blanc » à l’Ukraine s’il remporte, comme les sondages le prédisent, la majorité des sièges de la Chambre des représentants aux élections de mi-mandat.

  • L’AIEA va inspecter des sites sur place

Le ministre des affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kouleba, a demandé à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), d' »envoyer d’urgence des experts » dans les deux structures où la Russie « prétend trompeusement » que l’Ukraine développe une « bombe sale ». Le chef de l’AIEA, Rafael Grossi, a confirmé une visite « dans les prochains jours » dans un communiqué lundi soir, précisant qu’un des deux lieux avait été inspecté « il y a un mois » et qu' »aucune activité nucléaire non déclarée n’y avait été trouvée ».

Les allégations de « bombe sale » interviennent alors que les forces russes sont en difficulté sur plusieurs fronts en Ukraine, ayant perdu en septembre des milliers de kilomètres carrés dans le Nord-Est et désormais en recul dans la région de Kherson (sud), où les autorités d’occupation russe organisent des évacuations de la population. Le commandement ukrainien a annoncé lundi avoir repris 90 localités au total dans la région de Kherson, l’un des quatre territoires d’Ukraine dont Moscou a revendiqué l’annexion en septembre, et quatre villages dans les régions de Donetsk et Lougansk (est).

  • Visite surprise du président allemand en Ukraine

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier est arrivé à Kiev mardi, a indiqué à l’AFP sa porte-parole, confirmant sa visite surprise en Ukraine. « Je me réjouis de ma rencontre avec le président Volodymyr Zelensky à Kiev et avec la population dans le nord du pays, où je veux me faire une idée de leur vie en pleine guerre, a-t-il dit, selon un texte envoyé par la porte-parole. Mon message aux Ukrainiens: vous pouvez compter sur l’Allemagne! Nous allons continuer à soutenir l’Ukraine : militairement, politiquement, financièrement et sur le plan humanitaire »

Avant de rencontrer M. Zelensky, M. Steinmeier va se rendre dans la petite ville de Korjukiwa, au nord du pays, près de la frontière bélarusse, qui avait été occupée par les troupes russes. Cette ville qui est maintenant libérée doit faire face au froid, alors que ses infrastructures sont détruites. Le président allemand va fournir de l’aide à la commune pour ses infrastructures énergétiques.

  • 165 navires destinés au transport de céréales retardés

L’Ukraine a accusé lundi la Russie de retarder délibérément plus de 165 navires destinés au transport de céréales près du détroit du Bosphore en prolongeant les inspections menées conformément à un accord conclu sur ces livraisons cruciales pour de nombreux pays d’Afrique et d’Asie.

« Depuis le 14 octobre 2022, les inspecteurs russes assignés au Centre de coordination conjoint (JCC) d’Istanbul prolongent significativement l’inspection des navires se dirigeant vers les ports ukrainiens pour recevoir des céréales ou qui ont déjà été chargés et qui sont en route pour leur destination finale », a déploré le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Selon le ministère ukrainien, les retards concernent trois millions de tonnes de céréales destinées à approvisionner 10 millions de personnes. Il a accusé Moscou de « saper la sécurité alimentaire mondiale » et appelé la communauté internationale à faire pression sur Moscou.

  • L’Iran ne restera pas « indifférent » si Moscou utilise ses drones en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré lundi que la Russie avait commandé « environ 2.000 Shaheds iraniens », des drones kamikazes, pour appuyer son invasion de l’Ukraine. Le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian a affirmé dans la foulée que son pays ne resterait pas « indifférent » s’il était prouvé que la Russie utilise des drones de fabrication iranienne en Ukraine.

« Dans la guerre en Ukraine (…) nous sommes contre armer aussi bien la Russie que l’Ukraine, a-t-il expliqué dans des déclarations vidéo publiées par les médias locaux, démentant avoir fourni des armes et des drones à Moscou tout en reconnaissant une coopération de défense entre Téhéran et Moscou. Le ministre iranien a réaffirmé la volonté de son pays de tenir des pourparlers directs avec l’Ukraine à ce sujet, expliquant avoir transmis un message en ce sens au chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE) Josep Borrell.