Guerre en Ukraine : Amnesty accuse la Russie de crimes de guerre à Kharkiv
Selon l’ONG, des centaines de civils ont péri dans des attaques incessantes sur Kharkiv, dont beaucoup ont été menées avec des bombes à fragmentation.
Amnesty International a accusé ce lundi 13 juin la Russie de crimes de guerre en Ukraine. Non pas, cette fois, à Boutcha, près de Kiev, mais à Kharkiv, où des centaines de civils auraient péri sous des tapis de bombes. Au cours d’une enquête approfondie, l’ONG de défense des droits de l’Homme affirme avoir trouvé des preuves montrant que dans sept attaques sur des quartiers de la deuxième ville d’Ukraine, dans le nord-est du pays, les forces russes ont utilisé des bombes à sous-munitions de type 9N210 et 9N235 et des mines à dispersion, deux catégories interdites par des traités internationaux.
Intitulé « Tout le monde peut mourir à tout moment », ce rapport montre comment les forces russes ont tué et provoqué d’immenses dégâts en bombardant sans relâche des quartiers résidentiels de Kharkiv depuis le début de l’invasion de l’Ukraine le 24 février.
L’armée ukrainienne dit avoir été chassée du centre de Severodonetsk
Les troupes russes ont chassé l’armée ukrainienne du centre de Severodonetsk, ville-clé de l’est de l’Ukraine que les deux armées se disputent depuis des semaines, a annoncé ce lundi l’état-major ukrainien. « Avec le soutien de l’artillerie, l’ennemi a mené un assaut à Severodonetsk, a enregistré un succès partiel et repoussé nos unités du centre-ville. Les hostilités se poursuivent », a indiqué l’armée dans son point du matin publié sur Facebook.
Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région de Lougansk – dont Severodonetsk est le centre administratif pour la partie contrôlée par les autorités ukrainiennes – a confirmé que les forces ukrainiennes avaient été repoussées du centre-ville. « Les combats de rue se poursuivent (…) les Russes continuent de détruire la ville », a-t-il écrit lundi matin sur Facebook, en publiant des photos d’immeubles en ruines ou en flammes.
Des bombardements russes ont visé l’usine chimique Azot où s’abritent des civils, et touché des stations d’épuration de la ville, a-t-il ajouté. Dans la ville voisine de Lyssytchansk, trois civils dont un garçon de six ans ont péri dans des bombardements au cours des dernières 24 heures, selon le gouverneur.
La Russie a gagné 93 milliards d’euros via ses exports fossiles en 100 jours de guerre
La Russie a engrangé 93 milliards d’euros de revenus tirés de l’exportation d’énergies fossiles durant les 100 premiers jours de sa guerre contre l’Ukraine, dont une majorité vers l’UE, selon le rapport d’un centre de recherche indépendant publié lundi, et qui épingle particulièrement la France.
Cette publication du Centre for research on energy and clean Air (CREA), basé en Finlande, survient alors que l’Ukraine presse les Occidentaux de rompre tout commerce avec la Russie pour cesser d’alimenter le trésor de guerre du Kremlin. L’Union européenne a récemment décidé d’un embargo progressif – avec des exceptions – sur ses importations de pétrole. Le gaz russe, dont elle est très dépendante, n’est pour l’instant pas concerné.
Les revenus de la Russie proviennent d’abord de la vente de pétrole brut (46 milliards), suivi par le gaz acheminé par gazoducs (24 milliards), puis les produits pétroliers, le gaz naturel liquéfié (GNL) et enfin le charbon. Si certains pays ont fait des efforts importants pour réduire leurs importations (Pologne, Finlande, Pays baltes), d’autres ont au contraire augmenté leurs achats : Chine, Inde, Émirats Arabes Unis ou … la France, selon le CREA. « Tandis que l’UE envisage des sanctions plus strictes contre la Russie, la France a augmenté ses importations, pour devenir le plus gros acheteur de GNL russe dans le monde », souligne Lauri Myllyvirta, analyste du CREA.
Il s’agit d’ailleurs d’achats au comptant et non dans le cadre de contrats de long terme, ce qui signifie que la France a décidé sciemment de recourir à l’énergie russe malgré l’invasion de l’Ukraine, estime le spécialiste.
« Le Poutine que je connaissais était différent »
Il fut le premier chef du gouvernement de Vladimir Poutine. Mais, même dans ses pires cauchemars, Mikhaïl Kassianov n’aurait pu imaginer son ancien chef se lancer dans l’invasion de l’Ukraine. « Le Poutine que je connaissais était différent », assure Mikhaïl Kassianov à l’occasion d’un rare entretien, par visioconférence, avec l’AFP.
Mikhaïl Kassianov, Premier ministre de 2000 à 2004 avant de passer à l’opposition, estime que la guerre pourrait durer jusqu’à deux ans, mais croit toujours que la Russie reprendra un « chemin démocratique » un jour. Agé de 64 ans, l’ancien ministre de Vladimir Poutine, qui a oeuvré au rapprochement entre Moscou et les pays occidentaux, explique qu’il ne pensait pas, comme nombre de Russes, qu’une guerre éclaterait.
Il explique avoir fini par comprendre ce qui se profilait trois jours avant l’invasion, quand Vladimir Poutine a convoqué dans une mise en scène bien ordonnée les membres de son Conseil de sécurité pour une réunion retransmise à la télévision. « Quand j’ai regardé cette réunion du Conseil de sécurité russe, j’ai fini par comprendre que oui, il y aurait une guerre », dit-il.
- Ukraine: connexion rétablie entre la centrale nucléaire de Zaporijjia et l’AIEA
La connexion entre la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia (sud), sous contrôle des Russes depuis début mars, et l’Agence internationale de l’énergie atomique, a été rétablie, ont annoncé Kiev et l’AIEA.
Elle avait été perdue le 30 mai, « lorsque les Russes avaient coupé l’opérateur de téléphonie mobile ukrainien Vodafone à Energodar », site de la centrale, « avec lequel l’AIEA a un contrat de transmission de données », a affirmé l’opérateur ukrainien, Energoatom, dans un communiqué publié samedi soir sur Telegram. L’AIEA a confirmé dimanche soir, dans un communiqué publié sur Twitter, que « le transfert des données » avait pu être restauré « aujourd’hui après une interruption technique de près de deux semaines ».