FIFFS 2025 : «Moon» de l’autrichienne Kurdwin Ayub remporte le Grand Prix
La 18ᵉ édition du Festival international du film de femmes de Salé, qui s’est déroulée du 22 au 27 septembre courant, s’est achevée samedi soir en célébrant la diversité culturelle et la créativité féminine au cinéma. Le Grand Prix a été attribué à «Moon» de la réalisatrice autrichienne Kurdwin Ayub, un film puissant où réalisme social et conte cruel se rencontrent pour explorer la sororité, l’émancipation féminine et les tensions entre cultures.
Dans ce long métrage, la réalisatrice nous plonge dans l’univers de Sarah, coach sportive autrichienne engagée pour encadrer trois jeunes filles issues d’une famille fortunée en Jordanie. Très vite, la somptueuse demeure révèle sa nature de prison dorée, où les barreaux brillent autant qu’ils enferment.
«Moon» se distingue par sa capacité à installer une tension palpable sans recourir à des artifices et sans tomber dans le piège d’un simple film de genre haletant. L’humour noir, subtilement distillé, sert à mettre en lumière la résilience et l’émancipation des femmes, tout en offrant un regard critique sur les dynamiques de pouvoir et les disparités culturelles. La réalisatrice interroge avec finesse la conscience de son héroïne européenne et déjoue les clichés pour explorer deux mondes, deux cultures, où privilèges et détresses coexistent, souvent au détriment des femmes.
L’univers du film est soigneusement construit : un château imposant, trois jeunes filles confinées, une chambre interdite et des geôliers silencieux. Sarah, experte en arts martiaux, devient le catalyseur d’un fragile équilibre entre contrôle et libération. La mise en scène, inspirée et maîtrisée, transforme les espaces lumineux de la demeure en instruments de suspense étouffant, tout en explorant les prisons intérieures que chacun s’impose.
Salué dans plusieurs festivals internationaux, «Moon» a reçu à Salé une reconnaissance méritée pour son audace et sa sensibilité, offrant un récit solaire et troublant sur la sororité, la liberté et les contraintes invisibles qui façonnent nos existences.
Autres distinctions
Le Prix spécial du jury est revenu à «Manas» de Marianna Brennand (Brésil-Portugal) qui révèle un monde d’exploitation et d’abus qui gangrènent la communauté dans laquelle vit Tielle, 13 ans. Le Prix de la première œuvre a été décerné à «L’année de la veuve» de Veronika Lišková (République tchèque-Slovaquie-Croatie).
Côté interprétation, l’actrice norvégienne Helga Guren a remporté le Prix de la meilleure interprétation féminine pour son rôle dans «Loveable» de Lilja Ingolfsdottir (Norvège, 2024).
Helga Guren, qui incarne Maria confrontée à la décision inattendue de son mari de divorcer, a joué un personnage qui se distingue par sa complexité et son humanité : une femme imparfaite, capable de reconnaître ses propres failles et de s’autonomiser sans recourir à des pouvoirs extraordinaires. Ce rôle illustre une démarche de création centrée sur la profondeur psychologique et la sincérité du portrait féminin.
Le Prix de la meilleure interprétation masculine a, lui, été attribué ex æquo à Housam Mohamed, Kader Benchoudar, Mortadha Hasni, Achraf Jamai et Nawed Selassie Said pour leurs performances dans «Les filles désir» de Prïncia Car (France, 2025).
Le Prix parité L’Autre Rive a distingué le film marocain «404.01» du producteur Mohamed Eddarhor.
Dans la compétition «Documentaire», le Grand Prix est allé à «Petit Rempart» de Ève Duchemin (Belgique, 2025), avec une Mention spéciale pour «Mother City» de Miki Redelinghuys et Pearlie Joubert (Afrique du Sud, 2024).
Le jury du Prix jeune public a, quant à lui, primé le court métrage «Frères de Lait» de Kenza Tazi. Pour la catégorie «Long métrage», le Prix est revenu à 404.01 de Younes Reggab, avec une mention spéciale pour «Empreinte du vent» de Layla Triqui (2024). Cette 18ᵉ édition s’est clôturée en confirmant la vocation du FIFFS à mettre en lumière le rôle de la femme dans le cinéma mondial et à valoriser la création marocaine sur la scène internationale.
Source : lematin.ma