Deux regards, un continent : la fusion visuelle de Darem Bouchentouf et Massow Ka
Quand deux regards se superposent : la rencontre entre Darem Bouchentouf et Massow Ka dans une série inédite en double exposition
À l’occasion du Grand Prix de la Photographie 2025, une parenthèse artistique singulière s’ouvre en marge du concours, comme une respiration poétique entre deux continents. Le photographe marocain Darem Bouchentouf, fondateur du Grand Prix, et l’artiste visuel sénégalais Massow Ka, invité d’honneur de cette édition, dévoilent ensemble une œuvre commune en dix volets : une collection en double exposition, fruit d’un échange intime entre deux univers, deux sensibilités, deux imaginaires africains qui se rejoignent et se confondent.

Le projet, intitulé Double Expo, repose sur un principe aussi simple qu’exigeant : chaque artiste a offert à l’autre cinq clichés bruts, tirés de son propre répertoire, sans retouche ni indication. Puis, dans un second temps, chacun s’est emparé des images reçues pour y superposer un fragment de son propre regard, une texture visuelle, un élément symbolique, une matière de lumière ou d’ombre. Ainsi naissent dix œuvres hybrides, dix paysages mentaux où la culture marocaine et l’identité sénégalaise se superposent dans une alchimie photographique unique.
Ce n’est pas un simple exercice de style. C’est une conversation visuelle profonde, un acte de confiance mutuelle entre deux artistes qui acceptent de livrer leur regard à la transformation. Darem Bouchentouf, familier des textures urbaines et du patrimoine revisité, insuffle à certaines scènes sénégalaises une lumière aride, des motifs traditionnels ou une architecture fantasmée. À l’inverse, Massow Ka, fidèle à ses compositions vibrantes et à son approche intuitive du portrait, insère dans les cadres marocains des silhouettes mouvantes, des gestes chorégraphiques, une mémoire sensorielle profondément ancrée dans la matière humaine.

Ce dialogue artistique dépasse les frontières. Il n’est ni marocain ni sénégalais — il est africain au sens le plus noble, enraciné dans la pluralité des héritages et tourné vers un imaginaire de la fusion. À travers Double Expo, on ne regarde pas simplement deux cultures : on assiste à leur métissage visuel, à la naissance d’un troisième territoire, poétique et symbolique, où les palmiers se croisent aux minarets, où les turbans côtoient les boubous, où la mer Atlantique résonne entre Dakar et Essaouira.
Présentée en marge du vernissage du Grand Prix Photo, cette exposition vient rappeler que la photographie n’est pas qu’un concours ou une compétition. Elle est aussi un terrain de jeu, d’expérimentation, de transmission entre artistes. Elle permet de penser ensemble, d’imaginer autrement, de construire des ponts d’images entre des peuples et des récits. Double Expo est un projet rare, autant par sa forme que par sa sincérité. Il s’inscrit pleinement dans la dynamique du Grand Prix, qui vise à valoriser la création visuelle contemporaine africaine, en la plaçant au cœur des grands enjeux culturels d’aujourd’hui.
