« Découverte : 85 Empreintes d’Homo Sapiens de 100 000 Ans au Maroc »
Des traces énigmatiques du passé humain ont été mises au jour sur les rivages nord-ouest du Maroc, révélant ainsi un pan fascinant de l’histoire préhistorique de l’Afrique du Nord et du sud de la Méditerranée. Pas moins de 85 empreintes de pieds d’Homo sapiens, datant du Pléistocène supérieur et vieilles d’environ 100 000 ans, ont été découvertes sur la plage rocheuse de Larache, située sur le littoral nord-ouest du Maroc.
Cette découverte spectaculaire a été dévoilée dans une étude publiée le 22 janvier 2024 dans la prestigieuse revue Scientific Reports, affiliée à la Nature portfolio. L’étude a été menée par une équipe de chercheurs internationaux, dirigée par l’Université Bretagne Sud en France, en collaboration avec des institutions académiques marocaines, allemandes et espagnoles.
A titre de rappel, une équipe internationale, dirigée par le professeur Jean-Jacques Hublin de l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionnaire (Leipzig, Allemagne) et du Collège de France (chaire de Paléoanthropologie), en collaboration avec le professeur Abdelouahed Ben-Ncer de l’Institut national d’archéologie et du patrimoine (INSAP, Rabat, Maroc), avait mis au jour des restes d’Homo sapiens primitifs, des outils en pierre et des restes de faune à Jebel Irhoud1, au Maroc. Ces découvertes ont été datées d’environ 300 000 ans, faisant des fossiles humains de Jebel Irhoud les plus anciennes preuves de notre espèce connues à ce jour, avec un âge supérieur de 100 000 ans par rapport aux plus anciens Homo sapiens précédemment identifiés.
Cela dit, ces empreintes humaines, qui sont les plus anciennes de toute l’Afrique du Nord et du Sud de la Méditerranée, ont été découvertes lors d’une mission de terrain en juillet 2022, dans le cadre d’un projet de recherche scientifique sur les origines et la dynamique des blocs rocheux qui parsèment le littoral sud de la ville de Larache, dans le nord-ouest du Maroc.
L’équipe de scientifiques internationaux, dirigée par le Dr. Mouncef SedratiI de l’Université Bretagne Sud à Vannes, France, a fait cette découverte exceptionnelle à quelques centaines de mètres au nord de leur site d’étude initial. Ces empreintes, composées de pistes et d’empreintes de pieds individuelles, sont réparties sur une surface rocheuse d’environ 2800 mètres carrés et ne sont accompagnées d’aucun autre artefact archéologique ou paléoanthropologique.
L’analyse des empreintes révèle qu’elles ont été laissées sur le flanc marin d’une ancienne barre sableuse, qui constituait la partie supérieure de la plage il y a approximativement 100 000 ans. Leur préservation exceptionnelle est due à un recouvrement rapide par des sédiments fins, pendant une période de faibles conditions de houle et de marnage de la marée.
Des mesures détaillées ont été effectuées sur le terrain en juillet 2022, comprenant des relevés GPS de la position des empreintes, des images aériennes par drone de la surface rocheuse, ainsi que des photographies en haute résolution et des mesures altimétriques des empreintes elles-mêmes. Un échantillon de sédiment a également été prélevé pour une datation par luminescence stimulée optiquement afin de déterminer l’âge des empreintes.
L’analyse morphométrique des empreintes a permis de conclure que celles-ci ont été réalisées par des individus de différentes classes d’âge, de l’enfance à l’âge adulte, présentant une grande variation de taille, allant de 121 à 189 centimètres. Cette découverte remarquable confirme l’importance de l’Afrique du Nord, en particulier du Maroc, dans l’histoire de l’évolution humaine. Le site des empreintes de Larache, daté à environ 90 000 ans, est l’un des plus grands et des mieux préservés au monde pour cette période du Pléistocène supérieur. Il s’agit également du seul site documenté en Afrique du Nord et au sud de la Méditerranée.
Cependant, ce trésor préhistorique est menacé par l’élévation du niveau de la mer et les tempêtes, ce qui rend crucial sa préservation à court terme. Il est fort probable que de nouvelles empreintes seront découvertes à mesure de l’érosion des sédiments, permettant ainsi de mieux comprendre le groupe d’Homo sapiens qui fréquentait la côte de Larache il y a près de 100 000 ans. Une page de l’histoire humaine continue ainsi de s’écrire, tout en rappelant la fragilité de ces témoins du passé.
Le Maroc confirme sa position en tant que terre fertile pour les découvertes scientifiques. Récemment, des chercheurs de l’Université de Bath ont mis en lumière une nouvelle espèce de mosasaure, un lézard marin qui remonte à l’ère des dinosaures, doté de caractéristiques dentaires singulières. Cette trouvaille vient enrichir la compréhension de l’évolution de ces reptiles marins avant leur extinction il y a 66 millions d’années.
Dans le domaine de la paléontologie, une découverte d’importance majeure a récemment vu le jour au Maroc, mettant en lumière deux nouvelles espèces de dinosaures qui précédaient le redoutable T. rex. Ces créatures, membres primitifs de la famille des Abelisauridae, cousins du célèbre T. rex, ont été identifiées par des scientifiques marocains, élargissant ainsi notre connaissance sur la diversité des dinosaures en Afrique peu de temps avant leur extinction massive, il y a environ 66 millions d’années.
Source : fr.hespress.com