Techonologie

«C’est comme le Twitter d’avant Musk» : les premiers jours en Europe de Threads, la riposte de Meta à X

Les internautes tentent de créer un espace de discussion bienveillant sur ce nouveau réseau social lancé il y a une semaine, et étroitement lié à Instagram.

Une page blanche prête à être griffonnée à souhait. Pour un nouveau réseau social, les premiers jours sont toujours cruciaux, voire révélateurs. Surtout quand celui-ci est en concurrence directe avec un autre géant du web. Les premiers pas en Europe de la nouvelle plateforme de Meta, Threads, sont prometteurs, avec 2,6 millions d’utilisateurs inscrits sur les trois premiers jours de lancement.

Depuis son lancement le 14 décembre dernier, ce réseau social de «microblogging» semblable à X (ex-Twitter) est l’application la mieux classée sur l’App Store et Google Play en France. Les internautes prennent petit à petit leurs marques dans ce nouvel écosystème, comme en terre à moitié connue.

Threads, X : même interface, deux philosophies

«On se croirait à la rentrée des classes dans un nouveau collège et personne ne sait quoi dire», ironisent les toutes premières publications sur Threads. Dans les premiers jours du lancement européen, les quelque 440.000 utilisateurs français tâtonnent, ne savent pas vraiment comment agir, à qui parler ou même de quoi parler. Petit à petit, le réseau se remplit avec des personnalités du web déjà bien connues, comme les youtubeurs et streamers Antoine Daniel et Maxime Biaggi, qui retrouvent facilement leur communauté d’abonnés.

Et pour cause : le réseau est directement relié à son grand frère Instagram, qui réunit à lui seul plus de 2 milliards d’utilisateurs, dont 38,9 millions en France. En un clic, il est possible de s’abonner directement au compte Threads d’une personne, d’un créateur de contenu, d’une célébrité ou d’une entreprise que l’on suit déjà sur Instagram.

Le lancement de la plateforme a été retardé afin de l’adapter à la nouvelle réglementation de l’Union Européenne sur les marchés numériques, le Digital Markets Act. Mais le timing pour Threads n’en est que meilleur. Son rival X (ex-Twitter) est dans la tourmente, visé par une enquête formelle de l’UE et victime d’une panne de deux heures ce 21 décembre. Une opportunité pour Threads de s’en éloigner dans l’esprit, autant qu’il lui ressemble sur la forme.

«Twitter mais en plus bienveillant»

«C’est la dynamique d’Instagram, tout en étant 100% comme X dans la pratique : poster des petites phrases, des photos, faire des blagues ou des mèmes», témoigne Anaïs Sigoigne, créatrice de contenus qui compte une communauté de 46.000 personnes sur Instagram. «Il n’y a pas encore ce côté négatif de X, avec le harcèlement et les messages haineux, celui qui fait que je l’ai quitté parce que je n’y trouvais plus d’intérêt.»

Le jour de lancement, Anaïs Sigoigne a rejoint le nouveau réseau social de Meta pour y retrouver ses abonnés et partager avec eux ses pensées et son quotidien avec plus de proximité. Ainsi, 1500 de ses abonnés l’ont désormais rejointe. «Je regarde la Star Academy, je poste dessus et ne vois que des publications à propos de ça dans mon fil d’actualité, c’est pratique et ça rassemble les gens avec les mêmes intérêts», s’enthousiasme-t-elle. Et ce, grâce à la même logique d’algorithme que celui de son grand frère Instagram.

«Threads est semblable à Twitter mais en plus bienveillant, c’est le Twitter d’avant Musk», considère l’influenceuse. Et la «positivité» est justement le maître-mot martelé par les grosses têtes de Meta depuis la naissance de son petit nouveau. Comme une étiquette collée sur le front, la «bienveillance» est brandie en étendard pour se différencier de l’image négative de X, marqué par des débats houleux, des invectives, mais aussi du harcèlement et des insultes gratuites. À cela s’ajoute une vague de licenciement des équipes de modération depuis le rachat du réseau social par le milliardaire Elon Musk.

«Notre vision avec Threads est de prendre ce qu’Instagram fait de mieux et de l’étendre au texte, en créant un espace positif et créatif pour exprimer vos idées. Tout comme sur Instagram, avec Threads vous pouvez suivre et vous connecter avec des amis et des créateurs qui partagent vos intérêts » explique ainsi Meta.

«Je l’attendais pour partir de X»

Les utilisateurs ne manquent pas de relever les quelques différences. Alexandre Poirier, 29 ans, est un «ancien de Twitter, inscrit sur la plateforme depuis 2010». Il a installé Threads par «simple curiosité, pour voir à quoi ça ressemblait. Et je n’ai pas été déçu. Pas de publicité, pas de fioritures, c’est propre, simple et c’est agréable de repartir de zéro, de trouver une nouvelle communauté, de rencontrer de nouvelles personnes.»

Source : lefigaro.fr