Canicule, sécheresses, inondations… 900 millions de personnes pauvres directement exposées aux chocs climatiques alerte l’ONU
La COP30 au Brésil en novembre « doit être l’occasion pour les dirigeants mondiaux de considérer l’action climatique comme une action contre la pauvreté », estime le chef du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Près de 80 % des pauvres dans le monde, soit près de 900 millions de personnes, sont en plus directement exposés à des aléas climatiques renforcés par le réchauffement de la planète, un « double fardeau » sur lequel alerte l’ONU vendredi.
Canicule, sécheresses, inondations… « Personne n’est épargné par les impacts de plus en plus forts et fréquents du changement climatique (…), mais les plus pauvres d’entre nous sont le plus durement touchés », commente Haoliang Xu, patron par intérim du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Le PNUD et le centre de recherche Initiative d’Oxford sur la pauvreté et le développement humain (OPHI) publient chaque année l’Indice mondial de pauvreté multidimensionnelle, qui brasse désormais des données de 109 pays où vivent 6,3 milliards de personnes.
Stagnation de la pauvreté multidimensionnelle
Cet indice prend en compte des indicateurs comme la malnutrition, la mortalité infantile, mais aussi le manque de logements adéquats, de systèmes d’assainissement, d’électricité, ou d’accès à l’éducation. Selon leurs conclusions, 1,1 milliard de personnes vivaient en 2024 dans une pauvreté multidimensionnelle « aiguë », dont la moitié de mineurs.
Les chiffres, similaires à ceux de l’année précédente, témoignent également d’une tendance à la stagnation de cette pauvreté multidimensionnelle, illustrée dans le rapport par la famille de Ricardo.
Membre de la communauté indigène guarani, il vit à Santa Cruz de la Sierra, en Bolivie, avec sa femme, ses trois enfants, ses parents, sa soeur divorcée et ses enfants. Au total 19 personnes, un seul petit logement, une seule salle de bain, des revenus rares, une cuisine au bois et au charbon, aucun enfant scolarisé.
« Un problème mondial »
Deux régions sont particulièrement touchées par cette pauvreté : l’Afrique sub-saharienne (565 millions de pauvres) et l’Asie du Sud (390 millions), en outre très vulnérables aux impacts du changement climatique.
Dans ce contexte, à quelques semaines de la COP30, le PNUD et l’OPHI ont voulu cette année mettre en lumière le « chevauchement » entre cette pauvreté et l’exposition à quatre risques environnementaux : chaleur extrême (au moins 30 jours dépassant 35°C), sécheresse, inondations et pollution de l’air (concentration de particules fines).
Résultat, 78,8 % de ces populations pauvres (887 millions de personnes) sont exposés directement à au moins une de ces menaces, avec la chaleur extrême arrivant en tête (608 millions), devant la pollution (577), les inondations (465) et la sécheresse (207).
651 millions sont exposés à au moins deux des risques, 309 millions à trois ou quatre risques, et 11 millions ont même déjà subi les quatre en une seule année. « La concomitance de la pauvreté et des aléas climatiques est clairement un problème mondial », insiste le rapport.
Et la multiplication des événements climatiques extrêmes menace les progrès de développement. Ainsi, l’Asie du Sud a prouvé son « succès » en matière de lutte contre la pauvreté mais, avec 99,1 % de sa population pauvre exposée à au moins un aléa climatique, la région « doit une fois encore tracer un nouveau chemin, équilibrant réduction déterminée de la pauvreté et action climatique innovante ».
Source : leparisien.fr