Arm devrait dévoiler son propre CPU dès cet été, Meta parmi les premiers clients
Derrière des milliards de puces se cache le discret concepteur Arm, propriété du conglomérat japonais SoftBank. Un changement de taille pourrait bientôt le propulser sur le devant de la scène : il devrait présenter son premier prototype de CPU pour serveur dès l’été prochain, qu’il vendra directement aux entreprises. Meta fait partie des premiers clients sécurisés.
Le concepteur de puces britannique avance dans son projet de CPU à destination du client final. Annoncé pour la première fois en mai 2024, l’idée de développer ses propres puces (plutôt que de vendre ses microarchitectures à des partenaires) fait son petit bonhomme de chemin chez ARM, même si le calendrier semble avoir été réajusté.
Selon des personnes au courant du dossier interrogées par le Financial Times, il faudra attendre l’été 2025 pour voir le premier prototype, soit quelques mois de plus par rapport à la date initiale annoncée l’an dernier par Nikkei Asia.
Meta sécurisé dans le portefeuille client
Le CPU d’Arm sera destiné aux serveurs de grands centres de données et conçu sur une base qui pourra être personnalisée pour des clients comme Meta, selon les sources proches du projet. Arm rentre ce faisant en concurrence directe avec des entreprises comme Qualcomm, Ampere Computing ou même Nvidia, qui utilise des CPU Arm customisés en complément de ses GPU. Traditionnellement, Arm ne fournit ses processeurs que sous forme de base technologique que ses partenaires peuvent modifier pour les vendre au client final, ou réutiliser tels quels. Ils sont disponibles en complément des jeux d’instruction de l’architecture Arm, dont il est aussi propriétaire.
Tous les les CPU mobiles sont aujourd’hui sur base Arm, et l’architecture gagne aussi du terrain sur le marché des ordinateurs personnels et des serveurs. Apple est passé à Arm pour ses Mac il y a quelques années et Qualcomm et Microsoft essaient de l’imposer pour Windows. Côté serveur, quand les géants du cloud (Amazon, Google, Microsoft) développent leurs propres CPU, il s’agit là encore de processeurs Arm. L’entreprise britannique a décidé il y a quelques années de mettre ses propres CPU sur le marché, rentrant ce faisant en concurrence directe avec ses partenaires historiques.
Arm étant fabless, la production sera externalisée à un fabricant comme TSMC ou Samsung. Le fait que Meta ait été sécurisé comme l’un de ses premiers clients marque un changement radical : ce dernier travaillait jusqu’à présent avec Intel et AMD. Lors de de la publication des résultats financiers pour l’année 2024, Susan Li, directrice financière de Meta, a déclaré que l’entreprise allait « étendre ses efforts en matière de silicium personnalisé aux charges de travail d’entraînement de l’IA » afin d’optimiser l’efficacité et les performances en adaptant ses puces à ses propres besoins.
SoftBank place ARM au coeur de sa stratégie IA
SoftBank, qui détient 90% d’Arm, mise sur ce changement de stratégie pour construire un réseau d’infrastructures dédiées à l’IA générative et grapiller des parts de marché. Grisé par le succès de Nvidia, le conglomérat japonais veut sa part du gâteau enchaîne les annonces autour de l’IA. Il y a quelques semaines, son patron Masayoshi Son s’est fait remarquer aux côtés de Sam Altman, CEO d’OpenAI, et Larry Ellison, président et CTO d’Oracle, lors de la présentation du projet Stargate à la Maison-Blanche.
Une initiative dans laquelle OpenAI et SoftBank prévoient d’investir 500 milliards de dollars pour développer des infrastructures d’IA. Si les termes de l’accord ne sont pas très clairs, certaines sources affirment que 100 milliards de dollars devraient être injectés directement, les 400 restants seront étalés sur les quatre prochaines années. Il n’est cependant pas précisé dans quelle mesure est impliqué le gouvernement américain.
En parallèle, la rumeur court toujours sur l’acquisition d’Ampere, concepteur de puces pour serveurs basé sur l’architecture Arm et soutenu par Oracle, dont la valorisation pourrait atteindre 6,5 milliards de dollars. Pour SoftBank, ce rachat serait considéré comme un élément central du projet d’Arm.
Source : usine-digitale.fr