Techonologie

Après l’accord passé avec Meta, Scale AI pourrait bien voir ses clients lui tourner le dos

Si l’accord passé avec Meta assure à Scale AI un financement massif, il menace aussi son statut de fournisseur tiers neutre. La réaction de ses grands comptes – Google en tête – sera déterminante pour son revenu 2025-2026. D’autres entreprises clientes pourraient lui emboîter le pas et décider de couper les ponts, à l’instar d’Amazon et Nvidia, à la fois investisseurs et clients de la start-up.

Il arrive que sceller des accords avec certaines entreprises amène d’autres relations à se finir brutalement. Cela pourrait être le cas de Scale AI et de certains de ses clients. Petite remise en contexte : le 12 juin dernier, la start-up de data-labelling a officialisé un accord avec Meta. Ce dernier s’est ainsi emparé de 49% du capital (environ 14 milliards de dollars) et a recruté le fondateur et dirigeant de la start-up Alexandr Wang pour diriger une équipe orientée « super-intelligence » au sein d’un nouveau laboratoire d’intelligence artificielle.

Une vague d’inquiétude traverse les Big Tech

S’en est suivie une une vague d’inquiétude chez plusieurs clients concurrents du géant des réseaux sociaux qui craignent la perte de confidentialité de leurs données, le travail de Scale AI portant en effet sur le data-labeling qui implique souvent la remise de prototypes ou de jeux de tests confidentiels. Google a été le premier client à réagir : il prépare une rupture complète de contrat équivalent à 200 millions de dollars pour cette année.

Sa peur est fondée : si Meta a développé plusieurs modèles d’IA, il n’en reste pas moins que ceux de Google sont autrement plus appréciés et utilisés. Son plus proche concurrent, Microsoft, opte pour sa part pour un « back-off » progressif et examine des alternatives comme Labelbox. Le géant de Redmond partage l’inquiétude de Google quant au respect de la confidentialité autour de Copilot et des derniers modèles d’OpenAI que le géant exploite, incluant GPT-4o.

D’ailleurs, OpenAI, également client de Scale AI, avait commencé à réduire la voilure plusieurs mois avant l’accord et le retrait pourrait s’amplifier, misant ainsi sur une diversification et le développement d’équipes de data-labeling internes. Enfin, xAI, la start-up d’intelligence artificielle d’Elon Musk, reconsidère son partenariat, redoutant l’exposition de ses travaux sur Grok à Meta. A raison, puisque Grok est présent depuis peu sur le réseau social X et pourrait tout à fait servir d’exemple pour Meta avec ses propres plateformes.

Les investisseurs historiques pourraient eux aussi évaluer leur position

Il ne s’agit pas des seules entreprises concernées. Les investisseurs historiques de la start-up ayant aussi besoin de ne pas se retrouver face à Meta, à l’instar d’Amazon, AMD, Cisco, Intel, Nvidia, Qualcomm, ServiceNow qui ont largement investi dans l’entreprise par le passé via leurs fonds. Meta fait d’ailleurs partie de la liste : la firme était déjà entrée au capital lors de la série F (1 milliard de dollars en mai 2024), mais son emprise restait alors minoritaire et sans gouvernance.

L’accord annoncé la semaine dernière a donc ouvert la porte à un conflit d’intérêt direct, Meta concurrençant tous ces laboratoires sur les modèles d’intelligence artificielle. Reste une issue possible pour les clients actuels de Scale AI : l’éventualité d’une clôture réglementaire. Même sans contrôle majoritaire, le DOJ ou la FTC pourraient encore ouvrir une enquête antitrust.

Source : L’usine digitale