Techonologie

Après Google Cloud et AWS, Microsoft supprime les frais de sortie sur Azure

Microsoft a annoncé qu’il allait mettre fin aux frais de sortie imposés à ses clients professionnels sur sa plateforme cloud Azure. Une mesure principalement justifiée par le groupe pour soutenir “le choix du client”. En réalité, cette suppression lui permet de se conformer à la réglementation européenne et de répondre aux suspicions de comportement anticoncurrentiel, après avoir essuyé quelques plaintes.

“Nous soutenons le choix du client, y compris le choix de migrer vos données hors d’Azure” : dans un court communiqué publié le 13 mars, le géant de l’informatique Microsoft emboîte le pas à ses concurrents Google Cloud et Amazon Web Services (AWS), en supprimant les frais de sortie sur sa plateforme cloud. Les clients d’Azure n’auront alors plus à payer lorsqu’ils souhaitent transférer leurs données sur d’autres plateformes, qu’il s’agisse de fournisseurs de cloud ou de datacenters. Selon les derniers chiffres publiés l’année dernière, Google Cloud, AWS et Microsoft Azure accaparent 71% du marché français du cloud.

Huit jours après la suppression des frais de sortie d’AWS

Jusqu’à l’année dernière, les géants du cloud autorisaient le déplacement gratuit des données vers leur cloud, mais pas depuis leur cloud vers un autre emplacement. Une mesure qui enfermait certains utilisateurs dans la plateforme, qui n’étaient pas motivés pour en sortir. La firme de Redmond proposait déjà gratuitement la sortie de données vers un autre fournisseur dans la limite de 100 Go, du moment qu’il ne s’agissait pas de la totalité de leurs données. Cette mesure était notamment utilisée par les entreprises pour analyser une partie de leurs données en interne.

Le 11 janvier, Google Cloud a été le premier grand acteur du cloud computing à supprimer les frais de sortie pour ses clients. AWS a suivi le même chemin le 5 mars, annonçant la gratuité des frais pour “promouvoir le choix des clients”.

Mais le réel intérêt se joue ailleurs. Microsoft évoque, à la fin de son communiqué, que “l’exonération des frais de transfert de données vers Internet est également conforme à la loi européenne sur les données”. C’est même la raison principale de cette décision, selon de nombreux spécialistes. Microsoft fait référence au Data Act, entré en vigueur en janvier et qui sera mis en application en septembre 2025. Son article 27 prévoit la suppression progressive des frais de sortie, dont la facturation sera entièrement interdite à compter de janvier 2027.

Éviter les accusations de pratiques anticoncurrentielles

Au niveau national, le projet de loi “Sécuriser et réguler l’espace numérique” (SREN), adopté par l’Assemblée nationale en octobre, envisage également d’interdire ces frais de transfert de données lors d’un changement de fournisseur. Il prévoit des sanctions à hauteur d’un million d’euros, voire deux millions d’euros en cas de récidive. Pour l’heure, le projet patine : en janvier, la Commission européenne a rendu un avis circonstancié estimant que la loi SREN empiétait sur le Digital Services Act (DSA). Le passage du projet de loi en commission mixte paritaire est attendu pour le 26 mars.

En supprimant les frais de sortie, Microsoft s’épargne aussi de futures accusations de son rival Google, notamment pour pratiques anticoncurrentielles. Après une enquête ouverte en 2022 par la Commission européenne, la firme de Mountain View avait accusé Microsoft, en mars 2023, d’avoir un “comportement anticoncurrentiel”. Elle lui reprochait aussi de faire de la vente liée entre son cloud et sa suite bureautique Office, avec des tarifs plus élevés en cas d’exploitation par les clients de ses services sur des plateformes de cloud concurrentes. En juin, Google avait déposé plainte auprès de la Federal Trade Commission (FTC), puis en fin d’année dernière auprès de l’autorité de la concurrence britannique.

Une annonce et quelques réserves

Microsoft semble ainsi s’aligner avec ses concurrents… mais cette annonce pose quelques limites. Tout d’abord, la suppression des frais ne s’applique qu’aux clients décidant de résilier leur contrat sur le cloud Azure. Le client doit alors transférer ses données, annuler son abonnement à Azure et ensuite seulement, il obtiendra un remboursement sur les frais de sortie. Une mesure qui ne concerne donc pas des entreprises ayant une stratégie de cloud multiple ou hybride, qui devront toujours payer des frais de sortie au-delà des 100Go mensuels accordés gratuitement.

En outre, les données dont les frais de sortie seront supprimés ne peuvent concerner que le stockage, explique une page d’aide de la plateforme cloud. Cela signifie que les transferts de données depuis d’autres services, comme le réseau de distribution de contenu Azure CDN (Content Delivery Network) et ExpressRoute, qui permet de créer des connexions entre les datacenters Azure et les infrastructures, seront toujours soumis à des frais.

Source : usine-digitale.fr