Culture

Littérature. Les bonnes feuilles de «La poule et son cumin» par l’auteure Zineb Mekouar

Zineb Mekouar publie son premier roman «La poule et son cumin», l’histoire d’une amitié qui transcende les barrières sociales de la petite enfance à l’âge adulte. Deux Marocaines, deux existences qui s’entrecroisent, entre la fille bien-née qui part étudier à Paris et celle que la modeste condition contraint à ne pouvoir qu’en rêver. En voici les bonnes feuilles sélectionnées par cette jeune auteure de 31 ans.

« Lorsqu’elles ne chassent pas les papillons, qu’elles ne jouent pas à la malade et au docteur, qu’elles ne dansent pas sur de la musique chaâbi, qu’elles ne courent pas après le chat des voisins pour lui tirer la queue, elles s’allongent dans l’herbe, près des hortensias, et font des projets de vie en regardant le bleu du ciel.

— Qui seras‐tu, plus grande?
— Médecin pour pauvres.
— Pourquoi pour pauvres?
— Parce qu’il y en aura toujours, je ne serai jamais au chômage.
Kenza se retourne vers les grands yeux, aussi bleus que l’horizon.
— Tu seras le meilleur médecin de Casablanca.
Elle le pense peut‐être, le dit surtout pour faire apparaître cette lumière dans le regard de Fatiha.
— Et toi, qui voudras‐tu être, plus tard?
— Je ne sais pas, elle m’angoisse ta question. Regarde, le ciel se couvre. Tu penses qu’il va pleuvoir?
— Il devrait faire toujours beau, le samedi.
— Viens, on rentre, j’ai reçu une goutte sur le front.
— Attends, attends encore un peu. Dis, on est comme des sœurs,