Techonologie

La justice française ouvre une enquête sur l’assistant Siri d’Apple

Ce logiciel est accusé par la Ligue des droits de l’Homme d’avoir exploité des milliers d’enregistrements d’utilisateurs à leur insu. Apple s’est toujours défendu de telles pratiques.

Siri, l’assistant vocal d’Apple, a-t-il collecté des milliers d’enregistrements d’utilisateurs d’iPhone à leur insu ? C’est à cette question que doit répondre la justice française. Selon le média Politico, une enquête sur ce sujet a été ouverte auprès du parquet de Paris.

La procédure, qui a été confiée à l’Office anti-cybercriminalité (OFAC), fait suite à un signalement de la Ligue des droits de l’Homme. Mi-février, l’association avait déposé une plainte, doublée d’un signalement contre Apple, l’accusant de « violations de la vie privée et de données personnelles sensibles » via son assistant vocal.

Une action qui intervient à la suite des révélations de Thomas Le Bonniec, 30 ans, qui a brièvement travaillé en 2019 pour un sous-traitant d’Apple basé à Dublin (Globe Technical Services) avant de devenir lanceur d’alerte. Son travail consistait à écouter et retranscrire des enregistrements captés par Siri, qui s’active quand l’utilisateur d’iPhone dit «Hey Siri», dans le but de rendre l’IA de cet assistant plus performante dans sa compréhension orale.

Selon lui, ces audios de Siri, «parfois très intimes ou violents», avaient alors été « collectés, enregistrés et analysés sans le consentement des utilisateurs ». Certains comportaient des données à caractère personnelles sensibles, selon la Ligue des Droits de l’homme. Cela constituerait une violation du Règlement général sur la protection des données (RGPD), entré en vigueur en 2018, qui exige un consentement éclairé des utilisateurs pour la collecte de leurs données personnelles ainsi qu’une loyauté dans le traitement des données.

Apple se défend

La Ligue des droits de l’Homme avait alors saisi la procureure de la République, près le tribunal judiciaire de Paris, d’une plainte relative au « traitement illicite des données personnelles », et d’un signalement concernant « l’atteinte à l’intimité de la vie privée et les pratiques commerciales trompeuses ». La procédure doit permettre « de répondre à des questions pressantes », a déclaré Thomas Le Bonniec, interrogé par Politico, qui a décidé de faire appel à la justice après avoir saisi sans succès la CNIL et son homologue irlandaise.

« Apple n’a jamais utilisé les données Siri pour établir des profils marketing, ne les a jamais rendues disponibles pour la publicité et ne les a jamais vendues à qui que ce soit, pour quelque raison que ce soit, a réagi ce lundi Apple, contacté par Le Figaro, sans confirmer à ce stade l’ouverture d’une enquête. Nous n’avons cessé de développer des technologies qui rendent Siri encore plus privé, et nous continuerons de le faire ».

En janvier dernier, Apple écrivait ne pas garder « les enregistrements audio des interactions avec Siri, à moins que l’utilisateur ne donne explicitement son accord ». En 2019, l’entreprise avait annoncé des changements dans le fonctionnement de Siri, « en rendant, notamment, la participation au programme d’amélioration du logiciel optionnelle, et en cessant de conserver les enregistrements déclenchés de manière accidentelle ».

Source : lefigaro.fr