Zapad 2025 : la Russie et la Biélorussie défient l’Otan aux portes de la Pologne
Exercice militaire régulier entre Moscou et Minsk, cette édition 2025 se tient dans un contexte de fortes tensions avec la Pologne.
Quelques jours à peine après l’incursion, volontaire ou intentionnelle, d’une dizaine de drones russes en Pologne, les forces armées russes et biélorusses vont, du 12 au 16 septembre, mener le Zapad (Ouest, en russe) 2025 en Biélorussie. Cet exercice militaire de grande ampleur, hérité de la période soviétique, est résolument tourné vers l’ennemi de l’Ouest. En réponse, la Pologne a d’ores et déjà fermé sa frontière et va mener son propre exercice, en coopération avec l’Otan, et avec près de 40 000 soldats. La Lituanie a, elle, renforcé sa présence militaire à sa frontière avec la Russie.
Dès août, le président biélorusse Loukachenko a indiqué que les manœuvres, initialement prévues proches des frontières, auraient lieu en profondeur dans le territoire biélorusse. « Nous poursuivons un seul objectif : vous empêcher de nous accuser de préparer la coupure du corridor de Suwalki et de nous emparer des trois républiques baltes dans un premier temps, puis de la Pologne. C’est une absurdité totale », expliquait le dirigeant au magazine Time.
« Exercices de routine »
Cette bande de terre de 85 km est une frontière commune entre la Pologne, au sud-ouest, et la Lituanie, au nord-est, encadrée par l’oblast russe de Kaliningrad à l’ouest et la Biélorussie à l’est. Dans des scénarios de guerre, en occupant le corridor, les forces russes et biélorusses couperaient l’accès par la terre aux pays Baltes, qui se retrouveraient isolés.
« Des exercices auront effectivement lieu. Ce sont des exercices de routine, qui ne visent personne d’autre. Il s’agit de poursuivre la coopération en matière de défense et d’améliorer les interactions entre deux alliés stratégiques », a expliqué de son côté Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, jeudi 11 septembre. Selon l’agence de presse russe Tass, « les troupes prévoient notamment de s’entraîner à repousser les frappes aériennes et à combattre les groupes de sabotage ennemis, ainsi qu’à utiliser des armes nucléaires et le tout nouveau système de missiles balistiques à moyenne portée Oreshnik ». C’est ce type de missile, pouvant évoluer à la vitesse de Mach 10, que la Russie avait tiré contre l’Ukraine en novembre dernier.
Vitrine de la puissance militaire russe, les exercices Zapad, régulièrement organisés depuis 2009 sous l’égide de Vladimir Poutine, alignaient un nombre pléthorique de chars et de blindés fonçant à travers des explosions savamment chorégraphiées, le tout sous l’œil d’observateurs de nombreux pays. Ils ont, depuis l’invasion de l’Ukraine, quelque peu perdu de leur superbe. En 2021, 50 000 à 60 000 soldats avaient participé à Zapad, dont certaines des unités les plus prestigieuses, comme la 1ʳᵉ armée blindée de la Garde et 4 000 parachutistes issus de quatre divisions aéroportées. Ces derniers se retrouveront quelques mois plus tard en première ligne dans la tentative ratée de capturer l’aéroport d’Hostomel, près de Kiev. En 2023, l’exercice avait été purement et simplement annulé. Cette année, environ 25 000 soldats devraient participer à Zapad 2025. Seuls 200 militaires étrangers sont attendus, dont 65 soldats indiens, un contingent du Bangladesh, ainsi que des soldats iraniens.
Source : lepoint.fr