Israël mène des frappes au Qatar contre des responsables du Hamas
Six personnes ont été tuées dans l’attaque qui aurait visé une réunion des négociateurs pour un cessez-le-feu à Gaza. Aucun d’entre eux n’a été tué, selon le mouvement islamiste.
Israël a annoncé avoir ciblé, mardi 9 septembre, des responsables du Hamas dans des frappes à Doha, mais le mouvement islamiste palestinien a assuré que les négociateurs visés avaient survécu tout en faisant état de six morts dans l’attaque, la première du genre au Qatar.
Les Etats-Unis, alliés à la fois du Qatar et d’Israël, ont critiqué l’attaque israélienne, le président Trump exprimant sa contrariété. « Je ne suis pas ravi », « je suis très mécontent », a déclaré le président américain, interrogé sur les frappes à Doha par des journalistes mardi soir. Il a affirmé qu’Israël n’avait pas prévenu les Etats-Unis à l’avance, même si son administration avait été avertie « par l’armée américaine », selon la Maison Blanche.
« Nous n’agissons pas toujours selon les intérêts des Etats-Unis. Nous sommes coordonnés [avec Washington], ils nous apportent un soutien incroyable, nous l’apprécions, mais parfois nous prenons des décisions et nous en informons les Etats-Unis », a expliqué mercredi matin l’ambassadeur israélien à l’ONU, Danny Danon, à la radio israélienne 103 FM. La frappe sur Doha mardi n’« était pas une attaque contre le Qatar, c’était une attaque contre le Hamas » et « cette décision était la bonne », a-t-il ajouté.
Le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d’une trêve à Gaza, a démenti avoir été prévenu à l’avance par les Etats-Unis. Plusieurs pays arabes, la Turquie, l’Union européenne, et plusieurs Etats européens, dont la France, ont condamné les frappes israéliennes à Doha, la Commission européenne dénonçant un acte qui « viole le droit international ».
L’émirat « se réserve le droit de riposter à cette attaque flagrante », a déclaré le premier ministre qatari, Mohammed Ben Abderrahmane Al Thani. « Nous pensons qu’aujourd’hui nous sommes arrivés à un moment charnière. Il doit y avoir une réponse de toute la région », a ajouté le dirigeant, assurant toutefois que son pays continuerait de jouer le rôle de médiateur dans la guerre à Gaza. Le pays du Golfe, qui abrite la plus grande base américaine de la région, accueille le bureau politique du Hamas depuis 2012, avec la bénédiction des Etats-Unis.
Mort du fils du négociateur en chef du Hamas
Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, Israël a tué plusieurs chefs et hauts responsables du mouvement dans le territoire palestinien, en Iran et au Liban.
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a déclaré avoir ordonné les frappes après un attentat, revendiqué par le Hamas, qui a fait six morts, lundi, à Jérusalem-Est. M. Nétanyahou « a donné instruction à toutes les agences de sécurité de se préparer à la possibilité de cibler les dirigeants du Hamas. Aujourd’hui, en raison d’une opportunité opérationnelle (…) lui et le ministre de la défense ont décidé de mettre en œuvre la directive », a précisé son bureau dans un communiqué.
« L’armée et le service de sécurité intérieure ont mené une frappe ciblée contre les membres de la direction de l’organisation terroriste Hamas », selon un communiqué militaire.
Un responsable du Hamas ayant requis l’anonymat a dit que l’attaque avait « ciblé une réunion des négociateurs du Hamas à Doha, où ils discutaient de la proposition du président Trump d’un cessez-le-feu à Gaza ». Le mouvement palestinien a affirmé que « l’ennemi n’avait pas réussi à assassiner les membres de la délégation chargés des négociations » mais a fait état de six morts : le fils du négociateur en chef du Hamas, Khalil Al-Hayya, le chef de son bureau et trois gardes du corps, ainsi qu’un policier qatari.
« Le fait de prendre pour cible les négociateurs au moment même où ils discutent de la dernière proposition de Trump confirme que Nétanyahou et son gouvernement ne souhaitent parvenir à aucun accord et cherchent délibérément à faire échouer les efforts internationaux, sans se soucier de la vie de leurs prisonniers [les otages israéliens] », a affirmé le Hamas.
Le mouvement islamiste palestinien a réitéré ses exigences en vue d’un cessez-le-feu : « L’arrêt immédiat des agressions contre notre peuple, le retrait complet de l’armée d’occupation [israélienne] de la bande de Gaza, un véritable échange de prisonniers [otages contre prisonniers palestiniens] » et l’augmentation de l’aide humanitaire. Des demandes rejetées par l’Etat hébreu, qui veut détruire le Hamas, le chasser de l’enclave et prendre le contrôle sécuritaire de l’ensemble du territoire palestinien.
Source : lemonde.fr