Maroc

Marchica Lagoon Resort, Carnet d’un voyageur

by Darem Bouchentouf

J’ai fait le chemin vers Nador trois fois, et chaque fois fut une expérience différente, presque un voyage intérieur autant qu’un déplacement. La première, je me souviens du train de nuit depuis Rabat-Agdal, départ à 23h. Les couloirs calmes, les vitres qui reflètent la nuit noire du Rif, les arrêts furtifs dans des gares endormies. Je somnole, bercé par le rythme métallique, et quand le jour se lève, les montagnes se dévoilent. À 8h du matin, j’arrive à Nador, légèrement engourdi mais porté par l’excitation. Sur le quai, un chauffeur de l’hôtel m’attend avec une élégance discrète, et la belle voiture me conduit vers le resort. Ce moment-là reste gravé : la sensation d’avoir traversé le Maroc en dormant et d’atterrir au petit matin dans une nouvelle lumière.

La deuxième fois, j’ai choisi l’avion. Une heure seulement depuis Rabat, et l’on quitte le centre du pays pour survoler les plaines, les collines, puis les côtes méditerranéennes. Le temps à peine de feuilleter un carnet de notes que déjà l’avion amorce sa descente. Là encore, un chauffeur m’attend, accueillant, le transfert fluide, comme si l’expérience Marchica commençait dès l’aéroport. Cette rapidité m’a frappé : en si peu de temps, changer de décor, passer de la capitale animée à la sérénité de la lagune.

La troisième fois, j’ai voulu sentir le trajet autrement. J’ai pris la route au volant d’une Mazda MX5 cabriolet, le toit ouvert, le vent en plein visage. Les kilomètres défilaient comme une succession de paysages à ciel ouvert : routes sinueuses, villages vivants, odeurs d’oliviers et d’orangers. Chaque arrêt devenait une photo, chaque virage une invitation à ralentir. Ce voyage en voiture a transformé la route en une aventure, une manière de toucher le Maroc au plus près, de sentir son relief et sa respiration.

Trois façons d’arriver à Nador, trois récits différents, mais toujours une même finalité : ce moment suspendu où l’on atteint Marchica Lagoon Resort, et où le voyage se prolonge dans une autre dimension.

Arriver à Nador, c’est d’abord sentir l’air iodé qui caresse la côte et la lumière rasante qui se reflète sur la lagune. Le Marchica Lagoon Resort surgit comme une oasis moderne, posé entre mer et montagne, entre traditions et futur. Pour l’œil d’un photographe, chaque recoin est une invitation : une palette de bleus et de verts, des lignes architecturales qui dialoguent avec la nature, des silhouettes humaines qui se déplacent comme dans une composition picturale.

Ici, l’eau n’est pas qu’un décor, elle devient un terrain de jeu. Un matin, je me lance sur un waterbike, la lagune encore calme, comme un miroir qui s’ouvrait sous mes pas. Plus tard, je me laisse tenter par un hydroflyer, cet engin futuriste qui propulse hors de l’eau et donne l’impression de voler au-dessus des reflets. Le soir, je trouve refuge dans une cabane flottante, bercé par le clapotis et la lumière dorée qui transforme la lagune en toile impressionniste. Le luxe nautique ici ne s’exhibe pas, il se vit dans l’adrénaline douce et le raffinement discret des expériences.

 

En levant les yeux, le phare de Marchica m’a rappelé que l’aventure avait toujours besoin d’un point d’ancrage. Sa silhouette veille, entre histoire et design contemporain, et depuis sa terrasse, la vue embrasse la Méditerranée d’un côté et la ville de Nador de l’autre. C’est un cadrage parfait pour l’objectif, un équilibre entre mémoire et modernité. Mais le secret du phare ne se dévoile qu’à ceux qui osent grimper jusqu’au sommet. Là-haut, une table d’excellence attend deux ou quatre convives, dans une atmosphère confidentielle.

J’ai eu la chance d’y dîner, et ce fut un moment suspendu. Le soleil s’éteint doucement derrière les collines, la lagune se couvre d’un voile sombre et scintillant, les lumières de la ville s’allument comme des constellations. By night, le spectacle est intime : la mer luit comme un miroir d’encre, les étoiles s’invitent au banquet, et chaque plat servi devient une déclaration à la beauté du décor. Photographier ce moment relève presque de la trahison : il faudrait mieux le vivre, le respirer, le goûter dans le silence complice de la nuit.

Et puis il y a l’autre voyage, celui des saveurs, sans lequel aucune expérience à Marchica ne serait complète. Ici, la gastronomie est plurielle, comme la lagune elle-même : généreuse, raffinée et changeante selon l’heure du jour.

Un soir, je me suis assis au restaurant marocain L’Orientin, dirigé par la cheffe Naima. Avec elle, la tradition n’est pas un décor mais une mémoire vivante. Elle reprend les classiques de la gastronomie marocaine avec une fidélité impressionnante. J’ai goûté une tanjia parfumée, lente et puissante comme une histoire de Marrakech. Puis une souris d’agneau, tendre au point de se délier sous la fourchette. Elle m’a fait découvrir la tagra, une cassolette de fruits de mer préparée façon douara, héritage méditerranéen qu’elle sublime avec ses propres gestes. Et enfin, son dessert signature : la Jawhara, une pastilla au lait aérienne, fragile comme un souvenir d’enfance. Chaque plat m’a semblé un chapitre d’un livre qu’on n’a pas envie de finir.

Un autre soir, j’ai découvert le Yubar. C’est le cœur chic et contemporain de l’hôtel, un lieu où le temps semble ralentir. On s’y installe pour parler, pour refaire le monde autour d’un verre, porté par le rythme discret d’un groupe live.

Les conversations deviennent des confidences, la musique s’immisce doucement, et les lumières tamisées transforment le bar en cocon cosmopolite. L’appareil photo est resté dans ma poche : ce genre de moment ne se capture pas, il se vit.

Et puis il y a le Beach Club Chiringhitto, le plus libre, le plus solaire. On y arrive en début d’après-midi, on s’y attarde jusqu’au crépuscule, et souvent bien au-delà. Sur la plage, les grillades de poissons et de fruits de mer s’enchaînent, fraîches, simples et éclatantes de saveur. Les cocktails, colorés comme des couchers de soleil, accompagnent la musique qui monte à mesure que la nuit s’installe. Là, pieds nus dans le sable, entouré d’inconnus devenus compagnons d’un soir, j’ai compris ce que signifiait l’expression profiter jusqu’au bout de la nuit.

Ce lieu n’est pas qu’un hôtel, c’est le manifeste d’une nouvelle vision du tourisme marocain. Marchica Lagoon Resort transforme Nador en destination chic, attirant un public cosmopolite en quête d’authenticité et de confort. Les investissements massifs ont façonné bien plus qu’un complexe : ils ont dessiné une renaissance balnéaire, où l’énergie du sport, la beauté des paysages et la richesse culturelle se rejoignent.

Mais Marchica n’est pas qu’une vitrine. C’est un lieu où l’on peut encore croiser un pêcheur qui revient avec ses filets, un enfant qui court sur la plage, un groupe d’amis qui rit autour d’un thé à la menthe. C’est cette cohabitation entre authenticité et modernité qui me séduit. L’appareil photo capte autant la beauté des paysages que les instants simples de la vie quotidienne.

En repartant, je garde en mémoire une conviction : Marchica n’est pas une destination que l’on consomme, c’est une expérience que l’on vit. Pour qui sait regarder, écouter et goûter, la lagune devient un théâtre où chaque détail mérite d’être gravé. Mon conseil est simple : laissez-vous emporter. Montez sur un waterbike, grimpez au phare, discutez avec les habitants, goûtez à tout. Et surtout, ne posez jamais votre appareil photo trop loin : Marchica est une scène vivante, et chaque instant est une image qui attend d’être capturée.